Plusieurs élus parisiens demandent la déprogrammation du groupe américain Disturbed, dont l’un des membres, David Draiman, a dédicacé un obus de l’armée israélienne destiné à être largué dans la bande de Gaza. Le groupe est censé se produire au Zénith de Paris le 12 octobre prochain.
À la suite de la publication par Mediapart d’un article pointant la programmation du groupe de métal américain Disturbed au Zénith de Paris, après que l’un de ses membres a publiquement affiché son soutien à l’armée israélienne (allant jusqu’à signer une bombe destinée à être larguée sur Gaza), plusieurs élus parisiens ont réclamé la déprogrammation du concert.
En juin 2024, Tsahal recevait la visite de David Dreiman, leader du groupe Disturbed dans une base israélienne située à proximité de la bande de Gaza. Accompagné de son épouse, le chanteur avait paraphé « Fuck Hamas » sur un obus d’artillerie de 155 millimètres destiné à être largué sur Gaza. Sur son compte X, David Dreiman avait ensuite posté plusieurs photos aux côtés de l’armée israélienne, accompagnées par des paroles du titre « Don’t Tread on Me » du groupe Metallica, que Mediapart explique avoir été récemment récupérées par des groupes suprémacistes aux États-Unis : « To Secure peace is to prepare for war/ So be it/ Seattle the score ».
Never begins it
— David Draiman 🟦🎗️🇺🇸🇮🇱✡️☮️ (@davidmdraiman) June 19, 2024
Never but once engaged
Never surrenders, showing the fangs of rage.
Said don’t tread on me
So be it
Threaten no more
To secure peace is, to prepare for war
So be it
Settle the score
Touch me again for the words that you will hear evermore
Don’t tread on me. pic.twitter.com/NfKdifYl62
Le chanteur a exprimé à plusieurs autres reprises son soutien sans faille à Tsahal, notamment via son compte X ainsi qu’à Donald Trump, et a rendu hommage à Charlie Kirk, l’influenceur américain d’extrême droite récemment assassiné.
I couldn’t agree more with every single word written by @charliekirk11 in his letter to @netanyahu https://t.co/dVoW7aLqDw
— David Draiman 🟦🎗️🇺🇸🇮🇱✡️☮️ (@davidmdraiman) September 29, 2025
Une tournée européenne qui crée la polémique
Plus d’un an plus tard, le groupe entame une tournée européenne avec plus de quinze dates, dont une au Zénith de Paris le 12 octobre prochain.
L’annonce de leur programmation suscite depuis plusieurs semaines de vives réactions de la part du public, mais aussi d’élus parisiens. Le sénateur Ian Brossat, élu du PCF, a par exemple publié un communiqué de presse ce lundi 29 septembre indiquant que « la culture ne peut pas être complice de l’apologie du génocide ». Il explique dans ce même communiqué avoir contacté le Zénith de Paris pour contester la programmation du concert, estimant qu’il s’agit d’une « faute morale, une insulte aux victimes » et que « sa tenue représenterait un risque évident de troubles à l’ordre public ».
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Thomas Portes, député de la France insoumise, a pour sa part indiqué avoir contacté le préfet de police afin de demander l’interdiction de l’événement pour « risque de trouble à l’ordre public ». Dans sa lettre, il estime que le chanteur « assume sans la moindre ambiguïté, des positions relevant de l’apologie de crimes de guerre et de génocide ».
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Pour Sarah Legrain, députée insoumise de la 16e circonscription de Paris — où se situe le Zénith —, le débat sur la programmation de Disturbed au Zénith s’inscrit au-delà du plan de la liberté artistique, les paroles de David Draiman tombant « manifestement sous le coup de la loi parce qu’ils sont dans la complicité de crimes de guerre ou de génocide », a-t-elle expliqué à Mediapart.
Emmanuel Grégoire, député socialiste et conseiller de la Ville de Paris a lui aussi exigé la déprogrammation du groupe et qualifié le geste de David Draiman d’ « immonde ».
Immonde.
— Emmanuel Grégoire (@egregoire) September 28, 2025
Je demande l’annulation immédiate par la direction du Zénith de Paris de la programmation du groupe de métal Disturbed, dont le leader signe des bombes qui massacrent la population gazaouie.
De tels messages n’ont pas leur place à Paris. https://t.co/rQfbWSfpz3
Le Zénith de Paris indique n’avoir « aucune marge de manœuvre »
Sollicité par Mediapart, le Zénith de Paris a réagi aux critiques le lendemain de la publication de l’article, expliquant « ne disposer d’aucune marge de manoeuvre pour « autoriser » ou interdire » la présentation d’un spectacle, dès lors que le producteur répond aux exigences juridiques posées dans les conditions générales de location ». Pour l’équipe de gestion de la salle parisienne, la prérogative permettant d’interdire une manifestation « ne reviendrait qu’aux seules autorités compétentes (tribunal, préfecture, Conseil d’Etat…) ».
À la suite de la polémique, la direction de la salle parisienne a tout de même publié un communiqué lundi 29 septembre, expliquant avoir demandé un engagement formel de la part des artistes et assurant qu’ « Aucun propos discriminatoire ou raciste ne sera toléré sur la scène du Zénith, conformément à notre règlement intérieur ».