Les vidéos d’anciens freestyles de Doechii resurgissent, et le titre « Anxiety » fait parler de lui. En posant sur l’instrumental de l’ultratube « Somebody That I Used to Know », elle remettait (sans le savoir à l’époque, évidemment) un coup de projecteur sur le succès éphémère et immense du Belge Gotye, accusé de plagiat.

On a vu Doechii traverser des foules de fans à Paris, monter les marches des Grammys pour récupérer son grââl bien mérité, ou chanter aux côtés de Lauryn Hill à Miami. Mais avant tout ça, peut-être comme un·e de vos amis, c’est dans sa chambre qu’elle se produisait. Depuis son succès fulgurant fin 2024, beaucoup ont retrouvé ses premières tracks, entre reprises et mash-ups. L’une d’entre elles, « Anxiety », n’est pas passée inaperçu auprès des amateurs des tops hits de 2010. La raison est simple : Doechii poait son texte sur l’instrumental du tube de Gotye et Kimbra, « Somebody That I Used to Know ».

Le clip avait suscité autant de fascination que de rejet, mais la sentence restait la même pour toutes et tous : une fois écoutée, difficile de se défaire de cette chanson ultra-efficace qui avait propulsé Gotye sur le devant de la scène. Mais en creusant, on se rend rapidement compte que ce titre repris par Doechii provient lui-même d’un riff bien plus ancien. (‘Volé’, vous dites ?)

En 1968, Luiz Bonfá sort « Seville » via Dot Records sur l’album Plays Great Songs. Impossible de ne pas tilter à l’écoute de cet arpège de guitare, d’autant plus qu’il est né sous les doigts de l’un des plus grands guitaristes de bossa nova, le Brésilien Luiz Bonfá. Après avoir composé un grand nombre de musiques de films (comme « Manhã de Carnaval« ) et joué aux côtés de Quincy Jones, George Benson, Stan Getz, Elvis Presley ou Frank Sinatra, il se retrouve dans le viseur des labels américains. Il signe ainsi chez Dot Records, filiale de Paramount Pictures, tenue par deux défricheurs de la musique issue des communautés et diasporas américaines : Randy Wood et Gene Nobles.

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Après l’impressionnant succès de « Somebody That I Used to Know », Gotye avait dû s’expliquer sur les similitudes de sa production avec celle de « Seville ». En 2013, 12 ans après la mort de Luiz Bonfá, le chanteur belge avait promis de reverser 45 % des bénéfices engendrés par sa chanson (d’environ 2,5 milliards de vues sur YouTube) aux héritiers du guitariste brésilien.

L’héritage de Luiz Bonfá est immense. Ses mélodies ont été samplées par de nombreux artistes hip-hop, du Brésil aux États-Unis. Marcelo D2, Planet Hemp et Smoke City ont tous puisé dans son répertoire, tandis que The Pharcyde a transformé « Saudade Vem Correndo » en l’hymne « Runnin’« . Plus récemment, JPEGMAFIA, via AWAL Records, a découpé les accords de « Seville » en mille et un samples pour former la prod’ de son titre « Dikembe ». Sur ce label, on retrouve de nombreux projets qui ont influencé la scène hip-hop actuelle, dont certains de Little Simz.

Il y a quelques semaines, Doechii partageait d’ailleurs son désir de composer avec la rappeuse UK surdouée. On ne la retrouve pas dans la liste des collaborations du dernier titre de Little Simz, « Flood » mais qui sait ? Doechii enfin sortie du studio de sa chambre d’ado, sera peut-être sur le projet Lotus. On lance les paris ?

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