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©Miloš Krstić pour l'EXIT festival
16 juillet 2024

EXIT Festival : Ils sont fous ces Serbes | LIVE REPORT

par Olivia Beaussier

À l’origine, l’EXIT festival est un mouvement contestataire lancé en 2000 par des étudiants serbes contre le régime dictatorial de Milošević. Vingt-quatre ans plus tard, le festival a (légèrement) perdu de son énergie révolutionnaire, mais a gardé en lui l’essence de cette démesure serbe. Du 11 au 14 juillet, quelques 200 000 festivaliers se sont retrouvés à la forteresse de Petrovaradin à Novi Sad en Serbie. Et on en faisait partie. Retour sur ces quatre jours.

Après trois jours de tourisme à Belgrade, passés à se baigner dans le Danube et à se goinfrer de burek (spécialité culinaire à base de fromage et de pâte feuilletée), le 11 juillet on a sauté dans le train jusqu’à Novi Sad, direction l’EXIT.

Le festival ouvre ses portes à 19h, et ne les referme qu’à 8h du matin – ou midi pour les plus téméraires qui continuent en after. Une quinzaine de scènes emmènent les festivaliers du reggae au métal en passant par le reggaeton, mais surtout (surtout) pas mal de musiques électroniques. Alors on bosse le cardio, on fait une sieste et on boit de l’eau : à l’EXIT, la nuit n’est pas près de s’arrêter !

Pour l’édition 2024, l’EXIT affichait en headliners le groupe américain Black Eyed Peas (sans Fergie, snif) pour sa première fois en Serbie. Mettons tout de suite les pieds dans le plat : le groupe a quelque peu perdu de sa superbe… Un manque de rythme et de cohérence a laissé des longueurs s’installer, faisant résonner le tout comme un concert en demi-teinte, qui n’a pas réellement réussi à honorer nos attentes. Enfin bon, ce petit hic fut de courte durée. On a sans aucun mal séché nos larmes sur les quatorze (oui, 14) autres scènes de l’EXIT à la programmation aussi éclectique et minutieuse.

 

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Difficile de tenir sa langue plus longtemps, le patron Carl Cox, habitué du festival, nous a enivrés sur trois heures (rien que ça) de live hybride, où se sont mélangées boucles acid et influences synthwave. Le DJ-producteur britannique reste assez prévisible comme lorsqu’il passe son habituel « Come To Me » de Kendal, ou quand il prend le micro pour scander son « Oh Yes ! Oh Yes ! » ; mais aime titiller le public avec des mélodies orchestrales jazzy qui se coupent sèchement en pure techno. Autant dire que ça se bousculait dans la forteresse.

En parlant de grands moments électroniques, on a eu la chance de voir l’Allemand qui ne joue pas avant que le jour se lève, Klangkuenstler. On se refait le tableau : 7h du matin, le soleil caresse les pierres de la forteresse de Petrovaradin, et Klangkuenstler joue sa hard techno, mélodieuse et sans relâche… Moment hors du temps, quasi surnaturel, bercé des douces mélodies (un euphémisme) du DJ-producteur.

On n’a pas manqué de faire un tour du côté de Patrick Mason à l’énergie contagieuse, qui saute par-dessus les platines pour danser avec la foule. Il a clôturé son set sur un remix techno du célèbre « You’re No Good For Me » de Kelly Charles et en a profité pour échanger quelques pas de danse avec I Hate Models, prochain à prendre les platines.

 

Après un set en Allemagne dans l’après-midi, le DJ-producteur français I Hate Models est venu finir la soirée en Serbie à l’EXIT. En bon hyperactif des machines, celui qui déteste les mannequins agitent ses mains, ses pieds et tout son corps au son des platines. Entre un remix de ‘Maneater’ de Nelly Furtado par-ci, un coup de ‘Eins Zwei Polizei’ de Mo-Do par-là et évidemment son immanquable ‘Toro’, pas le temps d’enlever le masque pour boire une gorgée d’eau ou de fumer une clope.

Un autre nom français a happé notre attention : celui de Cassie Raptor. Pourquoi s’embêter avec les mélodies ? La jeune DJ-productrice ne fait pas dans la demi-mesure et livre un mix de deux heures à 180 BPM, pleine balle, dans une énergie rave sans merci. On est aussi allé jeter une oreille vers les basses monstrueuses de la Palestinienne Sama’ Abdulhadi à en faire trembler la forteresse. [Parfaite transition pour un moment prévention : les boules quies ont été nos meilleures amies dans ce festival.]

 

En tant qu’amatrices de gros « boum-boum dans les oreilles », on avait bien fait attention de n’avoir rien de prévu le lundi 15 juillet de 4h à 6h du matin… pour le set de Sara Landry – pas très difficile pourrait-on penser, mais comme dit plus tôt : à l’EXIT, les nuits sont bien remplies. Il faut croire qu’on n’a pas été les seules à avoir cette super idée, et il a fallu jouer des coudes pour arriver à apercevoir la papesse déjantée de la scène hard actuelle.

Sans prendre de risque, on peut assurer que Sara Landry a fait du très beau Sara Landry : ça tapait bien jusqu’au lever du soleil. On a un peu regretté quand il a fallu se réveiller quelques heures plus tard pour prendre l’avion, mais ça en valait la peine !

Pour se sortir la tête des caissons on a fait un tour chez Barry Can’t Swim qui, ce soir-là, avait prévu d’échapper à ses ritournelles house habituelles pour nager vers quelque chose de plus techno. Bon… On aura essayé de diversifier les envies musicales, mais force est de constater qu’à ce niveau-là ce n’est plus nous qui cherchons les boum-boum. Mais bien les boum-boum qui ne peuvent plus se passer de nous !

N’ayant toujours pas le pouvoir de se dédoubler en 2024, on a malheureusement raté Tom Morello, Artbat, Francis Mercier, Offenbach, Awen, Black Coffee, Bonobo, ou encore Maceo Plex (rappel, il y a 14 scènes)

Et après quatre jours incessants d’EXIT, on utilise le peu d’énergie qu’uk nous reste pour écrire cet article avant de sombrer dans une belle nuit de sommeil réparateur. Décidément, ils sont vraiment fous ces Serbes.

 

Meilleur moment : Klangkuenstler, maître de la forteresse

Pire moment : Descendre de ladite forteresse à 7h du mat’, les yeux pas forcément en face des trous…

 

EXIT

© EXIT Festival

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