Seabass, quand l’industrie du vinyle se met au vert
Alors que le vinyle connaît un retour en force ces dernières années, il traîne avec lui une ombre encombrante : celle d’un impact écologique désastreux. Mais voilà que Seabass Vinyl, usine de pressage écossaise, annonce être devenue la première usine de pressage zéro-carbone au Royaume-Uni. Bref, c’est possible.
On en parlait il y a quelques jours : le retour vinyle, amorcé depuis plusieurs années, atteint un jalon historique en 2024 en France. Pour la première fois depuis les années 1980, il surpasse le CD en termes de chiffre d’affaires (mais toujours pas en nombre de ventes) : 98 millions d’euros générés contre 91 millions d’euros pour le disque compact, selon le rapport du snep. Au Royaume-Uni, bien que le CD se vende encore plus que le vinyle, Dominique et David Harvey, fondateurs de Seabass Vinyl, n’ont pas attendu un renversement de tendance pour s’engager dans une démarche durable.
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Au menu : production d’énergie sur site, recyclage des chutes de vinyle et surtout, un matériau alternatif intrigant – du bio-vinyle fabriqué à partir d’huile de cuisson recyclée. On est loin des procédés classiques reposant sur le PVC, ce plastique ultra-polluant issu du pétrole, dont la fabrication est aussi toxique qu’énergivore.
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Le problème, c’est que la planète vinyle est encore engluée dans ses propres contradictions. En France, le disque microsillon bat des records de vente, avec près de 6 millions d’exemplaires écoulés en 2024 selon le rapport du snep 2024. Un engouement qui ne faiblit pas, mais qui soulève une question cruciale : comment concilier passion pour l’analogique et conscience environnementale ?
Des initiatives émergent timidement, comme celle de La Contrebande, atelier parisien qui grave les vinyles à la commande plutôt que de les presser, évitant ainsi les gaspillages de production. À Rennes, l’usine M Com Musique planche sur une alternative encore plus ambitieuse : un vinyle à base d’algues. Mais la véritable avancée pourrait bien venir d’outre-Manche, avec Evolution Music et son ‘bio-LP ‘en bioplastique issu de la canne à sucre, déjà adopté par le label Ninja Tune.
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La route est encore longue pour un vinyle véritablement propre, mais Seabass Vinyl ouvre la voie en prouvant qu’un changement est possible.
La question qui reste en suspens : l’industrie suivra-t-elle ? Ou restera-t-elle coincée dans sa boucle nostalgique, incapable de voir que l’avenir du vinyle passe aussi par sa capacité à se réinventer ?
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