Fat Dog, Pont Neuf, Fred again… Les projets de la semaine
Vous en avez rêvez autant que le week-end, ce sont des projets des semaines ! Très (très) large sélection d’albums et EPs avec Adèle Castillon, Fred again.., Fat Dog, Toro y Moi, Pont Neuf Records, Molchat Doma et JeanJass ! Suivez les guides !
Adèle Castillon – Crèvecoeur (EP.I)
Longtemps qu’on n’avait pas vu un EP aussi raccord avec sa pochette (excellente ref de meme par ailleurs). Si vous connaissez Adèle Castillon depuis l’époque du titre ‘LES PÂTES’ et plus généralement de ses vidéos humoristiques, vous avez surement l’impression d’avoir grandi à ses côtés. Hormis ‘Alabama’ et ‘Impala’, l’album Plaisir Risque Dépendance évoquait de façon particulièrement crue la pente glissante dans laquelle elle était tombait avec les paradis artificiels, durant son adolescence.
Dans Crèvecoeur, elle raconte ce passage charnière vers l’âge adulte. D’une plume toujours sans fioritures, d’une sincérité bouleversante, la chanteuse évoque sa solitude, sa perte de repères et son parcours pour s’extirper des addictions. On avait eu un aperçu plus que prometteur de l’EP avec le très bon ‘Ce Soir‘ en feat avec le rappeur Gazo. La pop acidulée chère à ses débuts a laissé place à des instrus plus rap et électroniques. Une réussite.
Fat Dog – WOOF.
Un exutoire chaotique. Voilà comment on décrirait le premier album WOOF. du groupe rock anglais Fat Dog, qui fait sensation. Mélanger un punk à des nappes techno incisives n’a plus grand chose de nouveau, à ceci près que WOOF. ne se prend pas au sérieux. Tout se bouscule chez Fat Dog, vrille – entres-autres ‘Vigilante‘, intro aux airs bibliques ou ‘Wither‘ – sans pour autant tomber dans le clownesque, signe d’une sacrée maitrise. ‘I am The King‘. Qu’on se le dise, cet album a déjà tout le potentiel d’être hurlé en stade. Fat Dog sera au Trabendo le 4 avril 2025, qu’attendez-vous ?
Fred again.. – Ten days (6 septembre)
Esthétique épurée, pochette d’album d’un bleu vertigineux et titres laconiques. Ten days, nouveau projet de Fred again.. est en apparence parfaitement fidèle à sa fibre. C’est d’une simplicité déconcertante, ça respire, ça fonctionne. Sans doute ce qui fait son charme. On ne soupçonnerait pas cette énergie atomisante, mais il suffit de re-visionner sa Boiler Room ou de se rappeler ses lives pour se re-prendre une mandale.
Ses tracks de pop lo-fi sont la parfaite bande-son d’un voyage nocturne en solitaire, comme « adore u« . On se souvient qu’il utilisait fréquemment des sons de la vie quotidienne et samples IRL dans ses productions. On retrouve une recette efficace, des titres déjà tubes (« glow » avec Four Tet, « places to be » avec Anderson .Paak), des claviers intenses (« just stand there ») et comme souvent, l’aide de ses acolytes Duskus et Joy Anonymous. Et pas mal d’interludes, pour nous prendre par la main et conter quelques histoires.
Toro y Moi – Hole Erth
Huitième album pour Chaz Bear qui, du haut de ses 37 ans, n’a toujours pas envie de grandir. Et ne vous fiez pas à la pochette : le contenu est plus classe que l’enveloppe. Ce sont 13 titres parsemés d’extraits trap, de pop-rock adolescent et déprimé (deux adjectifs qui s’unissent aisément), de breaks ou d’influences Y2k, tendance album posté sur Soundcloud. Ça sent déjà la nostalgie pour les fans de la première heure. Rien de vraiment fou dans cette galette, mais c’est définitivement intrigant. Comme souvent avec Toro Y Moi.
Hexagonal Club vol.5 – V/A – Pont Neuf Records
Nouvelle compil en forme de carte de visite pour les Français de Pont Neuf Records : le label a huit ans, ça se fête avec Hexagonal Club Vol. 5 où figurent assez logiquement tous les cracks et toutes les pépites maison : entre house pied au plancher (Berzingue, Ams) funky (KX9000), deep à souhait (Cosmonection, Tour-Maubourg), sous influences UK (Dylan Dylan) ou bien US (Mira Ló). Un plan qui se déroule sans accroc.
Molchat Doma – Belaya Polosa
Le soleil de Los Angeles aurait-il contaminé la musique de Molchat Doma ? Installé depuis peu en Californie, le groupe biélorusse offre une nouvelle facette à travers Belaya Polosa, un dix-titres infusé longuement au synthwave. On s’éloigne de l’univers brutaliste, un brin austère de certains de leurs anciens tracks. D’accord, les premières secondes de ‘Ty She Ne Znaesh Kto Ya‘ sonnent comme l’arrivée d’un antagoniste dans un film SF, mais attendez la suite : elle est bien dansante.
Les prods sont de loin la grande force de cet album. Elles prennent d’ailleurs une grande place dans les titres, puisqu’il faut attendre un certain avant d’entendre la voix d’Egor Shkutko. On flirte avec la techno hypnotique, on se surprend à entendre des boucles d’acid tandis que la synthwave reste dosée à bon escient. Côté paroles, on est un peu moins surpris, l’introspection et la nostalgie règnent. Projet hautement intéressant.
JeanJass – Tous ces ongles rongés
La figure du rap bruxellois JeanJass retrouve une productivité bienvenue. En avril sortait l’EP SCORE et voilà que Tous ces ongles rongés débarque sans prévenir. Un album -produit quasiment intégralement par ses soins- aux excellentes prods (mention spéciale pour ‘Un frère‘, fou) qui nous permet de découvrir un autre JeanJass, le père, notamment avec le morceau ‘Tous ces ongles rongés’ et le vocal (trop mimi) de sa compagne et de son enfant.
Dans ce neuf-titres, JeanJass plonge dans les pensées du rappeur. Il raconte ses souvenirs d’étés au Maroc, son amour pour Charleroi -sa ville de coeur- dans ‘TEMA‘, mais confirme également sa technicité. Si on devait relever un point négatif, on a trouvé les morceaux un peu courts. Peut-être un signe qu’on en redemande.