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© Neela Khan Vela
18 juillet 2024

La DJ et poétesse JOVENDELAPERLA rejoint le club des 27

par Juliette Miglierina

Perla Zùñiga, de son vrai nom, s’est éteinte le 15 juillet des suites d’un cancer contre lequel iel se battait depuis plusieurs années. L’artiste queer, trans et non binaire originaire de Madrid avait co-fondé le club et label CULPA. On vous en dit plus sur son parcours.

La nouvelle est tombée via un post Instagram du Sonar Festival (Barcelone). Inspiré-e par l’œuvre de Johannes Vermeer pour sa Jeune Fille à la Perle, iel en avait emprunté le nom pour le remettre carrément à sa sauce. Né à Madrid en 1996, Zùñiga étudiait aux Beaux Arts de Madrid lorsqu’iel reçut son premier traitement de chimiothérapie en 2017. 

C’est à ce moment-là qu’est né JOVENDELAPERLA, son identité artistique aux multiples facettes. Victime du sarcome d’Ewing, une maladie rare qui affecte les os, iel s’est battu-e en s’épanouissant dans l’écriture, les arts visuels, mais surtout dans la performance musicale. 

 

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Après plusieurs traitements thérapeutiques, iel sort « Alguna vez«  en 2019 sur Bandcamp, un titre produit par Lechuga Zafiro. L’objectif est de le vendre afin de recueillir des fonds pour la recherche médicale. Les thèmes ? Maladie, mort, vie et sexe. 

Dans sa musique indéfinissable sur le plan sonore, il y en avait littéralement pour tous les goûts. House, trance, acid, minimale, de la techno… Beaucoup de techno ! Des samples qui débarquaient sans prévenir : en bref, un joyeux bordel très hybride qui façonnait sa patte inimitable. 

JOVENDELAPERLA à su imposer son style partout où iel est passé-e, notamment au Primavera Sound mais aussi chez Boiler Room et Rinse France en 2021. 

En tant que personne trans et non binaire, l’artiste plurielle a clairement impacté le milieu queer en créant le club et label CULPA. Lieu iconique (là, le terme est justifié) de la communauté LGBTQ+ en Espagne, iel militait pour que cet endroit soit une véritable « safe place » pour les clubbeur.euse.s. Zùñiga était aussi résident-e de la célèbre fête queer de Barcelone MARICAS.

On vous disait qu’iel était assez polyvalent-e dans sa pratique culturelle. En 2023, Perlà crée Cucú, une exposition qui rassemble des cages, pots à urine et cartons de déménagement. Son idée ? Exprimer avec un mélange d’humour et de rage, sa vie complexe enfermée. Sacrée métaphore.

Enfin, JOVENDELAPERLA écrivait de courts poèmes, en partie basés sur son sarcome. Influencée par les vers de la poétesse Anne Boyer, iel tentait de retranscrire l’amour en prose, coûte que coûte. 

En voici un extrait : « Nous sommes en 2015 et vous rêvez d’être un artiste, vous allez dans les raves, vous essayez l’acide et vous idolâtrez Robert Mapplethorpe. Nous sommes en 2016 et vous visiterez Berlin avec vos meilleurs amis, vous serez avec Tracey Emin et vous découvrirez une couleur blanche dans la chambre d’hôpital. Nos sommes en 2017, 2018, 2019, 2020, 2021, 2022, 2023, 2024 et tu continues à rêver malgré la maladie. Réveille-toi mon ami, nous avons créé les coulisses du monde et nous pouvons y aller quand nous voulons »

 

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Perla Zùñiga est mort-e dans sa maison familiale située dans une ville des montagnes de Madrid, entourée de sa famille, de ses amis et de son partenaire, le poète et éditeur Argentin Mariano Blatt

 

 

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