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Crédit : Manon Lnlbt
9 septembre 2020

Tsugi Podcast 599 : Slowglide

par Alix Odorico

Il signe le podcast 599, Slowglide représente le plus intéressant de l’underground électronique français actuel. Membre éminent du collectif rémois La Forge, qui ne cesse – lui aussi – de gravir les échelons de la club music hexagonale, il lâche un mix psychédélique, sombre et introspectif.

En février dernier, on avait rencontré le jeune collectif La Forge venu de Reims, à l’occasion du second volet de leur compilation : Crysta Ampullaris Vol.2 (depuis, il y a eu Crysta Ampullaris Vol.3). Ils nous avaient expliqué leur façon de faire : remettre la scène rémoise sur de bons rails, avec une philosophie de la fête inspirée par leurs aînés et un spectre musical aussi large que le crew comprend de membres. Ça tombe bien, Slowglide en fait partie. Il se sépare de sa bande de copains à l’occasion de ce mix pour Tsugi, un voyage futuriste d’une heure au carrefour de la bass music, de la trance, du dancehall et de la trap.

Si tu devais décrire à ta mère la musique que tu produis et joues, tu lui dirais quoi ?

Pour info, mes géniteurs sont très classic rock. J’ai donc toujours eu du mal à leur expliciter clairement ce que je faisais alors que paradoxalement, je leur dois une grande partie de ma culture musicale. Pour présenter les choses simplement, je produis une musique électronique hybride, généralement lente, syncopée et teintée de psychédélisme. Un peu comme si tu te trouvais au carrefour du rock expérimental allemand des 70’s, de la techno de Détroit et d’influences plus éparses comme l’ambient, le dancehall et la bass music anglaise. Quant à ce que je joue, tout dépend évidemment du contexte mais j’essaye toujours de proposer l’expérience musicale la plus large possible.

« On sent qu’il y a une volonté commune de sortir des carcans un peu trop stricts et rectilignes de la techno actuelle.« 

Ton nom est associé à la scène électronique française underground, et tu es présent sur des compilations de labels émergents, sur des line-ups de soirées de collectifs intéressants également… Comment décrirais-tu l’état de cette scène en ce moment ?

Florissante ! On sent qu’il y a une volonté commune de sortir des carcans un peu trop stricts et rectilignes de la techno actuelle, ou du moins d’y proposer des alternatives, et c’est d’ailleurs le leitmotiv de mon collectif La Forge basé à Reims. Bien que notre référentiel commun soit la techno au sens large du terme, on ne se cantonne pas à quelques styles en particulier, on essaye d’amener notre public vers d’autres moods et d’autres esthétiques. Pour citer certains crews dans cette vibe de changement, je pense à Worst Records et Positive Education à Saint-Étienne, BFDM (Lyon), Comic Sans Records, Bamboo Shows et Discolored Field à Lyon, Tplt à Bordeaux, Metaphore à Marseille, Abstrack Records à Nantes, le Toulouse Gouffre Club, mes gars sûrs de GEIPAN à Paris… J’en oublie beaucoup et mes connaissances du terrain sont encore assez lacunaires, mais partout en France on voit grandir et se développer des initiatives et des esthétiques plutôt singulières et ça, c’est très bon signe !

 

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Maintenant que les clubs sont fermés et que le retour avec le public n’est pas possible, est-ce que ça change quelque chose dans ta production de la club music ?

Clairement. Le confinement a changé la donne pour beaucoup de producteurs. J’ai dû travailler au casque pendant trois mois jusqu’à m’en tuer les oreilles (rires) ! Du coup, vers le mois de mai, j’ai commencé à travailler sur des morceaux moins orientés dancefloor et beaucoup plus axés sur l’aspect mélodique et textural, parfois enregistrés avec de « vrais  » instruments. C’est de la musique à écouter dans un living-room et non dans un club. Pour ma part, le confinement a eu beaucoup de bons côtés : j’ai eu le temps de mater des tutos sur YouTube et de lire des bouquins de théorie pour progresser techniquement.

« La frustration de ne plus aller en club m’a motivé à faire quelque chose de plus sombre et abrasif que ce que j’ai l’habitude de faire, mais le mot d’ordre reste le même : psychédélisme.« 

Ton mix semble assez obscur, tu peux nous raconter l’histoire autour de sa production ?

L’idée était de synthétiser en une heure mon idéal actuel d’une club music à la fois lente et subtile, empruntée d’indus, de trance, de dancehall ou de trap. On peut dire que je me suis bien amusé sur le pitch. Aussi, la frustration de ne plus aller en club m’a motivé à faire quelque chose de plus sombre et abrasif que ce que j’ai l’habitude de faire, mais le mot d’ordre reste le même : psychédélisme. Une fois ma sélection faite, je suis passé chez mon voisin Vina Konda squatter les Pioneer et une heure après, c’était dans la boîte.

C’est quoi la suite pour toi ?

Là, je prie pour la réouverture des lieux car j’ai hâte de retrouver les platines et de rejouer en live. Sinon, dans l’immédiat, j’ai un morceau qui sort sur la prochaine compilation d’Antinote. Je termine aussi un EP pour Comic Sans Records et il va falloir mettre de l’ordre dans les morceaux créés pendant le confinement. Enfin, avec La Forge, on cogite sur une nouvelle compilation pour la fin de l’année avec pas mal de surprises dessus.

Tracklist du podcast 599

1.Ricco – Al Akhir [Worst Records] 2.borderlandstate_the best kisser in l.a – RIE/INO [Pseudonym Records] 3.Krikor – Gasoline Ghoul [self-release] 4.Slikback – NOBORU [self-release] 5.Forthcoming Gamma Intel & Identified Patient
6.Roho – Alter Ego [Weaponry] 7.JAI – Virus [Super Utu] 8.Gamma Intel – Sleep Simulator [Traumgarten] 9.Warzou – Joint Métallique [If-Only] 10.Tassilo Vanhöfen – Heavy Armor [Super Utu] 11.Piezo – The Mandrake [Version] 12.Fareed – Process RPZ [Big Science] 13.Nice Girl – Whistling Thorn [Public Possession] 14.Low Jack & Qoso – Like It Soft [In Paradisum] 15.Plastikman – Konception [NovaMute] 16.Sonic – Mint Tea Riddim [Pressure Dome] 17.Slowglide – Ego Death [La Forge] 18.Malcolm feat. ڭليثرGlitter٥٥ – Damâa [Biologic Records]

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