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19 mai 2025

« Free Party: a Folk History », docu sur la teuf avant internet

par Siam Catrain

Téléphone à clapet, dnb, baggy jeans… les années 1990 et sa culture sont aujourd’hui revenues au goût du jour. Plus de 30 ans après ce mouvement de libération de la culture, Aaron Trinder remonte le temps pour dévoiler un pan de son histoire, au travers du documentaire Free Party: A Folk History.

Il suffit parfois d’un kick sourd, d’un champ détrempé et d’une sono bringuebalante pour rallumer la mèche. Super ! La BO de Free Party: A Folk History fait office de parfaite étincelle.

 

Le 30 mai prochain, le documentaire, réalisé par Aaron Trinder, sort et avec lui (la construction est étrange, pas besoin de mettre plein de virgules. Construis ta phrase normalement : « le doc réalisé par aaron trinder sort le 30 mai prochain. Pour raconter une époque… ») une époque souvent effacée des grandes lignes de l’histoire officielle : celle des free parties britanniques des années 1990.

Ce film donne la parole à celles et ceux qui ont vécu le mouvement, les pieds dans la boue et la tête en feu – Spiral Tribe, DiY Sound System, Colin Dale et d’autres encore.

 

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Aaron Trinder n’a évidemment pas réalisé ce documentaire par hasard. Ancien raver lui-même, caméraman aguerri, il porte ce projet depuis plusieurs années — le premier appel de crowdfunding date de 2021. Le montage de Free Party: A Folk History s’est fait à l’image du mouvement qu’il raconte : à la force du réseau et bon vieux bouche-à-oreille. Interviews, VHS d’époque et bande son qui va bien… le film ne cherche pas à ‘raconter’ l’histoire, il l’incarne et la montre.

« Ce film est un regard unique sur un moment largement sous-représenté de l’histoire culturelle. C’était la dernière grande contre-culture unificatrice avant l’ère numérique. Elle a défié les autorités, relié musique et conscience écologique, et posé des questions cruciales sur l’usage de l’espace et la liberté de se rassembler. » – Aaron Trinder.

En interviews ou en archives, les pionniers du mouvement déroulent le fil rouge de cette grande époque de la teuf. Harry de DiY Sound System raconte la rencontre décisive avec les travellers à Glastonbury 1990 : « On les a vus, et ça a fait clic. Une autre manière de vivre, plus libre, plus folle… On a tout de suite su qu’on voulait en faire partie. »

Mark Angelo Harrison, cofondateur de Spiral Tribe, enfonce le clou avec rage et lucidité : « Le pouvoir célèbre les puissants et enterre les mouvements populaires. Ce film exhume ce qu’on voulait faire taire. »

 

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Le documentaire se déploie en cinq actes, de la désillusion post-acid house aux raves illégales, de la fusion entre travellers et ravers jusqu’à l’exil forcé des sound systems après le festival de Castlemorton en 1992 — un séisme de 7 jours qui déclencha la réponse législative la plus féroce contre la musique : le « Criminal Justice Act » de 1994.

En creux, c’est toute une philosophie du dancefloor qui se dessine : désobéissance joyeuse, culture de l’inclusivité, rejet du consumérisme. « Pas de billetterie, pas de sponsor, pas de vigile à l’entrée – juste de la musique, des gens, et la volonté de faire société autrement », rappelle Trinder.

 

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Prévu pour une sortie mondiale en ligne le 30 mai, Free Party: A Folk History ne tombe pas dans le piège de la nostalgie. Il parle du présent. Car pendant qu’en Angleterre les clubs ferment à la chaîne (près de 400 en cinq ans selon la BBC), la culture free party et ses luttes pour la faire survivre renaissent.

Le 12 avril 2025, pendant que les trailers du film circulaient sur la toile, à Rennes, Limoges ou Montpellier, des cortèges de teufeurs défilaient au son des sound systems mobiles, contre les nouvelles lois criminalisant les rassemblements musicaux dits « illicites ». Free Party: A Folk History tombe à point nommé.

 

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