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©Yohann Cordelle
2 mai 2024

Urumi, fusion hardtek et oreilles de chat | INTERVIEW

par Olivia Beaussier

Casque doté d’oreilles de chat, longue perruque brune à frange et combi ultra-moulante de super-héroïne. C’est comme ça qu’on a reçu Urumi, prometteuse DJ-productrice. En constant aller-retour entre la Belgique et la France, on a réussi à choper celle dont la vie va aussi vite que ses rythmes endiablés, pour un entretien autour de sa passion pour les chats et les grosses basses.

« Je suis venue pour en découdre. Alors j’espère que vous êtes chauds, je vous le dis » nous lançait Urumi aux Trans Musicales 2023 de Rennes. Promesse tenue, ce soir-là, la DJ et productrice nous avait mis une sacrée claque qu’on n’était pas près d’oublier. Entre hardstyle et rave, Urumi prône une techno où les BPM en dessous de 150 ne sont pas les bienvenus. En juin 2023, elle sort un EP nommé RAP 2 RAVE (vol 1), remixant quatre titres rap à la sauce rave. Une bonne représentation du style d’Urumi, qui ne se limite pas dans les influences et fait de sa musique quelque chose de très personnel, pour une techno qui ne sonne que comme la sienne.

Actuellement en tournée pour le Pussycore Tour, elle est aussi hôte pour Spotify, et a récemment signé sur le label All Night Long. Urumi a plus d’une corde à son arc, on lui laisse nous en parler.

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©Yohann Cordelle

Ton pseudo « Urumi » vient du personnage Urumi Kanzaki du manga GTO. Qu’est-ce que ça représente pour toi ?

Depuis toute petite j’ai baigné dans la culture jap’ ; que ce soit manga, K-pop, J-pop… J’adorais Britney Spears et j’avais aussi son équivalente coréenne, BoA, ou Lee Hyori. Cette passion a commencé par les mangas et donc par GTO. Urumi n’est pas le personnage principal, mais c’est mon personnage préféré. La prendre en pseudo c’est une façon de la faire exister avec moi toute ma vie. Je pense que quand on comprend qui est Urumi, on comprend aussi un peu qui je suis (ndr : soit une fille brillante, effrontée et déjantée).

 

Tu as dit que ton passage aux Trans était un moment que tu n’oublierais jamais. Qu’est-ce qui a rendu ce set si unique ?

C’était mon premier set devant autant de personnes (ndlr : 9000). Pour une scène aussi grande, je me laissais encore deux ans. C’était aussi la date qui définissait le reste de ma carrière, et si les gens avec qui je bossais allaient continuer à me suivre ? Donc oui, je me suis mis beaucoup de pression, mais ça c’est super bien passé.

 

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Tu as un exemple d’un gig où, en tant que spectatrice, tu as été marquée ? 

Le premier DJ-set qui m’a marqué, c’était il y a très longtemps quand Major Lazor est passé à La Machine. À ce moment-là, je ne comprenais pas ce que je voyais, je me suis dis « c’est quoi ce genre musical ? » Normalement, je ne danse pas en boîte mais là, je n’ai fait que danser.

 

… Et c’est comme ça que t’est venue l’idée de te lancer dans la musique ?

J’ai commencé à mixer avant. Mais ce n’était pas par passion pour la musique, mais pour rentrer en boîte (rires). Avec mes copines on galérait toujours : soit on était trop jeunes, soit on était fauchées. Et même quand on rentrait, on n’avait pas de thunes pour se payer des verres. Donc en vérité, j’ai commencé à mixer pour avoir une vingtaine cool sans dépenser d’argent !

 

Comment s’est tissé le lien avec la techno ?

J’ai toujours été dans les grosses basses et la rapidité, même si c’était plus The Prodigy et The Chemical Brothers que de la techno. Puis je me suis vraiment pris la vague French Touch avec Daft Punk et l’ère du dubstep, en pleine face. Mais c’est quand je me suis mise à produire que j’ai fait de la hardtechno, sans vraiment savoir ce que c’était. C’est venu naturellement : j’ai fait « Bitch Mood« , et puis pour l’inclure dans mon set j’ai été obligée de faire un autre son dans le même thème, puis encore un autre, et voilà !

Je ne me revendique pas comme ‘une meuf de la techno’ : j’en fais et il faut bien que je rentre mes sons dans mes sets ! Je n’ai pas toutes les références, mais d’un côté c’est tant mieux. Je fais un truc qui m’est propre. Ce sont mes goûts musicaux, les éléments que je choisis et mon oreille. Je n’essaie pas de revendiquer quoi que ce soit.

 

Dans tes productions, tu ne touches pas qu’à la techno. Tu t’es essayée au RnB , ou à l’afrobeat. Quel genre te fascine le plus ?

