© Rémi Debreu

Nuits Secrùtes nous parle de ses actions sociales et environnementales🎙

Le fes­ti­val Nuits SecrĂštes se tien­dra du 21 au 23 juil­let Ă  Aulnoye-Aymerie. On a dis­cutĂ© avec Mae­va Jus­tice, qui s’oc­cupe des plans d’ac­tions soci­aux et envi­ron­nemen­taux du fes­ti­val, pour par­ler de leurs engage­ments RSO.

C’est bien­tĂŽt l’étĂ© et la sai­son tant atten­due des fes­ti­vals vient tout juste de com­mencer. On attendait cela avec impa­tience. Car oui, ‘fes­ti­val’ rime avec soleil, musique, bon temps entre copain(g)s, et surtout fies­ta. Cepen­dant, dans un monde oĂč le rĂ©chauf­fe­ment cli­ma­tique est dĂ©jĂ  bien entamĂ© et oĂč les Ă©carts soci­aux se creusent davan­tage, ‘fes­ti­val’ rime aus­si avec empreinte car­bone, pol­lu­tion et ‑parfois- dĂ©bor­de­ments. C’est pourquoi, les organ­i­sa­tions de fes­ti­vals pren­nent de plus en plus d’en­gage­ments RSO (Respon­s­abil­itĂ© Socié­tale des Organ­i­sa­tions). Au tra­vers d’ac­tions en faveur de l’en­vi­ron­nement, de l’ac­ces­si­bil­itĂ© puis de la sĂ©cu­ritĂ© des publics, les fes­ti­vals se tour­nent vers une fĂȘte plus durable et Ă©thique. Pour en com­pren­dre les mĂ©can­ismes, nous avons ren­con­trĂ© Mae­va Jus­tice qui co-construit des plans d’ac­tion RSO au cƓur de l’or­gan­i­sa­tion du fes­ti­val Les Nuits SecrĂštes. DĂ©place­ments, nour­ri­t­ure, ges­tion des dĂ©chets, sĂ©cu­rité  Nous avons dis­cutĂ© de tout ce qui se fait pour ren­dre le fes­ti­val encore meilleur

 

Quelles sont vos prin­ci­pales actions con­cer­nant le respect et la sauve­g­arde de l’environnement ? Au niveau des dĂ©chets par exemple. 

Les dĂ©chets j’en par­le, mais pas telle­ment car cela relĂšve du rĂ©gle­men­taire. On fait le tri car il est oblig­a­toire. On essaye de rĂ©duire nos dĂ©chets au max­i­mum, mais il n’y a rien que vous trou­verez chez nous et que vous ne trou­verez pas ailleurs. On suit la ten­dance, cepen­dant on a Ă  cƓur de faire les choses bien. Par exem­ple, avant de faire un achat, on rĂ©flé­chit d’avantage Ă  nos besoins. On a des scĂ©no­gra­phies Ă  base de palettes : chaque annĂ©e on crĂ©e des Ă©lé­ments de mobili­er qu’on stocke Ă  l’annĂ©e, on ne jette pas Ă©nor­mé­ment de choses. On essaye de rĂ©u­tilis­er. On utilise aus­si une vais­selle com­postable : cela nous per­met de faire de nos dĂ©chets une matiĂšre pre­miĂšre (les agricul­teurs autour s’en ser­vent comme engrais) et on les rĂ©duit dras­tique­ment ain­si. Ce n’est pas rĂ©vo­lu­tion­naire, mais ce sont des choses qui nous pren­nent beau­coup de temps Ă  met­tre en place. 

Pour le respect de la bio­di­ver­sitĂ© et la pol­lu­tion des eaux, on fait la chas­se aux mĂ©gots. On incite les fes­ti­va­liers Ă  venir avec leurs cen­dri­ers de poche et ils peu­vent mĂȘme en fab­ri­quer dans notre eco-village. 

 

© Rémi Debreu

 

Que mettez-vous en place au niveau des dĂ©place­ments des artistes, du pub­lic et des Ă©quipes de Nuits SecrĂštes ?

