Tom Johnson, figure mythique de la scène d’avant-garde américaine, est décédé le 31 décembre 2024. Retour sur la carrière d’un pionnier américain de la musique minimaliste.

Thomas Floyd Johnson n’a pas découvert la musique par hasard. À 7 ans déjà, il apprend le piano avant de suivre à la prestigieuse université de Yale une licence en arts et une maitrise en musique dispensé par Allen Forte. En 1967, il embrasse la folle vie New Yorkaise où il abreuve sa curiosité musicale auprès de Morton Feldman. Ensemble ils développent l’indétermination en musique dans l’école expérimentale de New York où l’on retrouve John Cage, Christian Wolff et Earle Brown. 

The Village Voice, 4 mai 1972

Gravitant dans les sphères de la musique concrète et contemporaine new-yorkaise, il débute en 1971 un pan majeur de son œuvre : sa carrière de critique et chroniqueur pour le mythique Village Voice. Tom Johnson couvre chaque semaine les performances d’une nouvelle scène qu’il intronise sous le terme de « minimal » pour définir le travail de Steve Reich, Meredith Monk, Philip Glass et… lui-même.

Son aventure de 12 ans sur les colonnes de Village Voice est compilée en 1989 en un livre The Voice of New Music. Depuis Paris ensuite, il poursuit son étude musicale au travers de livres (« Other Harmony : Beyond Tonal and Atonal », éditions 75, 2014 ; « Finding Music » éditions 75, 2019…) puis prolonge le travail sur une chaine YouTube. Elle s’intitule Illustrated Music et se penche sur les grandes théories musicales. 

Dur de faire l’impasse sur sa carrière de compositeur. Sous le nom de Saint Tom, il construit sa musique sur une base mathématique et trouve sa place aux côtés de ceux qui étaient jusqu’alors son sujet d’étude. Parmi ses plus grandes œuvres, on peut compter « An Hour for Piano »(1971), « l’Opéra de quatre notes » (1972) et « Nine Bells » (1982).

Les compositions de Tom Johnson sont des démonstrations musicales de phénomènes mathématiques, se basant sur des formules, des permutations et des séquences prévisibles, le tout avec un minimum d’instrument. L’intérêt du compositeur pour les processus logiques ne rime pas avec ‘création rigide’. Son langage, à la fois libre et contrasté, simple en apparence, s’exprime toujours avec une touche d’humour aussi bien dans ses opéras, que dans ses pièces ou ses créations radiophoniques.

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Sur scène, les performances de Tom Johnson sont hors-normes. En même temps qu’il joue, il s’amuse à expliquer et commenter les mécanismes de compositions et d’interprétations de ses morceaux. Un jeu sur scène aussi impressionnant que déroutant, qu’on vous laisse découvrir dans cette pièce Twelve Years Later faite à Paris le 17 janvier 2021 en compagnie de Samuel Boré. 

Tom Johnson a disparu le 31 décembre dernier. Son nom, lui, restera à jamais gravé dans le marbre des incontournables de la musique minimale.

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