Mac Demarco, Wolf Alice, Kaytranada… les sorties de la semaine

par | 22 08 2025 | news

Il fait chaud, c’est la saison des festivals, et il y a plein de belles choses à écouter. Cette semaine, on vous propose Mac Demarco et sa guitare, les beats bouncy de Kaytranada, l’électroclash déstructuré de The Dare, la house jazzy d’Interface Palm, le rock alternatif de Wolf Alice, le mastodonte Deftones, et Kid Cudi version pop rock.

Kaytranada – AIN’T NO DAMN WAY !

Le DJ et producteur Canadien l’avait annoncé, ce nouvel album est fait pour transpirer. Avec AIN’T NO DAMN WAY !, on s’éloigne des expérimentations planantes de TIMELESS, le précédent album de Kaytranada, pour revenir tête baissée sur le dancefloor. « Space Invader« , le single qui précédait l’album, piochait dans les années 80 pour nous en offrir une version modernisée — l’album en poursuit le groove.

Sur ce disque, a donc le droit à des lignes de basses particulièrement savoureuses, des batteries syncopées et minimaliste, et bien sûr une bonne dose de samples agrémentés de claviers aériens. Mention spéciale à « Championship« , qui transforme la musique new age des allemands de Tangerine Dream en pure house sauce R’n’B. On jalouse un peu nos amis américains qui pourront l’entendre en live, lors de la tournée commune du Canadien avec Justice, prévue pour cet automne.

Par Bastien Laurent

Wolf Alice – The Clearing 

Quatre ans après Blue Weekend, Wolf Alice revient avec un quatrième opus qui confirme sa place de groupe majeur du rock alternatif britannique.

Après trois albums publiés chez Dirty Hit, le groupe signe désormais chez Columbia Records et on est bien obligés d’avouer que c’est une réussite. La spontanéité qui a toujours fait la force de Wolf Alice reste intacte, malgré de nouvelles explorations musicales. Un bon exemple : le premier single de l’album, « Bloom Baby Bloom », dans lequel Ellie Rowsell délaisse sa guitare pour se concentrer sur sa voix comme instrument brut. 

The Clearing s’impose aussi comme un album féministe, dans la lignée de l’élan punk porté récemment par Panic Shack (mais dans un style musical qui reste bien différent). Le quatuor y célèbre la sororité : le morceau phare « Play It Out » s’attaque aux injonctions à la maternité et à conserver son éternelle jeunesse, tandis que « Just Two Girls » rend hommage aux liens qui unissent les femmes.

Pour entendre l’album en live, rendez-vous le 25 novembre au Zénith de Paris La Villette

Par Gil Martel

The Dare – Freakquencies : Volume 1

« On dirait un peu Julian Casablancas sous K » entendait-on lors du concert du producteur new-yorkais au Badaboom, en novembre dernier. La comparaison est juste. Costard-cravate noir, dégaine de rockstar ébouriffée, et électroclash qui sent bon les années 2000 : voilà la recette The Dare. Pour les plus brat d’entre vous, vous avez entendu la patte du cool kid âgé de 28 ans sur « Guess« , le featuring entre Charlie XCX et Billie Eilish sorti l’an dernier.

C’est en solo qu’il revient cette année, avec Freakquencies : Volume 1, premier d’une série d’EP visant explicitement le dancefloor. Quatre titres au compteur qui ne sont pas sans rappeler ce qu’a pu faire Sexy Sushi : des kicks minimalistes et secs, des synthés crissants et grésillants — on se plaît à danser de façon nonchalante sur cette touch rétro style début du millénaire. C’est le cycle de la mode : ce qui était ringard redevient hype 20 ans après.

Par Bastien Laurent

Interface Palm – Digital Evening

Il y a certains morceaux qui résonnent parfaitement avec nos neurones. C’est comme si leurs fréquences s’ajustaient à notre corps pour nous faire ressentir un cocktail de plaisir et de sensations. Les deux titres qui composent la dernière sortie d’Interface Palm sont de ceux-là. Le DJ et producteur issu de Melbourne s’est en effet associé avec le label bordelais Broken District pour sortir « Digital Evening » et « Digital Delay ».

