đ„ Fight Club : Sofiane Pamart & NTO, pour ou contre ?
Un album, deux avis. Aujourdâhui sur le ring, le nouvel album de Sofiane Pamart & NTO, Fight !
Ă deux, on fait mieux. Une expression populaire qui prend ici tout son sens. On ne va pas se le cacher : on n’a jamais Ă©tĂ© au premier rang des adorateurs du Marseillais Anthony Favier, alias NTO, qui rĂ©unit pourtant avec sa techno mĂ©lodique des foules de plus en plus grandes, un peu indiffĂ©rents face Ă une production manquant Ă notre goĂ»t d’aspĂ©ritĂ©s. Quant Ă Sofiane Pamart, on n’a jamais compris l’engouement pour ses envolĂ©es pianistiques parfaitement aseptisĂ©es, que l’on imagine trĂšs bien en bande-son dans un lounge pour adeptes de Spritz/planches.
Donc a priori, nous Ă©tions prĂȘts illico Ă regarder ailleurs quand on nous a annoncĂ© une alliance entre ces deux artistes que l’on n’a jamais croisĂ©s dans nos pages. Mais la curiositĂ© Ă©tant la base de notre mĂ©tier de journaliste, nous sommes dĂ©cidĂ©s a aller jeter une oreille sur leur album commun, au titre en forme de proclamation de bromance : Forever Friends.
Et Ă notre grande surprise, on s’est laissĂ©s embarquer par cette collaboration dont l’Ă©lĂ©gance rĂ©elle, mixĂ©e Ă une certaine (on dit bien « certaine ») forme d’urgence et de tension dans les compositions (le vibrant « Homies By Night« ), nous a sĂ©duits. Une crĂ©ation sonore assez fascinante mĂȘme, si on laisse de cĂŽtĂ© les a priori, que le tandem considĂšre comme « un hommage au lien Ă©ternel que la musique peut tisser entre les Ăąmes (…) Dans le chaos de la vie, ce que nous construisons ensemble entre ĂȘtres humains donne du sens, de l’espoir et de la luminositĂ© Ă nos histoires ». L’argument fait mouche en cette pĂ©riode particuliĂšre.
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« Ăcrire sur la musique, c’est comme danser sur l’architecture ». Cette citation cĂ©lĂšbre, longtemps attribuĂ©e Ă Frank Zappa, tĂ©moigne de la perplexitĂ© qui peut nous saisir quand il s’agit de dĂ©crire ce qui nous passe par les oreilles. Mais pour un artiste, c’est pire, en particulier dans les musiques instrumentales: expliquer en quelques mots le rĂ©sultat de ses efforts peut vite virer au calvaire. Alors ça peut broder, partir trĂšs loin dans le concept, et finalement ne ressembler Ă rien. Il en est ainsi des mots employĂ©s par NTO et Sofiane Pamart pour dĂ©crire leur poussif effort commun.
« Dans le chaos de la vie, ce que nous construisons ensemble entre ĂȘtres humains donne du sens, de l’espoir et de la luminositĂ© Ă nos histoires. » Donc ce que le Richard Clayderman du XXIe siĂšcle, Sofiane Pamart, et l’ambianceur de rooftops estivaux NTO (ils sont nombreux sur le segment) ont produit ensemble, une sorte de deep-soupe relevĂ©e et accompagnĂ©e de notes de pianos, donne du sens Ă ce qu’ils veulent raconter. ĂlĂ©mentaire mon cher Watson! Bon, enfoncer les portes ouvertes, c’est fait.
Reste Ă succomber Ă la mise en musique de ces dĂ©clarations d’intentions oĂč tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Et ça coince (encore). Ă l’exception de « Homies By Night », de l’intro de « Cigarette Sunrise » et des dĂ©pouillĂ©s « Hooligan’s Heart » et « Not Alone Anymore », Forever Friends est une Ćuvre sans saveur ni odeur, une enfilade de poncifs Ă©lectro-house, de montĂ©es prĂ©visibles et de gimmicks convenus. Bref, c’est ratĂ©.
BenoĂźt Carretier