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28 mai 2020

Tsugi Podcast 591 : Jack de Marseille

par Patrice BARDOT

Monument de la musique électronique française des années 90, Jack De Marseille fête 30 ans de carrière avec un mix de deux heures entre classiques acid-house, techno mentale et irrésistibles grooves.

À la fin des années 90, le royaume de la musique électronique française était partagé entre deux hommes, deux pionniers. Au nord, régnait Laurent Garnier et au sud, Jack de Marseille. Si le premier a depuis rarement quitté les sommets, le second s’est fait beaucoup plus discret. Élu meilleur DJ de l’année en 1997 et 1998 par les lecteurs respectivement de Coda et de Trax, Jacques Garotta, son vrai nom, n’a toujours eu qu’un seul but : faire danser les gens. Une vocation qui est née très tôt au milieu des années 80 lorsqu’il se passionne pour l’early acid-house, l’EBM, ou la new beat, bricolant des mixes à l’arrache dans sa chambre à l’aide de son ghetto-blaster. C’est en 1990 qu’il fait vraiment ses premiers pas, professionnellement parlant, derrière la cabine d’un club au Cap d’Agde puis à Aix-en-Provence. Au fil de ses rencontres dans une scène encore balbutiante, il tape dans l’œil, et surtout les oreilles de Manu Casana, organisateur en 1992 de la fameuse rave des Transmusicales de Rennes qui le programme en compagnie de The Orb, Underground Resistance ou encore Frankie Bones.

On n’arrête plus le Marseillais. Tout s’enchaîne, résidence sur Radio FG, puis au Rex Club, performance remarquée à la fin de la première Techno Parade en 1998, sans compter des compilations mixées, dont certaines, se vendent à 100 000 exemplaires. Son style très éclectique, mais au final assez inimitable jongle, toujours en finesse, entre techno et house. Il pousse même les influences plus loin vers le funk ou la soul, sur ces deux albums Free My Music(2002) et Inner Visions (2009), certainement mésestimés alors par la critique, mais qui méritent une réévaluation aujourd’hui. Encore faudrait-il qu’ils soient disponibles sur les plateformes de streaming. Même au sommet de sa carrière, Jack n’a jamais quitté sa base, Marseille. C’est là où il a organisé les deux premières raves de la cité phocéenne, les Atomix en avril et juin 1992, et où il a ouvert son magasin de disques, Wax Records entre 1995 et 2003 et lancé son label Wicked Music.

Cet attachement à sa ville, qui l’a tenu loin des petits cercles parisiens, explique en partie ce manque de reconnaissance pour quelqu’un qui a quand même ouvert pour les Daft Punk sur leur première tournée en 1997 ou aligné six résidences successives avec Carl Cox au Space d’Ibiza. Car l’aura de Jack de Marseille est planétaire de l’Asie à l’Amérique du Sud où il se produit encore aujourd’hui. Alors faut-il entonner l’éternel refrain : nul n’est prophète dans son pays ? Peut-être, mais il faut reconnaître aussi qu’entre problèmes personnels et une certaine lassitude, le désormais cinquantenaire (54 pour être précis) traverse les dix dernières années comme une ombre.

Jusqu’à ce que l’équipe du festival Château Perché le programme en 2016, en offrant ainsi à la jeune génération la vision d’un DJ intransigeant et surtout très libre. C’est cette liberté de ton que l’on retiendra du podcast qu’il nous livre en exclusivité pour Tsugi où l’on reconnaîtra les pépites signées Yovav “Caribbean Zen Mode (Gerd Hanson’s remix)”, Random XS “Give your body (Delta Funktionen 3am Mix)”, Talaboman “Brutal Chugga Chugga (L.B. Dub Corp remix)” ou encore Maceo Plex “Mutant Disco”. Deux heures de plaisir dancefloor. Une belle manière de fêter ses trente ans de carrière. Et d’amorcer les trente suivantes pour ce nouveau résident de la mythique Radio Maxximum. Qui ressuscite elle aussi. Ce n’est sûrement pas un hasard.

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