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©Juliette Peyrat
24 février 2021

🔊 Tsugi Podcast 615 : Esther, la bass et la basse

par Antoine Barsacq

Productrice autodidacte obsĂ©dĂ©e par les rythmes furieux et complexes, Esther balance pour ce 615Ăšme podcast Tsugi, une bass music issue des quatre coins de la planĂšte : Chine, Ouganda, Etats-Unis, France. Tous les sous genres de la bass music reprĂ©sentĂ©s raviront les amateurs de beats dĂ©construits. On a parlĂ© avec elle de ses inspirations, du rapport de l’alternatif au mainstream et de futurs projets.

AprĂšs un premier EP en 2019 sorti sur son propre label Doum Records et des lives un peu partout en France, Esther rejoint en 2020 le collectif POLAAR. Militant d’une bass française Ă  large spectre, le label sort d’abord son EP App Green / Hedon Hack, qui reçoit le soutien de Deena Abdelwahed ou encore d’Osheyack de SVBKVLT dans son mix Resident Advisor. Toujours chez POLAAR, la Toulousaine a rĂ©cemment signĂ© un deuxiĂšme EP intitulĂ© Pantome avec des tracks bass violents et bruts, accompagnĂ©s d’un clip aux visuels dystopiques. Elle signe aujourd’hui notre 615Ăšme podcast avec un mix qui reprĂ©sente toute la richesse de la bass music actuelle. S’affranchissant des contraintes du rythme, Esther explore aisĂ©ment tous ses sous-genres de 110 Ă  160 BPM. On lui a posĂ© quelques questions.

Quelle est l’idĂ©e derriĂšre ce mix ? Quelles Ă©motions tentes-tu de transmettre ?

L’idĂ©e Ă  travers cet enregistrement est de proposer un chemin Ă©volutif, arborĂ© de divers genres et sous-genres qui construisent ou jouxtent la bass music Ă  travers des tracks d’horizons bien diffĂ©rents. On y trouve ainsi des morceaux que j’ai adorĂ© par le passĂ© , et d’ autres beaucoup plus rĂ©cents. Le BPM dĂ©bute Ă  environ 110 pour se terminer vers 160. Ambiant, bass dubby, gqom, jersey club, hard drum, Bmore, jersey, breakbeat tool, trap et j’ en passe. On voit du paysage …
J’aime beaucoup l’idĂ©e de commencer un dj-set en club par un morceau sans beat. Quelque chose d’ atmosphĂ©rique qui rĂ©pond Ă  l’ambiance Ă©trange d’un dĂ©but. Vers oĂč va t-on ? Le public est dans le songe et curieux de la suite. LumiĂšre et fumĂ©e ajoutent Ă  ce cĂŽtĂ© singulier. C’est donc un mix tournĂ© vers la musique club dans toute sa palette. Du lĂ©ger Ă  coup de percussions qui invite Ă  lever le regard vers le ciel et du bien lourd, pesant, qui rase le sol.

Esther

©Juliette Peyrat

Qui sont les artistes qui le composent ? Qui sont-ils pour toi ?

Des artistes et des labels que j’aime Ă©normĂ©ment et qui abordent une musique bass intercontinentale infiniment inspirante, riche et dĂ©complexĂ©e :
E-Unity sur TEMƎT Music, label rĂ©cent de Simo Cell dont j’ai adorĂ© le mix live sur Underscope. Il est trĂšs fin dans sa composition et le travail de frĂ©quence et de placement est hyper apprĂ©ciable. C’est un peu la grande classe pour moi !
BlĂąme sur [re]sources qui est un label parisien dont j’ai beaucoup aimĂ© la derniĂšre sortie avec le remix de Mamboussa.
– « BTD 150 » de NKC qui date de 2016 mais dont il est impossible de se lasser, c’est LE track qu’il faut avoir sur sa clef si tu veux du sourire et du groove.
KÎŁITO sur Polaar, label du cƓur, qui vient du japon dont j’aime particuliĂšrement
TYO GQOM .
Wristboi
Ase Manual
Despina sur le récent label new yorkais Kindergarten aux visuels détonants.
Slikback pour son afrofuturisme, sa trap bien grasse ultra reconnaissable qui retourne le Nyege Nyege festival.
Jesza, dont j’ ai apprĂ©ciĂ© le remix signĂ© down tempo par Brodinski et qui me rappelle « Can’t Help Myself » extrait de son album Brava.
Hyph11E provenance Chinoise haute qualitĂ© direction SVBKVLT, label incroyable qui regorge d’artistes hyper identifiables, dont Slikback fait partie.

« L’avenir est local et indĂ©pendant. Et mĂȘme si les pouvoirs publics s’efforcent de freiner les initiatives artistiques, elles se gonflent de dĂ©termination.« 

Quel regard portes-tu sur la scĂšne Ă©lectronique actuelle ?

