KAYTRANADA, L’Impératrice, Charli XCX… Les projets de la semaine
Jackpot cette semaine avec de belles sorties -très-attendues : celles de KAYTRANADA, du groupe prodigieux L’Impératrice, de la prêtresse Charli XCX, mais aussi Peggy Gou, Slove, Saint Levant, Casey MQ, Ams… À vos enceintes/écouteurs : c’est parti.
KAYTRANADA – Timeless
Le producteur poids lourd de la scène hip-hop/house revient en force avec un album -lui aussi- bien épais de 21 tracks (dont quatre sous la forme de ‘bonus’ sur un disque 2). Il aura suffi d’un coup d’oeil sur la tracklist avant que la farandole de collabs nous donne l’eau à la bouche : Channel Tres, Anderson .Paak, Ravyn Lenae, Pinkpantheress… Pour un total de quatorze featurings, et un album bien plus abouti que KAYTRAMINÉ, déjà.
L’album s’ouvre sur ‘Pressure’ et ses sonorités jazz/broken beat – bien évidemment imbibées des influences hip-hop chères à KAYTRANADA, avant d’enchaîner sur le bouncy ‘Spit It Out’ avec Rochelle Jordan. Quelques morceaux plus tard, déferlante de sensualité avec le sexy ‘Feel A Way’ grâce au Texan Don Toliver. Plus tard, on se délecte du morceau ‘Seemingly’ sans collab’ aucune, ainsi que du featuring avec la chanteuse Tinashe sur ‘More Than A Little’. Pour conclure, on dirait bien que KAYTRANADA a fait du KAYTRANADA. Et c’est tout à fait ce dont on avait besoin pour cet été.
Ams – Dream Escape EP
C’est tout en élégance que la DJ-productrice Ams revient avec un troisième EP, Dream Escape, sorti sur le label anglais Shall Not Fade. Et au regard de sa qualité, il ne devrait pas faner de si tôt. Dans la même veine que les producteurs Chris Stussy et Djoko, Ams livre une deep-house moderne, soignée et dansante. Davantage que sur ses autres sorties, elle accélère la cadence : renforcée par des kicks palpitants, sa rythmique passe du trot au galop et s’équilibre parfaitement avec les nappes progressives.
Coïncidence ou pas, la co-fondatrice et membre active du collectif Gogo Green (dont le respect de l’environnement est au coeur du projet) mise sur une sobriété énergétique dans le cadre de sa carrière, mais également musicale avec ces trois tracks délicieusement épurés, assortis d’un remix de Dylan Dylan.
L’Impératrice – Pulsar
Il est en couverture du nouveau Tsugi Mag 171 (disponible à la commande) : le groupe de pop/nu-disco L’Impératrice. Une semaine après notre passage au We Love Green où l’on a assisté à leur performance -sous le thème ‘agitations pluviales’- la bande à Flore sort son troisième album, Pulsar. Avec son énergie implacable, L’Impératrice franchit un step dans les productions, ça stimule instantanément nos hanches, grâce à des pulsations funky et à la voix délicate de Flore Benguigui.
On adore : tout ou presque. Mention spéciale tout de même à Erick the Architect, du trio Flatbush Zombies, qui pose son flow agile sur ‘Sweet & Sublime’ ainsi qu’à Fabiana Martone (du groupe italien Nu Genea) et sa touche Italo-disco sur ‘Danza Marilù’.
Également sur tsugi.fr : We Love Green 2024 : Justice pour tous | LIVE REPORT
Slove – Le Fly
En voilà un savant mélange de pop et musique électronique justement dosé. Tantôt mélancolique, tantôt réchauffant -mais toujours dansant- le nouvel EP du duo Slove (composé de Julien Barthe et Leo Hellden) est gorgé de collaborations. Neuf au total, (sur onze morceaux) qui viennent l’habiller de chants et d’univers divers. Les vocaux subliment les productions électroniques, qui piochent aussi bien dans la French Touch que dans l’italo-disco et la pop. Nos coups de coeur : ‘Flamand Rose’ pour ses belles envolées de strings et ‘Distant Years’ parce que… Yan Wagner. Tout simplement.
Casey MQ – Later that day, the day before, or the day before that
Avec ses ballades pop et baroques, le canadien Casey MQ mêle son expertise en matière de musique électronique à son amour pour les compositions pour piano afin de créer une atmosphère unique. L’album est doux, reposant et réconfortant. Plus encore, il se dote d’un volet réflexif et s’interroge sur la tendance que notre esprit peut avoir à déformer les images du passé. Entre souvenirs, recontextualisation et oubli.
Saint Levant – DEIRA
On connaissait déjà ‘Deira’, titre éponyme de l’album, dont Saint Levant avait livré une session live aux côtés du jeune rappeur gazaoui MC Abdul -et de nombreux musiciens- en hommage à la Palestine. Voilà l’album désormais disponible. Et s’il fallait en retenir une seule chose, c’est qu’on y ressent vivement le coeur et les tripes du rappeur-chanteur, originaire de Gaza : « Cinq heures du matin je rentre chez moi, mon corps à Paris, mon coeur à Gaza ».
Il faut dire que l’album rend hommage, jusque sur sa pochette, à un hôtel construit par le père de Saint Levant et nommé ‘Deira’ récemment détruit par la guerre. Et pour l’accompagner sur ce nouvel album, Saint Levant a fait appel a des invité-es de choix : l’étoile montante du rap TIF, le chanteur algérien Cheb Bilal ainsi que la chanteuse-star Kehlani.
Charli XCX – Brat
Par Olivia Beaussier
Après tous les singles sortis par Charli XCX en guise de teasing, on s’attendait à un album on ne peut plus hyperpop. Force est de constater que l’un des albums pop les plus attendus de 2024 mise tout sur les nuances. Pas d’inquiétude, l’hyperpop hyper-énergétique est bien là, mais entre les échos des productions ficelées en partie par le producteur britannique A. G. Cook, se cache la vulnérabilité de la chanteuse qui se livre ; montre sa sensibilité et casse la carapace qui généralement l’enveloppe. BRAT sonne comme l’hymne introducteur de l’été et nous invite à ‘Fall in love again and again’ (passage issu de son déjà tubesque ‘Everything is romantic’).
Peggy Gou – I Hear You
Par Brice Miclet
La voix est morne mais forte, précise et désincarnée. Elle introduit le premier album de Peggy Gou comme une sommation et déclame : « Nous avons colonisé, industrialisé, modernisé, nous avons oublié notre amour-propre, oublié de nous écouter. »
Il faudrait donc tout recommencer, tout recréer, « créer son propre univers », intimés que nous sommes par cette entrée en matière intense et inquiétante. La DJ et productrice star sud-coréenne publie I Hear You, aux allures de manifeste, confirmation house de sa stature d’icône du genre, qui, depuis huit ans maintenant, gonfle à vue d’oeil en même temps que ce halo qui l’entoure, cette image mystique qu’elle cultive très habilement. La suite de la chronique à retrouver dans le Tsugi Mag 171 : L’Impératrice mène la danse, disponible à la commande.