Brian Wilson dans le West Los Angeles le 13 février 1990 – © Ithaka Darin Pappas – photo provenant de Wikimedia Commons
Le 11 juin, Brian Wilson, cofondateur de The Beach Boys, s’est éteint, laissant derrière lui un héritage immense pour la musique électronique.
Brian Wilson, on le connait pour The Beach Boys. On s’en souviendra comme celui qui a ouvert la voie à de multiples branches de la musique électronique. Il marque l’histoire de la musique par son brio, son aura et son esprit visionnaire. Il s’enracine à jamais comme l’inspiration de l’electronica, de la musique minimaliste et de la chillwave.
Brian Wilson est souvent célébré pour avoir transformé la pop adolescente en une forme musicale poétique et moderniste. Mais son héritage dépasse largement le simple hit radiophonique : Wilson est un des premiers musiciens à avoir envisagé le studio d’enregistrement comme un instrument à part entière, façonnant ainsi une révolution dont la musique électronique contemporaine porte encore les traces. Son apport est fondamental dans l’histoire de la production musicale, en particulier par son usage innovant des techniques de montage, du layering sonore et des textures inédites.
Né en 1942 à Hawthorne, Californie, Wilson s’est nourri dès son adolescence des harmonies sophistiquées du jazz vocal et du doo-wop, notamment du groupe The Four Freshmen, ainsi que des compositions de George Gershwin. Ces influences ont nourri son obsession pour les harmonies complexes et les arrangements vocaux, qui deviendront la signature des Beach Boys.
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Son chef-d’œuvre, Pet Sounds (1966), reste l’apothéose de cette approche. Wilson y travaille avec le Wrecking Crew, un groupe d’élite de musiciens de studio californiens. Il superpose minutieusement des pistes instrumentales et vocales, intégrant des sons non conventionnels — cris de chiens, cliquetis de canettes de soda, chants d’insectes — pour enrichir la texture sonore. Cette manipulation du son, faite avant l’ère numérique, repose sur un savant montage sur bandes magnétiques, méthode exigeant une précision extrême et un sens aigu de la structure.
Avec « Good Vibrations » (1966), Wilson pousse encore plus loin sa méthode. Il enregistre plus de 90 heures de bandes réparties sur 17 sessions, amassant des fragments musicaux qu’il assemble ensuite comme un puzzle. Ce procédé modulaire, révolutionnaire à l’époque, anticipe les techniques de sampling et de construction par séquences au cœur de la musique électronique. L’utilisation de l’onde thérémine donne à la chanson son caractère unique, futuriste et psychédélique.
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La tentative ambitieuse de Smile, son projet inachevé de 1967, devait prolonger cette expérimentation en formant un « cycle de chansons » conceptuel, avec des collaborations comme celle avec Van Dyke Parks. Bien que ce projet ait été interrompu, il témoigne de la volonté de Wilson de repousser les limites du format pop traditionnel, préfigurant les approches conceptuelles et narratives qui gagneront la musique électronique et expérimentale.
Son approche préfigure la culture du remix et de la réappropriation sonore, aujourd’hui omniprésente dans les genres électroniques. En assemblant et reconfigurant les fragments sonores, il introduit un mode de composition qui dépasse la simple écriture d’une mélodie ou d’un texte.
Si sa vie fut marquée par de lourdes épreuves psychologiques, ces difficultés ne ternissent pas la portée de son héritage. Wilson a changé la manière dont la musique peut être pensée, produite et vécue.