Skip to main content
© Bastin Sarah
15 juillet 2024

Les Nuits Secrètes, secret le moins bien gardé du Nord | LIVE REPORT

par Corentin Fraisse

En ce week-end de fête nationale on était au festival Nuits Secrètes, à une heure de Lille, à deux heures de Bruxelles ou Paris. Partage et esprit rassembleur, ‘Parcours secrets’ et quelques réjouissances électroniques. On vous raconte.

‘Tout secret est une révolte’ disait Salim Barakat, poète et écrivain syrien d’origine kurde dans Les Grottes de Haydrahodahus (oulah, on commence un peu trop sérieux ?). À Aulnoye-Aymeries, les Nuits Secrètes n’ont de secret que le nom. Ce week-end encore, 52.000 festivalier-es -sur trois jours- ont eu la même idée que nous.

Déjà l’événement transpire la convivialité et le partage, que ce soit de la part du staff ou des festivaliers entre eux. Il faut dire que les équipes prennent soin de leurs festivaliers. À commencer par le chemin depuis la gare SNCF jusqu’au site, parfaitement fléché ! Certains événements pourraient s’en inspirer.

Au fil du week-end étaient prévues de nombreuses animations, dès tôt dans la journée, pour choyer les campeurs et bien évidemment les meilleurs ambianceurs du coin : l’infernal duo Johnny et Wallace. Karaokay Live (tout est dans le nom, on vous en parlait l’an dernier), Bingo Drag afin de gagner des passes pour l’édition 2025, de la gym tonique, ou encore un grand écran diffusant la finale de l’Euro de football dimanche soir… C’est attentionné tout ça.
Surtout, la boue qui s’est installée dès vendredi aurait pu entacher la fête. C’était sans compter sur les équipes de LNS, qui ont réagi à grands renforts de sciure et de tractopelles.

 

Joyeusetés électroniques

Le festival nous a habitués à de jolis noms électroniques, Jamie XX et Charlotte de Witte il y a deux ans, encore Boris Brejcha, La Darude et Romy l’an dernier.
Cette année Teki Latex a ouvert la grande scène vendredi, un move audacieux dans la programmation. L’occasion de le voir s’essayer au fameux blend ‘Better off alone’ (Alice Deejay) / ‘That’s not me’ (Skepta). Plus tard, Julien Granel a de nouveau traversé la foule pour offrir quelques instants bien ‘électronique surexcitée’ –comme aux Victoires, comme à la Cigale.

On s’est fait secouer par horsegiirL sous le hangar de l’Eden. L’Allemande qui ne se déplace qu’avec un masque de cheval nous a envoyé un parpaing en plein visage. Entre kermesse et hangar berlinois, elle envoie une presta bien perchée qui embarque tout le public avec elle. Les transitions c’est pas trop ça, on a plus souvent droit à du fade in/fade out. Elle remixe ‘Hollaback Girl’, ‘Destination Calabria’ ou ‘Sandstorm’ de Darude (si si). De l’eurodance, de la russian bass, limite hardstyle… Ça part dans tous les sens. On vous laisse écouter les premières minutes de son set, chopés par la team Tsugi Radio (ça commence à 36min20).

Plus tard à la Station Secrète, Nooriyah (qu’on vous présentait ici il y a quelques semaines) a clairement fait le taf, DJ-set tout en sourires en percussions orientales, sur des samples aussi lointains que ‘Niggas In Paris’, ‘Gasolina’, ‘Get you freak on’… Aussi à l’aise et efficace que dans ses Boiler Room londoniennes.

nooriyah nuits secrètes

© Bastin Sarah

On fut moins touchés par Worakls, malgré les arrangements orchestraux. Boys Noize est toujours aussi carré, tout est millimétré. On sent quelqu’un qui connait son métier, finalement. Deux prestations nous ont particulièrement marqués niveau électronique : Rebeka Warrior en DJ-sets accompagnée de son crew de drag queens, d’abord à l’Eden puis à la Station Secrète pour deux ambiances singulièrement différentes.

Du gros kick lourd sous le hangar (à 20h30 svp), ça va tout droit, mais aussi de l’électro clash. Ça se termine par le refrain de l’été ‘La jeunesse emmerde le Front National’, pendant 10 minutes, si bien que le public continue à chanter tout seul après la fin du show. Et bien plus tard elles sont toutes de retour sur la petite scène Station Secrète, où on a pu écouter quelques tracks de Sexy Sushi… Entre autres ‘Plancher de danse’ et ‘Sex Appeal’ pour finir.

rebeka warrior nuits secrètes

© Zasso Emilie

Autre presta marquante, celle de Kiddy Smile toujours à l’Eden, pour un set taille patron classieux, 100% disco house (avec même des incursions tech-house). Il gère parfaitement les intensités, joue avec le public et l’emmène jusqu’à une folie libératrice sans violence, parfaite en ce dimanche soir. Kiddy part piocher des samples qui lancent le public, de Jamiroquai à Blur en passant par Daft Punk… Évidemment ‘You Make Me Feel’, ‘La groupie du pianiste’ ou ‘The Bomb’. Sur le final ‘Hung Up’ (Madonna), Kiddy fait monter quelqu’un du public, qui vient voguer pendant quelques minutes, tout se fait naturellement. Grande classe.

