Les sons de ta journée #2 : Floorfillers 📻 🎧
Un track pour se rĂ©veiller, un autre pour le cafĂ©, pour courir ou boire une bière entre copains au canal Saint-Martin. Pour ce second volet des ‘sons de ta journĂ©e’ on a demandĂ© aux Floorfillers, deux DJ et producteurs vannetais, de dresser leurs 24 heures sonores idĂ©ales. Rencontre chez le disquaire Yoyaku Records, un doux samedi de septembre.
On les avait vus jouer cet été au Décathlon Playground pendant les JO de Paris 2024, partageant les platines avec Emma B. Derrière Floorfillers, nom de scène dont la musique remplit la piste, se cachent Matteo Rio et Thomas Rigal. Deux amis d’enfance mordus de musique électronique. « Au départ, on a écouté beaucoup d’EDM dans le fond du bus quand on était en quatrième. C’était facile et plus accessible à ce moment-là de nos vies » explique Mattéo. Leurs premiers émois sonores vont de Avicii à Martin Garrix, en passant par Daft Punk.
Puis les deux compères creusent le côté underground. « Nos influences ont pris un tournant quand on a commencé à faire des soirées en club », poursuit Mattéo. « On a regardé pas mal de documentaires Arte sur la techno de Detroit et tous les reportages de Resident Advisor« ajoute Thomas, en précisant que la maturité venant avec les années a joué un rôle majeur dans cette ouverture musicale. En quête d’émotion, de toucher, mais aussi de pépites sonores dénichées dans les bacs, ils ont jeté leur dévolu sur les vinyles pour façonner leur patte artistique.

Matteo Rio © Juliette Miglierina
“On a essayé de mixer sur clé, mais on s’est rendu compte qu’on était bien meilleurs avec des vinyles » confie Mattéo. “On aime aussi et surtout prendre le temps d’aller digger. Passer des heures chez le disquaire sans regarder nos montres » enchaîne Thomas, appuyant sur le but ultime : mettre la main sur LE track qui déchaînera les danseur.se.s sur le dancefloor. Niveau identité sonore, les Floorfillers refusent l’idée de se ranger dans un genre musical en particulier.
MĂŞme si on retrouve chez eux un bon panel de techno, beaucoup de house, de deep house, acid et des touches disco. « Si on tombe sur un Steve Poindexter ou un vinyle produit sur le label Crydamoure, c’est un gage de confiance”, prĂ©cise MattĂ©o.Â

Thomas Rigal © Juliette Miglierina
Après deux heures de recherches dans une concentration maximale entre les bacs de chez Yoyaku et quelques chuchotements, voici la journée musicale de Matteo et Thomas.