Un regard admiratif de part son histoire et sa pluralitĂ©. La scĂšne française possĂšde un hĂ©ritage consĂ©quent, elle a su ĂȘtre novatrice et entendre ce qui se faisait ailleurs tout en y injectant sa propre Ă©nergie. Nous regorgeons d’un nombre incroyable de projets, groupes en tout genre. En revanche sur cette derniĂšre dĂ©cennie, j’ai eu la sensation qu’ il y avait un goĂ»t de dĂ©jĂ  vu, et c’est Ă  travers l’alternatif et les artistes Ă©mergents que j’ai trouvĂ© le rĂ©confort. J’ai eu le sentiment pendant longtemps que la scĂšne mainstream s’auto-alimentait en pompant Ă  droite Ă  gauche mais sans vĂ©ritable intĂ©rĂȘt pour l’ailleurs. Aujourd’hui j’ai la sensation que les courants dits de niche sont beaucoup plus Ă©piĂ©s par la scĂšne française Ă  travers l’Ɠil de ceux qui la font. L’ hybridation des genres et sous genres sont de plus en plus frĂ©quents. Et cela se ressent Ă©galement sur la synchronisation. L’ Ă©dition s’ y intĂ©resse et je suis parfois Ă©tonnamment surprise en Ă©coutant une publicitĂ© ou en regardant un film. En raison de l’époque pandĂ©mique polluĂ©e, et probablement en faillite, ce phĂ©nomĂšne va s’ accĂ©lĂ©rer. L’avenir est local et indĂ©pendant. Et mĂȘme si les pouvoirs publics s’efforcent de freiner les initiatives artistiques, elles se gonflent de dĂ©termination. S’il n’y a cet Ă©tĂ© que des festivals normĂ©s et « bien-pensants », le revers de l’énergie n’en sera que dĂ©cuplĂ© et la crĂ©ation plurielle.

« Rester au maximum qui nous sommes et prĂ©server l’essentiel : l’envie de faire singuliĂšrement. »

OĂč te places-tu ? (Si tu te places quelque part).

Dans ce tableau, je commence Ă  voir grandir en moi un sentiment d’ appartenance. A l’échelle de ma ville, et plus largement de la bass en France. C’est donc un placement local, français et dans un versant singulier de part la musique que je dĂ©fends et le propos qui l’accompagne. L’idĂ©e est de ne surtout pas me sentir enfermĂ©e d’ un point de vue artistique. J’ai plein d’envies, et elles ne sont pas que club, elles sont aussi scĂ©niques. Brice Coudert Ă  travers Underscope m’a donnĂ© la possibilitĂ© de creuser cette piste en m’ invitant Ă  jouer en live Ă  la GaĂźtĂ© Lyrique cet hiver. Avec Elvire mon acolyte performer, nous rĂ©flĂ©chissons Ă  un aprĂšs, une sorte de sophistication avec nos armes. Rester au maximum qui nous sommes et prĂ©server l’essentiel : l’envie de faire singuliĂšrement.

Des projets Ă  venir ?

Questions projets, ils se tournent clairement vers la production, les dates s’annulant les unes aprĂšs les autres. Je prĂ©pare mon premier album sans courir aprĂšs le temps, ce qui est plutĂŽt luxueux et malgrĂ© tout rĂ©confortant. Il est issu du dernier live que j’ ai pu jouer. Quelques sorties Ă  venir sur diffĂ©rentes compilations et beaucoup de militantisme Ă  venir pour sauver le dernier espace alternatif toulousain : le mix’ art Myrys est en danger, il n’est pas/plus au goĂ»t de notre cher maire Jean-Luc Moudenc …

Tracklist :

1/ Intro sultry venom- eva808
2/ Charlie boy manson – distraust (Sid quirke re-work)
3/ Inner Osc – E-Unity
4/ Bells VIP- BlĂąme
5/ Surate- BlĂąme
6/ The Soul- C.P.Smith
7/ Jigglin – wristboi
8/ Bougainvillea – Keito
9/ Btd150 – NKC
10/ No Justice – Pinch
11/ Stone drums – Fraxinus
12/ Stepper- Anz
13/ Wired- Hypna
14/ Fortune Power Fame (feat. Young Luxenberg) – Ase Manual
15/ Sauce – Arma
16/ Vitamin Party – Despina
17/ Broken Fangs (feat. Milla Rage) – Michael Aurelius
18/ Vein – Slikback
19/ Humanity – Jesza
20/ Desire, The Angels – 7777ăźć€©äœż
21/ Exploited Body – Thrdeyevsn
22/ Cuban Chamber of Commerce – Low Income Squad
23/ Skrude – In the Club
24/ Noboru – Slikback
25/ Accretion – Hyph11E
26/ Focus 10 – Coleco

 

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