Lancé en 2022, le dispositif européen Better Live ambitionne de réduire l’empreinte environnementale de la musique live tout en soutenant les petites salles de concert. Il dévoile aujourd’hui « Small is Better », un manifeste rassemblant les enseignements et résultats de plusieurs mois d’expérimentations menées à l’échelle du continent.

Financé par l’Union européenne dans le cadre du programme Europe Créative et initié par la salle Le Périscope, à Lyon, Better Live fédère onze partenaires issus de onze pays. Ensemble, ils poursuivent un objectif commun : faciliter la circulation des artistes tout en diminuant l’empreinte carbone du secteur musical.

Depuis trois ans, le dispositif teste la mise en place de tournées raisonnées, cohérentes et responsables dans neuf territoires européens, pilotées par Le Périscope et huit autres structures. À l’issue de cette phase d’expérimentation, le collectif publie aujourd’hui le manifeste « Small is Better », qui synthétise les principaux enseignements et esquisse des pistes pour repenser en profondeur le modèle du live.

Les petites salles, avenir du live

Pour concilier circulation des artistes et réduction des émissions de CO2 — un équilibre en apparence paradoxal — Better Live s’appuie sur les réseaux de petites salles. L’objectif : optimiser les tournées, notamment pour les artistes européens et internationaux, en multipliant les dates sur un même territoire.

Pour Mathilde Sallez, coordinatrice des projets européens au Périscope, les petites jauges sont au cœur de cette transformation : « Les salles de petite et moyenne jauge sont la pierre angulaire d’une transition systémique de la musique live, nécessaire à la fois pour réduire son impact écologique et pour renforcer le lien social. »

Si la préoccupation environnementale a été le point de départ, trois années d’expérimentations ont fait émerger des enjeux économiques et sociaux tout aussi cruciaux. « Aller à un concert est un acte politique, tout comme décider d’arrêter la viande ou de ne plus prendre l’avion », souligne Mathilde Sallez. « Choisir une petite salle, c’est soutenir une économie locale plutôt que de financer de grands groupes. »

Le diagnostic est clair : le déplacement des publics représente la principale source d’émissions dans l’industrie musicale. Encourager les spectateurs à fréquenter des salles de proximité permet donc de réduire significativement l’impact carbone. Pour Better Live, se rendre dans une petite salle près de chez soi plutôt que traverser le pays constitue un geste à la fois simple et structurant pour l’avenir du secteur.

Renforcer le lien entre artistes et publics

Au-delà de l’enjeu écologique, les petites salles représentent un véritable atout pour les artistes. « Diminuer les jauges permet de retrouver une proximité entre les artistes et le public. Cela favorise la rencontre, un rapport moins industriel, plus humain », explique Raphaël Dumont, programmateur du Périscope.

Multiplier les rendez-vous permet aussi d’enrichir la diversité artistique : « Cela évite la concentration des projets que l’on observe dans les grands événements ou les salles majeures, où l’offre est très monopolistique. »

Sanam au Périscope © Paul Bourdrel
Sanam au Périscope © Paul BourdrelSanam au Périscope © Paul Bourdrel

Jusqu’ici soutenu par l’Union européenne via Europe Créative, le projet Better Live souhaiterait poursuivre sa dynamique au-delà de 2026, date de fin de son cycle d’expérimentation. Les partenaires entendent désormais prolonger et amplifier ce mouvement, afin de bâtir un modèle du live plus durable, plus juste et plus proche des territoires.