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© Camille Charton
16 septembre 2024

PORTRAIT : Geiste, prêtresse dark pop des bois tropéziens

par Juliette Miglierina

Elle parle aux araignées, sauve des abeilles et enregistre sa musique au cœur de la forêt tropézienne. Geiste est de celles qui contemplent la vie en prenant le temps d’en comprendre les rouages. Elle écrit, compose et produit pour tenter de se comprendre et trouver une forme d’apaisement. Portrait d’une artiste à l’énergie mystique, qui sortira son quatrième EP To Dusk le 1ᵉʳ novembre prochain. 

Geiste, c’est la face lumineuse, solaire et optimiste de Marie, une jeune femme soucieuse de l’évolution du monde et des bouleversements ‘sociétaux’, comme beaucoup de jeunes de la gen’ Z. Elle commence la musique avec le violon dès l’âge de sept ans. Elle se tourne rapidement vers la guitare et le piano, car “stratégiquement parlant, le violon n’est pas le meilleur instrument pour chanter en même temps” rigole-t-elle.

C’est grâce à ses crushs du collège qu’elle commence à écrire ses premières chansons. « Quand j’étais petite, j’offrais déjà des livres d’histoire que j’avais inventés pour Noël à ma famille » confie Geiste. Inventrice de mondes imaginaires (avec une pointe de réel), elle crée de la musique avec des sonorités qui la connectent directement à ce qu’elle ressent.

 

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Marie découvre la production musicale, les DJ-sets, la techno et les bidouillages sur Ableton en arrivant à Paris, pour ses études de commerce. « Ce n’était pas vraiment ma tasse de thé, pour tout dire… » confie-t-elle, tout en expliquant que c’est grâce à cette voie professionnelle qu’elle a décidé de construire l’identité de Geiste. Un mélange d’envie de voyage et de passion musicale l’ont amenée jusqu’à Londres pour un stage dans un label de rock-punk-indé. Après s’être occupée de la carrière des autres et rempli son carnet de contacts, elle débute les petits concerts estivaux en construisant ses sets avec des reprises.

Son identité dark-pop est née dans un abri de jardin à Glastonbury, lors de l’enregistrement de ses premières démos pendant deux semaines, non-stop. “Vous allez me prendre une folle, mais vu que j’étais seule, j’ai même fini par parler aux araignées. Parce que le temps commençait à être un peu long ” s’amuse-t-elle (les arachnophobes en sueur).

Geiste

© Camille Charton

Le nom d’artiste Geiste lui apparaît, deux semaines plus tard, dans une ruelle sombre de Copenhague. Au bout de celle-ci, le mot « Geiste » était écrit dans la police « Hello Goodbye » : fine, lumineuse et tremblotante. “Quand j’ai vu ça, je me suis dit… mais c’est moi ! Ça me ressemble et en plus, ça veut dire esprit, fantôme ». Une évidence donc, pour la jeune femme qui se décrit comme ‘une âme à mi-chemin entre le ciel et la terre’.

 

De Londres à la forêt Tropézienne

Son premier single sort en 2019, à Londres, avec à la prod’ une armée d’amis musiciens rencontrés depuis son stage en label. Bien entourée donc, pour tisser son identité musicale entre les grandes orchestrations de Woodkid, la voix haut perchée de Florence and The Machine et le sadcore de Lana Del Rey. Inspirée par l’eau, l’esprit et le feu dans ses EP précédents, Geiste construit sa discographie comme un fil rouge.

Mais, le COVID passant par là un an plus tard, Geiste doit quitter sa ville d’adoption pour rejoindre son sud natal à Gassin, petit village niché au creux de la forêt tropézienne. Un coup dur qui la pousse à réinventer sa musique, se retrouvant seule devant ses machines, sans son équipe. « Avec du recul, je me suis rendue compte qu’à Londres, je me cachais derrière des sonorités trop grandioses, qui prenaient trop de place par rapport aux messages que je voulais faire passer » admet-elle en expliquant son tournant vers des nappes plus douces et apaisantes en piano-voix, frôlant de près l’ambient avec quelques modulations sonores.

Depuis, Marie adopte cette construction musicale pour exprimer davantage sa vulnérabilité et être au plus proche d’elle-même. S’isoler dans les bois, dans une petite maison, aux côtés de sa grand-mère, dont elle s’occupe au quotidien. Elle y passe son temps à écrire, composer, recycler des vêtements et surtout, à contempler la vie pour se sentir bien. Si bien que les espaces environnants ajoutent une plus-value à ses textes, dessinant des ambiances entre ombre et lumière.

« Pour mes premiers tracks, je me suis beaucoup imprégnée des rues de Londres et de la solitude des âmes, qui vont et viennent en permanence. Depuis que je suis revenue en France, c’est plutôt la nature qui prône dans mes compos » précise-t-elle. Son univers s’inspire également des films fantasy, voire folk-horror rappelant le registre de Guillermo del Toro. On retrouve aussi beaucoup de poésie, notamment les ouvrages de Nikita Gill, dont les thèmes de prédilection tournent autour du féminisme et des divinités indiennes, et ceux d’Ocean Vuong.

 

To Dusk, cinq petites ballades dépressives en un EP

Après Utopia, Retrogrades et Ashes dont la suite logique est certaine, To Dusk débarque comme une parenthèse. Pas d’élément naturel attitré dans ce nouvel EP qui paraitra sur toutes les plateformes le 1ᵉʳ novembre prochain. Cette fois-ci, Geiste chante et joue les différentes facettes du deuil : perdre quelqu’un, lâcher une relation, vivre une rupture, s’en remettre, prendre son envol puis se reconstruire, enfin. « À chacun.e sa résonnance à l’écoute de ces cinq morceaux » insiste-t-elle en ajoutant « Pour moi, il était plutôt question d’accepter d’avoir perdu la personne que j’étais en Angleterre, ma vie là-bas et mon entourage musical ».

Des envolées au piano, une voix calme qui se mue en chœurs solennels : en bref, un ensemble doté d’une profondeur dont le seul but est de créer des échos, pour suivre le chemin de la repentance. Au fil des cinq titres, on cerne l’impact qu’ont pu avoir les empreintes sonores de Lana Del Rey ou d’Agnès Obel dans la construction de cet EP.

Leur point commun ? Un côté mystique bien ancré en premier lieu, une orchestration autour des instruments à cordes et une voix basculant entre délicatesse et intensité. « Je les appelle les petites ballades dépressives, mais elles m’ont, avant tout, aidée à aller de l’avant. J’espère qu’elles guideront les âmes qui en auront le plus besoin ! ». Pour les plus impatient.e.s, les morceaux ‘the promise’ et ‘to dusk’ sont déjà disponibles en écoute !

 

 

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