Affaire Cantat : l’enquête sur le suicide de Krisztina Rady réouverte

par | 25 07 2025 | news

Quinze ans après le suicide de Kristina Rady, la justice rouvre une enquête sur Bertrand Cantat, soupçonné de violences sur son ex-épouse. Le chanteur de Noir Désir avait déjà été condamné à huit ans de réclusion criminelle en 2004 pour le meurtre de l’actrice française Marie Trintignant. 

Jeudi 24 juillet, le parquet de Bordeaux a annoncé avoir rouvert une enquête pour « violences volontaires par conjoint ou concubin » à l’encontre le chanteur Bertrand Cantat. L’ex-mari de Kristina Rady est soupçonné d’avoir commis des violences sur son ex-épouse, Krisztina Rady, qui s’est suicidée en 2010.

À l’origine de l’ouverture de cette nouvelle procédure, la série documentaire De Rockstar à tueur : le cas Cantat, sortie sur Netflix en mars dernier. Renaud Gaudeul, procureur de la République de Bordeaux, a indiqué à France Info que « beaucoup de choses dites dans la série vont dans le sens de l’existence de violences volontaires qui auraient été portées à l’encontre de Krisztina Rady »

De nouveaux éléments médicaux

Parmi ces éléments, le témoignage d’un infirmier intérimaire anonyme qui dit dans un épisode de la série netflix avoir travaillé dans un hôpital de la région bordelaise. Il affirme que Krisztina Rady, qui vivait à ce moment-là avec Bertrand Cantat, était venue aux urgences après avoir subi des violences. Elle souffrait d’un décollement du cuir chevelu et de plusieurs hématomes. Le témoin raconte avoir lu dans son dossier médical que Krisztina Rady avait refusé de porter plainte pour protéger ses deux enfants. D’après France Info, le procureur de la République de Bordeaux a indiqué que ces éléments médicaux étaient absents des dossiers des enquêtes ouvertes en 2010, 2013 et 2014, toutes classées sans suite.

D’après la série De Rockstar à tueur : le cas Cantat, Krisztina Rady, interprète de formation et femme de lettres hongroise, a rencontré Bertrand Cantat au festival Sziget, à Budapest, en 1993. Le couple s’est marié et a eu deux enfants, avant de se séparer temporairement lorsque le chanteur commence à fréquenter l’actrice Marie Trintignant, en 2002.

Bertrand Cantat est condamné en 2004 à huit ans de réclusion criminelle pour le meurtre de cette dernière dans une chambre d’hôtel à Vilnius, en Lituanie. Pendant le procès précédant sa condamnation, Krisztina Rady témoigne en faveur de Bertrand Cantat, affirmant même lors d’une conférence de presse n’avoir « jamais subi de violences » de la part de son mari. 

En 2007, Bertrand Cantat est libéré pour bonne conduite après seulement quatre ans de détention. À sa sortie de prison, il est hébergé chez son ex-épouse, avec qui il finit par reprendre une vie commune. Trois ans plus tard, Krisztina Rady met fin à ses jours en laissant derrière elle un mot destiné à sa famille.

Vers une reconnaissance du « suicide forcé »?

Malgré le soutien sans faille de Krizstina Rady à son mari, sa famille, ainsi que son ancien compagnon François Saubadu accusaient déjà Bertrand Cantat d’avoir été violent avec elle dans un article de Paris-Match paru en novembre 2012. Dans l’enregistrement d’un message téléphonique de 2009 destiné à ses parents, la victime décrit Bertrand Cantat comme un homme violent, qualifie le chanteur de « fou » et affirme qu’elle « songe à s’enfuir ».

Cet enregistrement, diffusé dans la série Netflix, a déjà servi d’élément de base aux procédures lancées en 2014 et 2018 suite au dépôt de plainte de Yael Mellul, avocate spécialisée dans les violences faites aux femmes et présidente de l’association Femme et libre. Elle souhaitait faire reconnaitre la notion de « suicide forcé ». Une loi de 2020 permet désormais de punir pénalement le « harcèlement sur conjoint ayant provoqué un suicide ou une tentative de suicide ».

Yael Mellul et Anne-Sophie Jahn, réalisatrice de la série documentaire, ont toutes les deux assuré avoir des pièces supplémentaires à transmettre au parquet de Bordeaux. À l’issue des investigations, le procureur de Bordeaux pourra faire « le choix, ou pas » d’entendre Bertrand Cantat, explique-t-il à France Info.

Si vous êtes inquiet pour un proche ou si vous avez des idées suicidaires, vous pouvez appeler le 3114. Gratuit, ce service propose une écoute professionnelle et confidentielle, 24h/24 et 7j/7, par des infirmiers et psychologues spécifiquement formés.