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© Maxwell Hunt via Unsplash
3 janvier 2024

« Un milliard de créateur.ice.s de musique d’ici 2030 » ?

par Olivia Beaussier

Lors d’une interview accordée à MBW, Meng Ru Kuok, PDG de la plateforme de création musicale Bandlab (prix du meilleur entrepreneur de 2023 à la cérémonie du A&R Awards) déclare que selon lui, on compterait un milliard de créateur.ice.s de musique en 2030. Faisons l’état des lieux.

Doit-on forcément être nationalement reconnu pour être musicien.ne ? Ou est-ce qu’une dizaine de fans discrets suffit à obtenir ce titre ? C’est ce que questionne la démocratisation actuelle de la musique. L’accessibilité gratuite et facile à des plateformes de création musicale comme Bandlab a permis aux amateur.ice.s de se lancer dans la musique. Ce qui avant semblait comme une industrie fermée, réservée à une élite d’artistes est en train de disparaitre – les barrières entre artistes et utilisateur.ice.s s’affinent de plus en plus.

On retrouve l’utopie d’Internet lors de sa création, cet idéal où le numérique abat les frontières du physique. Et même si ça ne reste qu’un fantasme, et que l’industrie est toujours un milieu assez fermé, cela nous oblige à revoir nos codes de ce que signifie être artiste, et plus précisément musicien.ne. Meng Ru Kuok et sa plateforme, ainsi que bien d’autres avant eux, redéfinissent la façon de produire de la musique.

 

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Alors prévoir un milliard de créateur.ice en 2030 c’est bien plus qu’une simple phrase choc – dans un temps où les intelligences artificielles gagnent du terrain sur l’activité humaine, ça relève presque du politique. Bandlab a toutefois investi dans les IA en 2023, mais en prenant une position d’utilisation responsable d’IA génératrice. C’est-à-dire que, les IA seraient un moyen de simplifier la production musicale, mais aussi de pousser les utilisateu.rice.s à développer leurs capacités artistiques, sans remplacer leurs capacités humaines. Meng Ru Kuok ne s’en cache pas, il veut faciliter l’accès au monde musical aux amateur.ice.s.

Cette question d’augmentation des créateur.ice.s soulève tout de même des inquiétudes. Le PDG et Président d’Universal Music Group, Sir Lucian Grainge, et d’autres grandes têtes de l’industrie voient cette ouverture aux amateur.ice.s, comme une ouverture à la « médiocrité musicale ». La musique qu’elle soit professionnelle ou amatrice doit-elle recevoir la même légitimité ? Meng Ru Kuok répond qu’il y a des changements à faire au sein de l’industrie musicale, financièrement ainsi que philosophiquement.

 

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En d’autres termes, le PDG de Bandlab prône une sorte de désacralisation du terme d’artiste ou de musicien.ne. Augmenter les créateur.ice.s, voudrait aussi dire augmenter les propositions musicales. Cela fait partie des processus d’émancipation des codes archaïques de l’industrie et du renouveau dans les genres, les styles, les goûts etc. Plus de musique pour plus de versatilité, le début de la fin d’une industrie trop enfouie dans ses codes sociaux. On finit même par se demander si un milliard de créateur.ice.s suffit à huit milliards d’êtres humains !

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