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©Jacob Khrist
18 mars 2021

🔊 Tsugi Podcast 617 : Psycho Tropiques (Curuba), mirage Ă©lectronique

par Théo Poddevin

Pour ce 617Ăšme podcast, on vous propose de vous poser, de ralentir le tempo avec le duo Psycho Tropiques. Issus de la scĂšne techno downtempo, ils sont, avec leur collectif et label Curuba, une bouffĂ©e d’oxygĂšne sur un horizon parfois saturĂ© de techno poussive. À travers un mĂ©lange d’influences allant du reggaeton au trip-hop en passant par le dub, ce mix offre un voyage musical rythmĂ© tout en lenteur.

Psycho Tropiques, c’est Alexis et Yann. Actif depuis environ 2016, ils fondent le collectif Curuba avec Ditti et Döm Ă  la suite de leur rencontre au Totem Festival, rejoints par la suite par Arceka, Nunsense et H2o. Se dĂ©finissant comme un collectif et un label de musiques hybrides et multicolores, ils explorent ensemble une palette de sonoritĂ©s variĂ©es, de mĂ©lodies chaleureuses, des rythmes mĂ©talliques, des atmosphĂšres sombres ou solaires. Curuba est Ă©galement un label engagĂ©. Vous avez peut-ĂȘtre pu les croiser sur le char du SOCLE lors de la manifestation de Culture 4 Liberty. Ils animent Ă©galement les podcasts (M)ondes Sonores oĂč ils mettent en avant l’idĂ©e de sortir des contraintes du set dancefloor habituel. Faire bouger les choses, les lignes et rĂ©flĂ©chir autrement sont donc les maĂźtres mots de ce collectif en marge, Ă  qui on a demandĂ© de rĂ©aliser ce Tsugi Podcast 617.

« La musique n’a pas forcĂ©ment besoin d’ĂȘtre rapide pour ĂȘtre dansante. »

Pouvez-vous nous parler de ce podcast ? Qui sont les artistes présents ? Quelles relations avez-vous avec eux ?

On a essayĂ© de montrer un petit panorama de ce qui nous fait kiffer en ce moment, et de ce qui nous a inspirĂ© jusqu’Ă  maintenant. On a essayĂ© de faire un truc progressif, qui monte en intensitĂ© jusqu’à Ă©clater comme une bulle et repartir sur autre chose. Il y a des morceaux du label, un tirĂ© de l’EP d’H2O et GATS, et un remix du prochain EP Ă  venir qu’on adore. Il y a des morceaux d’ami.e.s dont on est trĂšs fan, comme le remix de Cigarra, d’artistes qu’on admire beaucoup comme Azu Tiwaline. Il y a des petites surprises et des vieux favoris vers la fin ! Globalement, l’atmosphĂšre du podcast est assez brumeuse et percussive, peu de mĂ©lodies mais plutĂŽt des ambiances qui se fondent les unes dans les autres avec des percussions qui rĂ©sonnent dans tous les sens. Ça va de l’ambient au deep reggaeton, du dub au breakbeat. Comme toujours, on essaie en amont de sĂ©lectionner quelques morceaux chacun de notre cĂŽtĂ©, on les Ă©coute ensemble pour dĂ©gager les grandes lignes de ce qu’on veut raconter, de tester des connexions nouvelles. On n’essaie pas seulement d’enchaĂźner des morceaux isolĂ©s, mais de faire Ă©merger des choses nouvelles de ces associations.

©Virgil Defontaine

Pouvez-vous nous parler de la prochaine sortie de Curuba ? Et de son format aussi, pourquoi la cassette ?

C’est un EP collaboratif entre H2o, membre fort du collectif, et le Berlinois GATS, dont tous les morceaux sont issus de leurs jam sessions Ă  Berlin. Les deux partagent la mĂȘme approche spontanĂ©e et intuitive de la musique, un rapport trĂšs fort au live aussi (tous les lives d’H2o sont improvisĂ©s) qu’on affectionne particuliĂšrement, et qui se retrouve dans la dynamique des morceaux, qui sont Ă  la fois dansants et imprĂ©visibles. Ce projet inaugure la sĂ©rie Curuba Tapes, c’est donc la premiĂšre sortie physique du label.

Alexis : Concernant le format, faut avouer que c’est surtout Yann qui a forcĂ©…

Yann : …Parce que je suis trĂšs nostalgique de ce format, ayant grandi avec des cassettes et Ă©tant aussi un des premiers moyens d’expression musicale que j’avais, Ă  travers l’enregistrement de compilations pirates Ă  partir des morceaux qui passaient Ă  la radio, etc.

Alexis : D’autre part, c’est un objet dont on affectionne particuliĂšrement l’esthĂ©tique, et qui a l’avantage d’ĂȘtre moins onĂ©reux Ă  produire, et donc Ă  acheter que le vinyle, surtout pour des petites quantitĂ©s. Notre public, ces derniĂšres annĂ©es, Ă©tait principalement concentrĂ© sur SoundCloud ; c’est ainsi une maniĂšre pour nous de faire un premier pas dans le physique, et d’essayer de toucher de nouvelles personnes en passant par d’autres circuits que ceux des algorithmes des plateformes numĂ©riques.

OĂč vous placez-vous sur le scĂšne Ă©lectronique aujourd’hui (si vous vous placez quelque part) ? Et quel regard portez-vous sur celle-ci ?