Quand il est question de production, je produis de tout. J’adore la techno, la house, l’electro. Mais surtout, tout ce qui est rapide. C’est impossible de ne produire qu’un genre en particulier. Parfois en studio, je pars en vrille et je fais du rock (rires).

 

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Comment t’est venue l’idée de RAP 2 RAVE ?

Le hip-hop n’a jamais été une inspiration. Moi je suis plus Linkin Park, System Of A Down et Britney Spears (rires). Mais parfois dans mes sets techno, j’aimais bien passer un ou deux tracks trap/rap juste pour foutre le feu. Le public techno écoute de tout : on est très ouverts. Alors quand je lançais un « MEGATRON » de Laylow à 140bpm, ou « FE!N » de Travis Scott, tout le monde kiffait.

RAP 2 RAVE ça a commencé avec « No Hook » de La Fève, que je mettais sans rien toucher. Puis j’en ai fais un remix sans forcément modifier la voix, pour que le public continue à chanter. Et les gens ont vraiment kiffé, ont commencé à demander des sons… Donc j’en ai fait un deuxième, puis un troisième… et après j’en ai fait un EP. C’est le RAP 2 RAVE qui est venu à moi, plus que l’inverse ! Il y a un côté sympa à montrer aux gens ce que ça fait d’écouter du rap avec d’autres prod.

 

Qui sont les producteur-ices qui t’inspirent ?

Sophie m’a beaucoup influencé dans son traitement des effets sonores. J’aime comment elle utilise les bruits : les high kicks, le sound effects etc. Je m’inspire aussi de deux producteurs de rap, Wit. et ELK. De leur façon de traiter les basses dub et les sonorités UK… Ça, c’est ma passion ultime.

 

En février, tu as commencé à travailler comme hôte pour Spotify. Tu peux nous en dire un peu plus ?

Quand j’ai appris que j’étais prise en tant qu’hôte, j’étais comme une folle. J’adore parler aux gens et parler de musique. C’est un format qui offre une nouvelle forme d’expression musicale, qui me fait sortir de ma zone de confort. Ça permet de mettre en avant des artistes, et de me mettre en avant aussi.

@spotifyfrance RDV le 25 avril #LesFlammes2024 #rap cc. @Urumi ♬ son original – Spotify France

 

Comment as-tu rejoint le label All Night Long ? Tu peux nous expliquer un peu le concept ?

All Night Long est un mélange de la boîte de management Kidding Aside et de Believe. Donc un label électro généraliste qui me permet d’avoir une liberté artistique totale. Je suis aux cotés de beaucoup d’artistes que je respecte : TDJ, TRYM, Acid Arab

 

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En 2016, tu as fondé le collectif Girls Do It Better afin de donner plus de visibilité aux femmes dans la musique. Huit ans après, que penses-tu de la place de la femme dans la sphère électronique ?

Le but du collectif était de sensibiliser, j’espère qu’il a poussé des meufs à se lancer. J’ai appris à pas mal de DJ femmes à mixer. Parfois, à la fin de mes sets des filles me disent que c’est moi qui les ai inspirées. Ça me fait trop plaisir. Honnêtement, il pourrait y avoir encore des milliers de meufs qui se mettent dans le métier, on sera toujours moins que les mecs.

 

On te retient pour ce fameux casque chat, mais aussi surtout ton univers et style alternatif, alors on avait une question : est-ce que t’es une meuf ‘surnaturelle’ ? (la ref dans la vidéo ci-dessous) 

Oui ! Je suis trop surnaturelle. On m’a souvent dit que je ressemblais à un personnage de dessin animé… et je pense que c’est un peu l’objectif. Parfois j’abuse et il faut revenir dans le monde normal (rires). Le but de ma vie, c’est de devenir le personnage dans lequel tu te déguises à Halloween. Casque de chat, perruque avec une frange : j’ai un style et je le revendique à fond !

 

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… Tu peux nous en dire un peu plus sur tout le délire avec les chats ?

J’ai une passion pour les chats. J’en ai adopté un d’un refuge et j’ai passé 3 mois de ma vie à faire en sorte qu’il survive. J’étais vraiment devenue une maman chat (rires). À la fin des trois mois, je suis tombée sur ce casque avec des oreilles de chat : je me suis dis que c’était un signe. Je ne le quitte plus, je fais tout avec, je produis même avec. Tellement que je le casse tous les deux sets… J’en ai une cinquantaine chez moi de cassés.

J’ai même appelé ma tournée ‘Pussycore Tour’ ! Je vais en jouer toute ma vie.

 

On peut s’attendre à quoi pour 2024 ?

Là, je pars en tournée avec All Night Long : beaucoup de festivals et de grosses dates sont prévus. Puis sur la musique je dirais une seule chose : les sons arrivent bientôt !

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