Les deux morceaux se situent entre le jazz, l’afro-house et le broken beat, le tout baignant dans une atmosphère luxuriante et chaleureuse. On y entend des rythmes percussifs et des pianos à la limite de l’ambient, rappelant les bande-sons des jeux vidéos des années 90. Le tout est finement mixé, pour un rendu franchement jouissif et surtout très groovy. Seul bémol : deux titres c’est court, on aurait aimé en entendre plus !

Par Bastien Laurent

Deftones – private music

Avec Private Music, leur dixième album studio, Deftones confirment leur statut de pionniers du rock alternatif. Enregistré entre Malibu, Joshua Tree et Nashville, le disque mêle brutalité et atmosphères éthérées, fidèle à la signature du groupe.

Le premier single, « My Mind is a Mountain », incarne cette tension entre riffs lourds et mélodies vaporeuses, et reflète la volonté d’introspection qui flotte sur les onze titres de l’album. La présence de Fred Sablan à la basse marque une nouvelle étape, sans altérer l’alchimie sonore du quintet. Parmi les plus aboutis du groupe, l’album vaut le détour.

Par Gil Martel

Kid Cudi – Free

Lorsque l’on pense à Kid Cudi, difficile de ne pas l’associer à « Pursuit of Hapiness« , et son remix par Steve Aoki, qui illustrait la soirée endiablée du film Project X. Depuis, le rappeur issu de Cleveland a pourtant parcouru beaucoup de chemin. D’autres albums bien sûr, mais aussi des incursions dans le monde de la mode aussi bien en tant que designer que mannequin, et quelques apparitions sur grand écran. Mais ce qui fait la force de Kid Cudi, c’est sa capacité à la mélancolie. Free en est la nouvelle itération, dans son versant le plus optimiste.

Si le morceau d’ouverture – « Echoes of the Past », une mystérieuse nappe de synthé sans paroles — possède une certaine couleur mélancolique, le reste du disque invite à la joie. Kid Cudi est libreFree – de ses démons, et entend faire résonner cette joie chez ses auditeurs.

Niveau production, l’album n’est pas vraiment rap, mais se rapproche davantage du rock alternatif. On y entend beaucoup de guitares, acoustiques comme électriques, et finalement assez peu de boîtes à rythmes. Pour autant, certains titres sonnent comme du pop rock peu inspiré, saveur 10 ans en arrière ; on pense notamment à « Grave ». Un disque inégal donc, mais avec suffisamment de bonnes idées pour nous laisser avec le sourire.

Par Bastien Laurent

Mac DeMarco – Guitar

Voix douce, guitare folk, textures lo-fi et compositions psyché : pas de doute, on est bien chez Mac DeMarco. Entièrement conçu en solitaire — de l’écriture à la pochette, en passant par la réalisation des clips — ce nouvel opus s’impose comme l’expression la plus intime de l’artiste. Comme il le dit lui-même, c’est « ce qui se rapproche le plus » de ce qu’il est aujourd’hui, ou du moins de ce qu’il a réussi à « mettre sur papier ». Seule étape déléguée : le mastering, confié à David Ives.

Dès les premières notes de « Shining », l’auditeur est happé par une nostalgie douce-amère, qui trouve son apogée avec « Home » quelques minutes plus tard. Puis les morceaux s’enchaînent sans rupture, se mêlent et s’évanouissent les uns dans les autres. On se croirait dans un chalet de bois, tasse fumante à la main, face à un ami mélancolique qui gratte sa guitare pour un concert improvisé. Rien de révolutionnaire, c’est le Mac DeMarco que l’on connait déjà, mais c’est réconfortant. À écouter quand on voudrait prolonger l’été.

Par Gil Martel