Yann : On a eu la chance de tisser beaucoup de liens avec les scĂšnes musicales latino-amĂ©ricaines, qui nous ont beaucoup influencĂ© aussi bien dans leur maniĂšre de faire de la musique que du point de vue de la fĂȘte. On est ravis de continuer Ă  Ă©changer dans les deux sens avec des artistes qu’on adore et qui sont pour certain.e.s devenu.e.s des ami.e.s proches. Ces derniĂšres annĂ©es, on a aussi rencontrĂ© plein de collectifs français avec qui on partage une vision similaire ou complĂ©mentaire, parmi lesquels la Boucle, Toasted, Atom festival, ParallĂšle, Microclimat, le collectif Ascidiacea 
 Et grĂące Ă  tout ce beau monde on peut dire qu’on est plutĂŽt enthousiastes sur ce qui se passe en ce moment et sur ce qui va se passer dans les prochaines annĂ©es sur la scĂšne Ă©lectronique française, malgrĂ© la situation actuelle. Musicalement on a aussi beaucoup Ă©voluĂ©, en enrichissant notre identitĂ© musicale de plein de nouvelles influences, aussi bien britanniques que françaises.

Alexis : En fait, je dirais que, plus le temps passe, plus on incorpore dans notre propre musique et nos projets des influences qu’on avait dĂ©jĂ  comme la scĂšne UK bass, le dub, l’ambient, le jazz ou encore le baile funk, mais qu’on arrivait pas encore Ă  intĂ©grer. Ce qui est gĂ©nial, c’est qu’en faisant ce travail d’élargissement et d’inclusion, on redĂ©couvre tous ces styles en les mĂ©langeant Ă  ce qui a fait l’ADN de Psycho Tropiques et du label Ă  ses dĂ©buts.

« On n’essaie de pas seulement d’enchaĂźner des morceaux isolĂ©s, mais de faire Ă©merger des choses nouvelles de ces associations. »

Pourquoi « le ralentissement » ? Un thÚme récurrent, pilier, voire fédérateur de votre label.

Si pendant plusieurs annĂ©es on l’a un peu brandi comme thĂšme fĂ©dĂ©rateur, je pense qu’au fond ça fait partie d’une question plus ample sur notre maniĂšre de voir la musique avec Curuba, notamment dans un contexte festif. On essaie de pas nĂ©cessairement entrer dans une certaine “efficacitĂ©â€, ni dans l’escalade du BPM ou de l’énergie, mais d’explorer d’autres sentiers et d’autres rythmes, de proposer des balades avec des paysage variĂ©s, ou parfois l’énergie remonte ou redescend et oĂč les couleurs de la musique changent. Ça peut ĂȘtre les montagnes russes ou Ă  l’inverse quelque chose de plus immersif. Alors que dans Chug Rave, l’autre collectif dont on fait partie avec Ed Isar, Andres Komatsu et Fatma Pneumonia, la lenteur est encore plus au centre de l’identitĂ©, mĂȘme si au fond c’est un peu une piste de rĂ©flexion sur cette mĂȘme question. C’est aussi une maniĂšre de montrer que la musique n’a pas forcĂ©ment besoin d’ĂȘtre rapide pour ĂȘtre dansante, et d’affirmer que “oui oui on peut bien faire une rave et lĂącher prise en Ă©coutant des musiques lentes”. Il y a aussi une dimension politique, qui est de proposer une maniĂšre de faire la fĂȘte qui contraste avec la frĂ©nĂ©sie de la sociĂ©tĂ© actuelle.

C’est quoi la suite pour vous ?

On est dĂ©jĂ  en train de travailler sur la deuxiĂšme cassette, qui sera l’EP d’un artiste brĂ©silien qu’on adore et avec qui on entretient une super relation : Kid From Amazon. Il est basĂ© Ă  Belem, dans le nord du pays, et c’est vraiment une personne avec laquelle il est agrĂ©able de bosser, il y a une confiance mutuelle. LĂ  encore, on va proposer plusieurs remixes pour enrichir le projet. CĂŽtĂ© visuel, on a refait appel Ă  Lua Kali, une artiste brĂ©silienne qui s’était dĂ©jĂ  occupĂ©e de l’identitĂ© visuelle de notre compilation “HĂ©liotropisme” il y a presque 3 ans. En-dehors de ça, on continue de dĂ©velopper notre sĂ©rie de podcast (M)onde sonore avec, pourquoi pas, l’idĂ©e de l’exporter Ă  la radio l’annĂ©e prochaine. Pour cet Ă©tĂ©, on travaille avec d’autres collectifs pour Ă©laborer un format de scĂšne alternative en festival comme on a pu le faire, par exemple, sur des Ă©vĂ©nements organisĂ©s par ChĂąteau PerchĂ© et lors de soirĂ©es en Île-de France. On rĂ©flĂ©chit aussi Ă  une compilation un peu barrĂ©e au dĂ©but de l’étĂ©, mais on prĂ©fĂšre garder la surprise
 Sinon, on travaille chacun de notre cĂŽtĂ© sur des projets d’EPs ou d’albums persos, et on espĂšre pouvoir bientĂŽt sortir un nouveau projet ensemble en tant que Psycho Tropiques.

©Romain Guédé

Tracklist :

Employee – A1 (Delta Rain Dance/Hypno)
Low Flung — Floor Piece
Front De Cadeaux — Damien Schultz
Nick León — Fire Dub
INVT — Salimos Del Sol
Walden — Microcosmos
Aucuba Replica — Of Tightening
Azu Tiwaline — Tight Wind (feat. Cinna Peyghamy)
Kid From Amazon — Bury Me, With Love (Obeka remix)
Forest On Stasys — Contra Natura
Nicola Cruz — Organología
Kamus — Karnival
Ploy — Pax Cultura
GYRL — Amygdala (Cigarra Remix)
H2O & GATS — Cristal Siren
Ezmeralda — ¡Viva la fiesta! (Himno de una patria subterránea)
Manna — Secret Life of Bass
Minereed — Screw u loot
Gaudi Tesla — Dub Hypnosis
Anika — No One’s There (Dub)
Myako — