© Mathieu Foucher

Rock en Seine : boum réussie pour les 20 ans avec Billie, Julian et compagnie

Cette année, une édi­tion tout à fait par­ti­c­ulière pour Rock en Seine puisqu’on en célébrait les vingt ans. Un week-end mar­quant, avec des invités de mar­que allant de légen­des du rock aux artistes émer­gents. En somme des têtes d’af­fiche légendaires, beau­coup d’émotions mais surtout de la très bonne musique. 

C’est le rendez-vous de l’été qui dure depuis 20 ans déjà. Débu­tant en 2003 avec 22 000 spec­ta­teurs et seule­ment deux scènes, Rock en Seine a su con­quérir plus d’un cœur au fil des années et aujourd’hui, pas moins de 144 000 per­son­nes ont fait le déplace­ment et ont pu se ren­dre devant les cinq scènes où se partageaient 76 artistes. Par­mi ces artistes il y avait des têtes d’affiches assez impres­sion­nantes en com­mençant par Bil­lie Eil­ish qui s’offrait 1h30 de set en clos­ing du mer­cre­di 23 août, journée d’ouverture du fes­ti­val. Ce pre­mier jour affichait d’ailleurs une pro­gram­ma­tion 100% fémi­nine, puisqu’un des objec­tifs du fes­ti­val et d’amener plus de par­ité (53% de femmes ou de for­ma­tions menées par des femmes étaient donc présentes sue tout le week-end).

Cette édi­tion 2023 démar­rait donc avec Lucie Antunes sur la Grande Scène et elle n’a pas hésité avec ses musi­ciens et musi­ci­ennes à frap­per fort. Dès 17h30, sous une chaleur infer­nale —au pas­sage, cha­peau pour la prouesse tech­nique— Lucie et son groupe ont délivré un set incroy­able à coup de per­cus­sions et de chœurs. A mesure que l’heure tourne, les fans les plus hard­core de Bil­lie Eil­ish s’amassent. Il est 18h, son con­cert était prévu à 22h. Pour­tant, infati­ga­ble, le groupe enchaî­nait les morceaux ; ain­si “It’s Amaz­ing”, “Car­naval” ou encore “Vous êtes parfait.e.s” ont su faire mon­ter la tem­péra­ture, qui frôlait déjà les 32°. On l’aurait certes vu un peu plus tard dans la soirée, mais Lucie Antunes a su bril­lam­ment ouvrir le bal. Elle était égale­ment au micro d’Antoine Dabrows­ki, pour Tsu­gi Radio après son pas­sage. S’ensuivent les con­certs de Tove Lo sur la grande scène, girl in red et la très atten­due Bil­lie Eil­ish, pen­dant que s’enchaînaient alors Mae Stephens, Han­nah Grae et Nieve Ella sur la scène Fire­stone. Les con­certs de girl in red et Bil­lie Eil­ish étaient, pour ain­si dire, bien au delà de nos espérances. La pre­mière a su ramen­er un monde fou (sans doute aus­si qu’une par­tie du pub­lic patien­tait déjà depuis un moment pour Bil­lie, surtout quand on sait que cer­tains fans cam­paient déjà depuis deux jours à côté du site, il n’y aurait rien d’étonnant.)

 

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© Math­ieu Foucher

Les deux gross­es têtes d’affiches de la soirée étaient à la hau­teur de nos attentes aus­si rock l’une que l’autre elles ont lit­térale­ment embrasé la grande scène de Rock en Seine. Marie Ringheim (alias girl in red) ira même jusqu’à deman­der au pub­lic de la rat­trap­er si elle slamme, avant de se jeter dans l’assistance. Feu d’artifices, lances-flammes et jets de con­fet­tis fai­saient eux aus­si par­tie de la fête. Curieux lorsqu’on sait que Bil­lie prô­nait d’ailleurs un respect de l’écologie et qu’il fal­lait “préserv­er la planète car on en a qu’une”, le tout en deman­dant un cachet de 1.5 mil­lions d’euros. Cette dernière aura enchaîné ses plus gros tubes, allant de “bellyache/ocean eyes” pour les plus vieux titres à “What Was I Made For ?” Pour un show d’une heure trente. Qu’on l’ait vue depuis le “gar­den” anci­en­nement gold­en pit (qui fut loin d’être une réus­site) à moitié vide, mais qui pre­nait tout de même moins d’espace que l’an passé, ou depuis le pre­mier rang, elle aura le mérite de nous éblouir.

