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© Frank LeBon
30 janvier 2024

The Smile (Radiohead) : bon, que vaut ce nouvel album ?

par Olivia Beaussier

Ce 26 janvier est sorti le second album de The Smile, Wall Of Eyes. Jamais très loin de leur groupe d’origine, les deux Radiohead Thom Yorke et Jonny Greenwood, accompagnés du batteur de Sons of Kemet, Tom Skinner, sortent un album dans la continuité du premier, A Light For Attracting Attention. Mais cette fois-ci tout semble épuré, net, plus ‘Radiohead’ en quelques sortes. On a passé le week-end bercé de sons flottants et de voix aiguës. On s’en parle.

Cet album étonne, et ce dès les premières secondes. Le single éponyme, qu’on avait déjà pu découvrir en novembre, ouvre le projet avec une ballade à la guitare folk. Plus le morceau avance, plus la voix de Thom Yorke se rajoute, suivie des instruments puis des échos… Les aires s’enroulent autour de la guitare lui donnant la profondeur dont elle manquait. Cet instrument est au centre de l’introduction, mais sera aussi au centre de l’album entier. Chaque chanson à sa propre version, nous plongeant un peu plus dans l’univers de The Smile.

En recherche du climax

La structure parle d’elle-même : seulement huit tracks, dont le plus court dure 4 min 35. The Smile nous promet des titres lents/longs et étirés. On découvre la profondeur du projet, où le climax ne semble jamais vraiment arriver. « Read the Room » et « Under Our Pillows” sont guidés par cette guitare qui devient électrique, quasi-digne d’un groupe de hard rock. Elle s’accélère, atteint son apogée, puis tout se coupe net. Ce qui tenait le morceau se fond dans la masse.

Cette masse flottante, c’est l’un des éléments propres à Radiohead. Où les sonorités sont tellement étirés que, comme de la guimauve, cèdent à un moment, se coupant au milieu. « Teleharmonic » (qu’on avait déjà pu découvrir dans Peaky Blinders) est la consécration de ce sentiment. Les sons s’assemblent, se font échos, la voix de Thom Yorke devient un instrument à part entière. Dans un calme déroutant, on atteint un -profond- moment d’émotion. Et c’est là tout le mystère de The Smile : c’est dans l’attente qu’on atteint le climax.

The Smile où la cacophonie devient harmonie

Après une première partie pleine de tonalités étirés, de longueurs en conclusions renversantes… « Friend Of A Friend », qui ouvre la seconde moitié de l’album, sonne comme un air de jazz qui vient remettre un peu de douceur et de calme. Entre cacophonie et harmonie, The Smile se révèle dans sa mélodie.

« Bending Hectic », le morceau le plus long du disque, mais aussi celui le plus Radiohead, respire cette binarité. Au début, un son calme, mélancolique, bercé par les guitares de Jonny Greenwood, la voix aiguë de Thom Yorke. Puis après 5min30 de calme, c’est deux longues minutes 30 de bruit. Ce fameux bruit. Quand les mots sont trop faibles, The Smile fait du bruit, et s’exprime comme cela. La cacophonie devient harmonie. Rien ne se ressemble, mais tout s’assemble. L’album entier sonne presque comme un grand final.

 

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Et d’un coup tout s’arrête. Place à la conclusion : « You Know Me ». Thom Yorke chante, ou plutôt murmure. Tout doucement, il ferme cet album. « You Know Me » fait miroir à l’ouverture, qui était un cri introspectif, un besoin de se renouveler. Dans le morceau final, les artistes appuient le sentiment d’être observé – « percés par des rayons laser » comme ils le disent eux-mêmes. La phrase « You know me » devient alors presque humoristique. Qui peut vraiment les connaître ? Eux-mêmes avouent ne pas savoir entièrement.

Wall of Eyes devient une énorme quête identitaire. Ce climax qu’on pensait atteindre à un moment, n’arrive finalement jamais. Et on ne sait plus tout à fait qui on est, mais ce n’est pas très grave. De toute façon, on est constamment observé par ce fameux mur d’yeux (Wall Of Eyes, vous l’avez ?) Eux, doivent mieux le savoir.

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