Le CNM répond aux attaques de Spotify France
Jeudi 7 mars, dans un long communiqué posté sur X (ex-Twitter), Spotify France annonçait augmenter les prix de ses abonnements premium à cause de la ‘taxe streaming’ du Centre National de la Musique (CNM). Face à ces accusations, le CNM a répondu le lendemain, marquant sans doute le point final d’une guerre qui tournait au règlement de comptes quasi-puéril. On vous explique.
« En clair, tous nos utilisateurs premium français verront leur abonnement augmenter, et paieront désormais le forfait le plus élevé au sein de l’Union européenne » lâchait le numéro un du streaming musical mondial, après avoir annoncé augmenter ses tarifs français. Selon Spotify France, un seul responsable : la fameuse ‘taxe streaming’. Cette décision de taxe remonte à novembre 2023 après avoir été votée unanimement par le Parlement. Elle consiste à une taxe de 1,2% sur le chiffre d’affaires des plateformes de streaming à destination du CNM, et applicable à partir du 1er janvier 2024.
Lettre ouverte à nos abonnés pic.twitter.com/MajbNCcf4U
— Spotify France (@spotifyfrance) March 7, 2024
Sauf que dans son communiqué, Spotify France accuse -ou du moins sous-entend très fortement- le CNM d’utiliser cette taxe pour des frais de fonctionnement, et non pour aider les artistes : « Notre inquiétude, […] a été que cette taxe n’aille pas directement aux artistes, ni n’ait un rendement tangible visible pour les fans ; au lieu de cela, elle se fera simplement au dépens des auditeurs, et créera un intermédiaire supplémentaire – le CNM ». Tout cela appuyé plus tard dans la journée par une vidéo d’Antoine Monin, boss de Spotify France, entre vulgarisation et démagogie.
Le lendemain, les équipes du CNM répondent pour rétablir la vérité : « le produit de la taxe est intégralement investi dans les programmes d’aides financières que l’établissement déploie à destination des projets des artistes et entreprises de la musique« . Étant une organisation publique, le fonctionnement du CNM est déjà financé par le ministère de la Culture. Toutes taxes ne sont utilisées que pour ses actions. En revanche, sans cette taxe qui s’inscrit dans un principe de solidarité, difficile de réaliser des clips ou des enregistrements pour les artistes émergents qui sortent du mainstream habituel.
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Cette « taxe streaming » suit d’ailleurs le modèle d’autres, déjà existantes, et qui ont fait leurs preuves dans les arts vivants et le cinéma. Respectivement depuis 40 ans (pour les arts vivants) et 80 ans (pour le cinéma). Rappelons d’ailleurs qu’en ce qui concerne les arts vivants, la taxe s’élève à 3,5%. Soit presque trois fois plus que la taxe streaming actuelle.
En plus du communiqué, sur France Musique le patron du CNM Jean-Philippe Thiellay annonçait « Je fais le pari que dans quelque temps, on se dira que c’est un mécanisme qui a permis de défendre la souveraineté culturelle, un peu comme le CNC dans le cinéma, dans un marché mondialisé ultra-concurrentiel. Si on reste les bras croisés, c’est le mainstream qui écrasera tout. »
En guise de conclusion le CNM se laisse, lui aussi, aller à quelques légers pics. On le rappelle, toutes les plateformes de streaming (dont le chiffre d’affaires annuel dépasse 20 millions d’euros) sont touchées par cette taxe ; seul Spotify (en tout cas pour l’instant) augmente ses prix. Difficile alors, de ne pas se demander si ce dernier ne se cacherait pas derrière cette taxe afin de mettre en place une hausse « qui semble par ailleurs s’inscrire dans la continuité de précédentes décisions », comme l’écrit le CNM. En tenant l’organisation publique comme responsable.
Pour l’instant, on na pas plus d’information sur le coût ni la date de mise en place de l’augmentation de Spotify France. Et pour être francs, on a trouvé ça un peu culotté de tant se soucier du revenu des artistes, quand on sait que le géant suédois est le premier à mal les rémunérer.