En clôture dimanche soir, on a presque été inquiet pour l’excellent Bradley Zero qui jouait à la Station Secrète juste après Kiddy Smile, et au même moment que Louise Attaque. Il jouait au début devant 40 personnes, et vingt minutes plus tard elles étaient au moins 400-500. Ouf.

yame nuits secretes

© Rémi DEBREU

 

Têtes d’affiche

Oui car en cette année de JO, forcément moins d’artistes internationaux à la prog’, mais de bons gros noms français. Louise Attaque a joué dimanche et a rameuté des hordes de festivaliers, c’était noir de monde devant la grande scène pour écouter la bande à Gaëtan et leurs tubes rassembleurs. Même chose pour Shakaponk, le public voulait sans doute admirer cette dernière tournée et voir pour une des dernières fois, cette énergie dévastatrice et inoxydable.

On fut très contents de retrouver des artistes qu’on voit régulièrement en festivals : notamment PLK, sa tête à claques et ses phases reprises par toute l’assistance ; la classe de Luidji, qui a conquis les coeurs (devant son live charmeur, on a vu un groupe de festivaliers faire des pas de hakken, une danse gabber. On ne s’y attendait pas tant). Nouveaux coups de chapeau à L’Impératrice au live carré et rodé, petites chorés et instant reprise de ‘Aerodynamic’ (Daft Punk). Puis encore et toujours Yamê, qui se présente comme un sérieux candidat pour le trophée du meilleur live de l’année. C’est naturel, sincère, jazz, soul, rap, tout ça en même temps. Merci messieurs-dames.

 

Parcours secrets

Ce qui fait le sucre du festival Nuits Secrètes,  outre la prog classique, ce sont les fameux ‘Parcours secrets’ : sur inscription, par groupes réduits, le festival propose à son public ces sessions uniques. En gros, les spectateurs ne savent ni où on les emmène, ni quels artistes ils s’apprêtent à voir. L’an dernier, on avait notamment vu Eddy de Pretto dans le parcours intitulée ‘Random’.

 

Aussi sur tsugi.fr :: Peacock Society 2024, au Parc Floral comme à la maison | LIVE REPORT

 

Pour cette nouvelle édition, on s’est donc retrouvés au centre aquatique d’Aulnoye-Aymeries, pour un set 100% vinyles prodigué par Marina Trench, house classique teintée de disco… Tout ça devant une assemblée surexcitée qui a enchainé les ‘chenilles’ et les cours d’aérobic improvisés.

Marina Trench Nuits secretes

© Diane Moyssan

Au programme il y a notamment eu Blick Bassy, qui a entre autres invité sur scène Anna Majidson et Loïc Fleury d’Isaac Delusion ; un concert Cyril Atef, percussionniste et ex-batteur de Matthieu Chedid ; ou encore la rencontre entre l’extravagante chorale de seniors The Mamys and the Papys, qui ont chanté du Diams et du Téléphone avec la drag queen Diamanda Callas.

De notre côté, dimanche on est monté dans une voiture et on a atterri au Jardin des Séquoias, doux endroit entre jardin et forêt, supplément oiseaux qui gazouillent. L’installation est idyllique, le live et la voix de Solann le sont tout autant. Qu’elle soit seule au ukulele, ou accompagnée sur des titres plus intenses. Moment captivant, quasi-magique.

solann nuits secrètes

© Diane Moyssan

 

De cette nouvelle édition des Nuits Secrètes, on retiendra des lives canons, des Parcours Secrets toujours aussi déroutants… Et ce qu’on retient le plus (outre l’odeur ambiante de maroilles grillé) c’est cette sensation constante de safe place. On est toustes ensemble, orga, artistes et public. Et ça fait du bien.

 

Pire moment : à chaque fois qu’on a été voir des lives devant la grande scène, le son était plus bas qu’attendu. Si on ne se place pas face à la scène (même de loin), le son paraît étouffé, et en tant que public on se sent quelque peu privé de l’ambiance maximum. Soucis de voisinage ?

Meilleur moment : Rebeka Warrior, Kiddy Smile, Yamê. Toujours aussi dur de faire ce genre de choix

Visited 387 times, 1 visit(s) today