Les dĂ©place­ments, c’est l’impact prin­ci­pal de notre activ­itĂ© d’organisateurs d’évĂ©nements. Pri­or­i­taire­ment le pub­lic, car il est trĂšs dense. AprĂšs, nous avons un pub­lic par­ti­c­uliĂšre­ment rĂ©gion­al alors on est circuit-court lĂ -dessus. On essaye aus­si de le faire sur les artistes mais il faut bien qu’on arrive Ă  pro­mou­voir la diver­sitĂ© cul­turelle sur scĂšne. On ne s’interdit donc pas de pro­gram­mer un artiste qui pour­rait reprĂ©sen­ter une cul­ture musi­cale dif­fĂ©rente. Le dĂ©place­ment des artistes c’est tou­jours com­pliquĂ© car on n’a pas la main dessus. La balle est dans le camp des tourneurs, qui doivent essay­er de con­stru­ire un itinĂ©raire qui rĂ©duirait leur empreinte car­bone. Alors, on incite les artistes Ă  la mesur­er, c’est quelque chose que l’on met dans leur con­trat. 

LĂ  oĂč on a la main, c’est sur la mobil­itĂ© de nos Ă©quipes. Tout le monde vient de la rĂ©gion, c’est dĂ©jĂ  un point posi­tif. Pour le pub­lic qui vient d’autre part, Aulnoye-Aymeries est une petite ville rurale mais elle a l’avantage d’avoir une gare. On pro­pose des trains Ă  par­tir de 1€. On essaye aus­si de pro­mou­voir le co-voiturage. On ne tra­vaille pas avec une plate­forme en par­ti­c­uli­er mais on incite les fes­ti­va­liers Ă  le faire. On leur met aus­si Ă  dis­po­si­tion un com­para­teur de voy­age : Tic­tac­trip. Ce site leur pro­pose plusieurs solu­tions de mobil­itĂ©s douces pour se dĂ©faire du rĂ©flexe de venir avec leur voiture per­son­nelle. On incite Ă©gale­ment la pra­tique du vĂ©lo : un cortĂšge par­tant du lit­toral dunkerquois qui passera par Lille et vien­dra au fes­ti­val. Cette annĂ©e, pour nos ‘Par­cours Secrets’, on pro­pose aux fes­ti­va­liers de venir Ă  vĂ©lo Ă  Nuits SecrĂštes.  

 

 

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CĂŽtĂ© nour­ri­t­ure, bois­sons quels sont, pour l’environnement et le fes­ti­val, les avan­tages de con­som­mer local ?

L’avantage est pre­miĂšre­ment Ă©conomique : on priv­ilĂ©gie des acteurs du ter­ri­toire. C’est impor­tant pour nous de pou­voir soutenir une Ă©conomie locale. Ensuite, il y a un enjeu d’empreinte car­bone. En s’approvisionnant locale­ment, on rĂ©duit les dis­tances des livraisons. On essaye de faire com­pren­dre aux fes­ti­va­liers qu’on veut vrai­ment de rĂ©duire cette empreinte et on leur demande de faire des efforts pen­dant trois jours pour ne pas con­som­mer de viande rouge, ou de pro­duits exo­tiques. On a donc une carte food 50% vĂ©gé­tari­enne. On demande aux food trucks de pro­pos­er des recettes orig­i­nales pour attis­er la curiositĂ© des fes­ti­va­liers, leur faire dĂ©cou­vrir de nou­velles saveurs. En tout cas on le voit, si on vend moins de plats carnĂ©s, cela change dras­tique­ment notre empreinte car­bone. 

Ce qu’on applique au pub­lic, on l’applique Ă©videm­ment aux artistes. Ils ont un plat sur deux qui ne pro­pose pas de viande. Et, on voit que cela ne pose pas trop de soucis. Les men­tal­itĂ©s changent. 

 

Faites-vous un bilan car­bone ? 

Le prob­lĂšme, c’est que l’on manque cru­elle­ment de chiffres sur tout ça. C’est tout l’intĂ©rĂȘt de faire un bilan car­bone, et c’est le tra­vail que l’on compte faire cette annĂ©e en effet. C’est une dĂ©marche volon­taire de la direc­tion qui est trĂšs impliquĂ©e dans ces ques­tions. On a le sen­ti­ment qu’on pro­gresse mais on a encore du mal Ă  avoir des indi­ca­teurs quan­tifiĂ©s et rien n’est plus sen­si­bil­isant qu’un chiffre. Sur plusieurs annĂ©es on pour­ra voir notre Ă©vo­lu­tion. 

 

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Com­ment maintenez-vous une sĂ©cu­ritĂ© ? Avez-vous des stands de prĂ©ven­tion ? Les Ă©quipes du fes­ti­val Les Nuits SecrĂštes ont-elles suivi des for­ma­tions ? Lesquelles ? 

