Baisse des subventions culture : ça change quoi concrètement ?
Fin novembre, la présidente du conseil régional des Pays de la Loire, Christelle Morançais, annonçait vouloir diminuer le budget culturel 2025 de plus de 70%. Objectif : faire plus de 100 millions d’euros d’économies. Décision soudaine et brutale qui a provoqué colère et inquiétude pour une bonne partie du monde de la culture. Cette crise est plus qu’un symbole, et aura également des conséquences pour le public.
L’annonce a révolté les acteurs du monde de la culture : la baisse drastique du budget culturel dans les Pays de la Loire Une crise provoquée par la décision de la Région de mener un plan d’économies de 100 millions d’euros pour 2025, dont 40 millions à la demande de l’État.
Alors que le secteur culturel a commencé à se dégrader avec la pandémie en 2020, les coupes budgétaires souhaitées par l’élue Horizons Christelle Morançais ne passent pas. Les réductions des subventions régionales vont augmenter les défis déjà rencontrés par le secteur en ce qui concerne la gestion des projets culturels, le maintien de la diversité des offres ou encore les emplois.
Depuis cette annonce, plusieurs rassemblements ont été organisés pour protester contre cette décision, avec plus de 500 personnes rassemblées au Mans le 5 décembre, ou encore plus de 3000 personnes présentes à Nantes le 25 novembre.
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Quelles conséquences pour le public ?
Comme listées par nos confrères de Ouest France, les conséquences sont nombreuses. « C’est un gros festival qui réduira de façon drastique le nombre de ses spectacles sur les quais de Loire. C’est un directeur de salle qui voit disparaître les missions d’éducation culturelle auxquelles il tient tant. C’est une équipe de festival avec un public jeune qui va se résoudre, à regret, à augmenter le prix de ses billets », énumère le quotidien.
Et la liste n’est pas terminée : augmentation du prix des places de cinéma, possible fermeture d’associations tenant grâce aux subventions, inévitable réduction de la durée des festivals… De nombreux évènements risquent de diminuer leur rayonnement voire de disparaître, problème tant pour les locaux que pour l’attractivité de l’offre touristique des Pays de la Loire.
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La culture devenue inaccessible…
Aussi, cette augmentation des prix des billets (cinéma, spectacles et festivals) irait totalement à contrepied de l’idée d’accessibilité de la culture à échelle locale. Car si les aides financières ne viennent plus soutenir les festivals, les résidences artistiques ou encore les projets d’éducation à l’art, c’est toute une dynamique créative et sociale qui sera freinée. Les sorties scolaires pourraient également être diminuées ou supprimées, impactant l’éducation culturelle de milliers d’enfants.
Et ce sans mentionner l’impact à prévoir sur l’emploi dans le secteur culturel, déjà tristement connu comme l’un des plus précaires. Les professionnels de la culture, intermittents du spectacle et artistes évolueraient dans un environnement fragile, de plus en plus incertain. Par exemple au Centre d’histoire du travail de Nantes, haut lieu de la mémoire ouvrière, les trois emplois sont menacés, et la viabilité du lieu compromise. Une situation « très grave » selon la présidente Séverine Misset à nos confrères de Ouest France.
…et uniforme
Si les subventions sont effectivement réduites ou supprimées dans le budget 2025, cela diminuera inévitablement l’offre culturelle, qui sera également uniformisée. Les financements restants seront probablement maintenus vers les plus grandes institutions, laissant de côté les initiatives moins connues, plus marginales. Car la sécurité financière devra être assurée en programmant uniquement des artistes qui assurent de remplir les salles.
Mais pour le moment, selon le président démissionnaire du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles Nicolas Dubourg à nos confrères de France Info, tout n’est pas encore perdu. « Il faut savoir que le débat au conseil régional n’a pas encore eu lieu. Ils commencent par faire des annonces et après ils disent qu’ils vont en débattre en conseil régional » explique-t-il. « D’abord, les acteurs vont se battre pour essayer de faire comprendre la situation. Ils n’en sont pas à mettre en œuvre les mesures d’économies que leur impose la région. On en est au moment de la mobilisation. Il va falloir que vraiment les pouvoirs publics prennent conscience des dégâts. »
Une crise budgétaire certes locale, mais qui illustre concrètement une problématique nationale prégnante dans le monde de la culture en France.
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