© Juliette Miglierina
LES SONS DE TA JOURNÉE
Se rĂ©veiller avec Soichi Terada – « Runners »
Matteo : « On est encore dans le lit quand le son dĂ©marre. Je ne sais pas qui met le son sur la platine mais on se rĂ©veille en douceur, avec un BPM pas trop rapide parce qu’on n’est pas tellement du matin. »
Thomas : « Les volets s’ouvrent, la lumière pointe le bout de son nez sans que ce soit trop brutal. Ces petites notes de synthé avec un rythme fluide et tranquille, c’est juste l’ambiance parfaite pour le matin. »
Prendre un cafĂ© avec Moodymann – « I Can’t Kick This Feelin When It Hits (1996) »
Matteo : « Quand je l’écoute, je me vois vraiment boire mon café, assis, en attendant que la journée s’enclenche. J’ai les idées qui se mettent au clair au fil des gorgées et je me laisse porter par la voix incroyable de la chanteuse qui dit « What am i gonna do ? ». Ça donne le ton : je me demande réellement ce que je vais faire aujourd’hui ! »
Boire un jus d’orange avec DJ HONESTY – « Pleasure Breaks (Brawther Spankin’ Remix) »
Thomas : « Pour moi ce track, c’est exactement l’énergie que tu vas trouver dans le jus d’orange. Les nappes sont rapides, hyper breakées, dynamiques… Un concentré de vitamines pour te donner l’impulsion de la journée ! »
La pause dej’ avec Frantz – « Hyde And Go Sleaze »
Thomas : « Imaginons, on a télétravaillé toute la matinée. On se retrouve pour se faire à manger et se poser pour discuter autour d’un bon repas entre potes. »
Matteo : « L’atmosphère du morceau est joyeuse et entraînante, on est content de se retrouver tous les deux pour passer à table. On sait que le moment va être encore plus agréable avec ce titre. Surtout quand, en plein milieu, il y a un passage disco qui fait plaisir. »
Un extrait du track Ă Ă©couter par ici
Aller courir avec Farley Jackmaster Funk – « The Acid Life (Swag’s WGCI Master Mix) »
Thomas : « C’est full acid ! Le genre de sonoritĂ©s qui influencent Ă mort notre musique. Pour aller courir, c’est idĂ©al. LĂ tu vois, on arrive Ă Pantin après avoir fait cinq kilomètres avec des kicks un peu plus violents. Nickel pour la motivation ! »
Boire une bière sur les quais entre copains avec Old School Rider – « Dirty Rock »
Matteo : « J’étais en train de bosser quand j’ai dĂ©couvert ce track, sur le compte Instagram de Yoyaku. DĂ©jĂ , dès qu’un Old School Rider sort, je me jette dessus. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait quand j’ai fini ma journĂ©e de travail, en me rendant directement chez eux pour l’acheter.
Thomas : « L’essence même du morceau est propice à la fête. On est sur les quais du Canal Saint-Martin avec nos potes, lunettes de soleil face aux derniers rayons, petite bière à la main. La décompression quoi ! Ça pourrait même se prêter à un départ en vacances entre amis, en mode caravane sur les routes. »
Un extrait du track Ă Ă©couter sur le site de Yoyaku.
Dans le mĂ©tro avant un set en club avec Steve Poindexter – « H-20 »
Matteo : « On est dans la ligne 4 pour aller en club, avec nos deux sacs de vinyles respectifs. Genre on se partage les écouteurs, comme on faisait avant quand on était en 4e dans le bus pour aller au collège (rires). »
Thomas : « C’est brut, pas du tout lisse, l’acid laisse un aspect limite énigmatique. La montée du début se prête trop bien à l’arrivée en trombe du métro. Le côté un peu souterrain, les bruits bizarres qu’on entend dans la rame… Même les couleurs grises du métro, ça me fait penser au son du métal ou du fer ! »
Le peak time parfait pour un set : Giuseppe Scarano – ‘Acid Banger [DISCO 008]’
Matteo : « Le genre de morceau trop stylĂ© et indispensable. Par contre, on ne sait jamais Ă l’avance Ă quel moment on va le lancer. Le plus souvent, on cale ces airs d’acid hyper toniques en plein milieu, car ça correspond Ă la dynamique qu’on veut faire monter Ă cet instant-lĂ . On sait que le set va prendre un tournant avec ça ! ” Â
ClĂ´ture de set : Floorfillers – « True Price »
Thomas : « Celle-là , on l’a joué en fin de set au Badaboum pour la release party de notre EP à quatre heures du matin. Les gens ont tellement aimé qu’ils ont sifflé tout le long ! Ça nous a fait chaud au cœur cette énergie de dingue. Ce sentiment de fierté, sans prétention, de voir des gens s’ambiancer sur notre propre musique, c’était incroyable ! »
Retour de set : Schatrax – « Mispent Years »
Matteo : « Cette galette, je la cherche depuis cinq ans ! C’est clairement le moment oĂą on a rangĂ© toutes nos affaires, les lumières se sont rallumĂ©es et on s’engage sur le chemin du retour Ă sept, huit heures… voire neuf ou dix heures. »
Thomas : « C’est le genre de son qui fait baisser le stress et la pression de la prestation qu’on vient de donner. Une émotion se dégage au niveau du synthé-basse, qui joue une nappe assez apaisante. »
District 10, le nouvel EP des Floorfillers sorti le 6 septembre 2024, composĂ© de quatre titres finement construit, est Ă saigner (de toute urgence) sur Soundcloud. Et pour les diggers de la première heure, qui prĂ©fèrent le chopper en vinyle, c’est en vente chez Yoyaku et disponible en commande sur Bandcamp.Â
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