La sĂ©cu­ritĂ© est Ă©videm­ment la plus grosse prĂ©oc­cu­pa­tion de l’organisation. On fait appel Ă  un prestataire de sĂ©cu­ritĂ©, on a la Croix Rouge
 On a Ă©videm­ment trĂšs Ă  cƓur de chou­chouter le fes­ti­va­lier et d’avoir une bonne qual­itĂ© d’accueil. Pour moi, la base du dĂ©veloppe­ment durable c’est de bien accueil­lir. Ça ne sert Ă  rien de faire des actions poussĂ©es si la base de l’accueil n’est pas bonne. Alors on pense aux points d’eaux, aux stands infos, prĂ©ven­tions, ressources, aux bou­chons d’oreilles, aux coins de repos


Pour la prĂ©ven­tion surtout on a l’espace ‘Nuits Douces’ gĂ©rĂ© par des asso­ci­a­tions spé­cial­isĂ©es en san­tĂ© et/ou dans la rĂ©duc­tion des risques en espaces fes­tifs. Comme par exem­ple Tar­mac ‑un parte­naire local‑, la CPAM, le Plan­ning Famil­ial, le 3114 (ligne de prĂ©ven­tion con­tre le sui­cide)
 On a aus­si le dis­posi­tif qu’on met en place pour les luttes con­tre le har­cĂšle­ment et les agres­sions sex­istes et sex­uelles : on instau­re un cli­mat de bien­veil­lance, on rap­pelle la loi, on incite Ă  utilis­er l’application SAFER. On a aus­si des ‘Safe Zones’ avec des psy­cho­logues, car sou­vent les per­son­nes qui ont fait face Ă  un dan­ger ou en on Ă©tĂ© tĂ©moins ont besoin d’un pre­mier accueil. 

 

Quelles sont vos solu­tions pour ren­dre la cul­ture musi­cale acces­si­ble Ă  toutes et tous ?

Pre­miĂšre­ment on veut rester un fes­ti­val acces­si­ble dans les tar­ifs. On fait Ă©gale­ment de la gra­tu­itĂ© pour les riverains. On veille aus­si Ă  l’accessibilitĂ© sur le plan physique au niveau de l’accueil des per­son­nes en sit­u­a­tion de hand­i­cap. Encore une fois c’est du rĂ©gle­men­taire, il n’y a pas Ă  glo­ri­fi­er cette action, on ne devrait mĂȘme pas avoir Ă  en par­ler, cela devrait ĂȘtre com­plĂšte­ment nor­mal. Les per­son­nes Ă  mobil­itĂ© rĂ©duite peu­vent venir avec un accom­pa­g­na­teur pour le prix d’un seul bil­let. Cela peut les motiv­er Ă  prof­iter de ce moment de fĂȘte eux aus­si. On tra­vail Ă©gale­ment beau­coup avec des asso­ci­a­tions de rĂ©in­ser­tion : des per­son­nes dans cette sit­u­a­tion vien­nent donc nous aider pour la con­fec­tion des repas, des dĂ©co­ra­tions, le net­toy­age du site
 Autant faire appel Ă  un prestataire qui agit sur l’inclusion via le tra­vail. C’est ain­si qu’on a envie de faire notre fes­ti­val. 


Qu’aimeriez-vous amĂ©lior­er Ă  l’avenir ? 

La liste est longue (rires). Tous les ans on con­vient d’un plan d’action pour l’annĂ©e. On a deux pri­or­itĂ©s. La pre­miĂšre serait de met­tre en place des navettes payantes ‑à un tarif abordable- pour emmen­er le pub­lic au fes­ti­val. Ces bus per­me­t­tront de rĂ©duire l’usage de la voiture indi­vidu­elle, et de ren­dre le fes­ti­val plus acces­si­ble aux petits patelins d’à cĂŽtĂ©, qui n’ont pas de trans­ports en com­mun. En un seul coup, on solu­tion­nerait l’empreinte car­bone et l’accessibilitĂ© pour tous les jeunes qui sont autour. La sec­onde chose serait de ren­forcer la via­bil­itĂ© du champ dans lequel le fes­ti­val se trou­ve et de met­tre plus de points d’eau. On aimerait vrai­ment ne plus dĂ©pen­dre des petites bouteilles d’eau en plas­tique. Et Ă  l’avenir, on voudrait encore plus con­solid­er les actions au niveau de l’insertion, de l’inclusion. On aimerait encore plus rassem­bler les gens lors des Nuits SecrĂštes. 

 

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