On a épluché le bilan des festivals 2024 et ce n’est pas rassurant
Une France sans festivals ? Difficile à imaginer… Pourtant, le secteur est plus que jamais en danger. Entre hausse des coûts, imprévus climatiques, inflation pour tous et donc changements des habitudes de consommation, les festivals français doivent se réinventer. On a épluché le rapport du Syndicat des Musiques Actuelles, publié cette semaine.
Les festivals, piliers de la culture française, traversent depuis quelques temps une période plus qu’incertaine. Une récente enquête, menée par le ministère de la Culture et le Centre national de la musique avec le SMA, Ekhoscènes et France Festivals dresse un état des lieux inquiétant, venant confirmer les ressentis. Le SMA a également mené une étude auprès de ses membres adhérents. Réalisée de janvier à août 2024, l’étude a analysée 170 festivals, répartis ainsi : 43 % en grandes villes, 21 % en zones rurales et 26 % en petites communes.
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Les festivals en crise économique
Ce n’est pas nouveau, on en avait d’ailleurs déjà parlé sur Tsugi l’année dernière, en tendant le micro aux principaux concernés : les festivals traversent une période d’incertitude financière, due en grande partie à l’inflation. Le bilan révèle qu’en 2024, 80% des organisateurs, adhérents SMA, ont constaté une augmentation des coûts techniques, tandis que les dépenses artistiques et de sécurité ont aussi connu une forte hausse.
En plus de tout ça, les coûts administratifs et assurances annulation continuent de grimper, rendant l’équilibre financier de plus en plus précaire. Résultat : la moitié des festivals adhérents au SMA ont affiché un déficit moyen de 75 000 euros cette année et 14% des festivals ne sont ainsi pas certains de la tenue d’une prochaine édition en 2025.
La seule solution envisagée par certains organisateurs, est l’augmentation des prix des billets. Ce qui explique que cette année, le prix moyen pour une journée de festival est de 31 euros, contre 29 euros en 2023 ou encore 27 euros en 2018. Mais cette stratégie ne fait pas l’unanimité. Car force est de constater que le pouvoir d’achat du plus grand nombre, est de plus en plus limité. Ainsi, seulement 49% des festivals adhérents ont affiché complet pour une journée cette année et 52% déclarent avoir remarqué une tendance des client-es à réserver plus tard qu’habituellement, rendant les prévisions plus difficiles.
Une organisation difficile rythmée par des imprévus

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Des soucis d’organisations ont aussi eu des impacts. Un tiers des festivals a rencontré des imprévus, notamment en lien avec les Jeux de Paris 2024 . Un quart des événements a dû gérer des pénuries de matériel, des changements de dates ou des indisponibilités de prestataires, conduisant à des problèmes de logistique. En parallèle, les conditions météorologiques ont perturbé 37% des festivals, entraînant des annulations de programmation ou une partie.
Le climat politique tendu que nous avons connu cette année a également impacté les festivals. La dissolution du gouvernement et les élections législatives ont entraîné des problèmes de communication, des restrictions d’accès aux espaces publics et une baisse de fréquentation pour certains événements. De plus, de nouvelles réglementations concernant les nuisances sonores et les structures démontables ont généré des coûts supplémentaires pour les organisateurs.
Adaptation et initiatives
Malgré ces nombreux obstacles, les festivals ne baissent pas les bras et s’efforcent de s’adapter. Beaucoup d’entre eux réinventent leurs modèles économiques et réfléchissent à de nouvelles formules pour maintenir leur activité. Certains envisagent par exemple de réduire la fréquence de leurs événements en passant à une édition tous les deux ans, ou de repenser leurs formats pour répondre aux nouvelles attentes du public.
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