 

 

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Celebrate good times, come on

Reprise le ven­dre­di 25 août, avec un jour de pause pour se remet­tre du spec­ta­cle de l’avant-veille. Avec un line-up assez punk à com­mencer par Turn­stile qui a retourné la scène Cas­cade et inter­prété “Alien Love Call”. Julien Bak­er fera d’ailleurs une appari­tion sur scène pour chanter “UNDERWATER BOI”. Julien Bak­er, ain­si que ses deux com­pars­es de boy­ge­nius, seront elles-mêmes rejointes lors de leur pas­sage, plus tard par Bren­dan Yates (front­man de Turn­stile) ou encore ce bon vieux Sebas­t­ian Mur­phy (front­man de Via­gra Boys). Ce dernier, tou­jours aus­si déglin­go enchaîne les pitreries, à com­mencer par un sorte de dis­cours en français approx­i­matif, et lorsqu’il demande au pub­lic s’il a com­pris ce qu’il vient de baragouin­er, et qu’à l’unanimité un non en ressort, il répond “what­ev­er it’s your fuck­ing lan­guage” (traduisez : “peu importe, c’est votre putain de langue”). Se suc­cè­dent les con­certs de Glauque, Théa puis le prince Flavien Berg­er, qui a tou­jours autant d’humour et on aime tou­jours autant ses lives qui, cette fois, offraient égale­ment beau­coup d’impro. Brac­co, duo parisien, délivrait ensuite une per­for­mance sur la scène Ile-de-France, qui voy­ait défil­er les artistes du Club Avant Seine, ambi­tion de réu­nir la crème de la crème niveau artistes français, des musiques dites indépen­dantes. Le con­cert de Fever Ray aura été à la hau­teur de sa répu­ta­tion, mys­tique, très claire­ment mais avec une scéno­gra­phie et des cos­tumes tra­vail­lés pour un moment vrai­ment réus­si. La chanteuse échap­pée de The Knife et accom­pa­g­née de ses musi­ci­ennes ont joué le jeu jusqu’au bout.

L’avant dernier jour de Rock en Seine promet­tait lui aus­si des beaux moments, à com­mencer par les mem­bres Altin Gün qui mal­gré le fait d’avoir été pro­gram­més dans les pre­miers groupes sur la journée du same­di 26 août, a su délivr­er une per­for­mance solaire et impres­sion­nante niveau tech­nique, à l’image de leur musique. Le groupe bri­tan­nique Dry Clean­ing se jouait en meme temps que Tamino, pen­dant que se ter­mi­nait L’Impéra­trice sur la Grande Scène, noir de monde. Les Anglais adres­saient d’ailleurs le dernier con­cert de leur tournée, la chanteuse Flo­rence Shaw expli­quait alors qu’il y a “un mélange de tristesse et de joie parce que cela fait un long moment que l’on est en tournée”. Ce à quoi les fans n’ont pas hésité à répon­dre, certes un peu déçus que ce soit la fin, mais avec plein d’encouragement.

 

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© Math­ieu Foucher

Un peu plus à l’ouest, le lende­main se don­nait le con­cert de The Mur­der Cap­i­tal, groupe for­mé de cinq Irlandais. Et on peut dire qu’ils ont l’habitude avec la scène, le front­man James McGov­ern n’a pas hésité à faire du stage div­ing trois fois et même non­cha­la­m­ment fumer une clope lors d’un morceau, en clair il vit pour les caméras. Bonne claque ensuite, sur le con­cert de Young Fathers qui, selon nous méri­taient une plus grande scène et qui ont su dégager une énergie folle et com­mu­nica­tive, mal­gré l’averse en plein milieu de leur con­cert. Enfin, le dimanche c’était sans doute le jour le plus impor­tant de cette édi­tion 2023 de Rock en Seine : Foals mais surtout The Strokes dessi­naient une fin de fes­ti­val en apothéose. Le pre­mier était vrai­ment ce qu’on espérait, avec des pre­miers morceaux tels que “Moutain at my gates”,2am” ou encore le devenu clas­sique, “My num­ber” en pour­suiv­ant sur une deux­ième par­tie, précédée d’un atten­tion à par­tir de main­tenant ça va devenir com­plète­ment fou” de Yan­nis Philip­pakis, beau­coup plus énervée. Puis, pen­dant que Ken­ny Beats bal­ançait tous les clas­siques du rap US lors de son set, les gens rem­plis­saient de plus en plus tous les coins encore vides autour de la scène jusqu’à en faire dégueuler les allées. Près de 40 000 per­son­nes se sont rassem­blées dans la journée du dimanche, donc on peut penser que toutes ces per­son­nes sont restées pour “le con­cert de l’année”. Un peu déçus néan­moins de la per­for­mance du groupe légendaire, mené par Julian Casablan­cas qui n’a pas hésité d’ailleurs à faire des inter­mèdes un peu ban­cals, le tout avec un son qui, par inter­mit­tence avait du mal à fonc­tion­ner. Mal­gré tout The Strokes a enchaîné de vieux clas­sique comme “The Adults Are Talk­ing”, “Call It Fate, Call it Kar­ma” ou encore “Meet Me In The Bath­room” mais qui aura, apparem­ment, con­quis la foule. Le groupe ter­min­era toute­fois de manière tout à fait abrupte, on l’avait pas vu venir.

Rock en Seine n’aura pas per­du de sa superbe et aura célébré digne­ment ses vingt ans d’existence, rassem­blant ain­si plusieurs généra­tions sur l’immense site de Saint-Cloud, qu’ils soient venus en famille ou non.

 

 

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Meilleur moment : le con­cert de Lucie Antunes qui ouvrait le fes­ti­val, qui nous a bien scotché.

Pire moment : en plein set de Brac­co, le chanteur qui a pour habi­tude de se met­tre en slip pen­dant le con­cert n’a peut-être pas pen­sé au fait que cer­taines par­ties pou­vaient être poten­tielle­ment visibles.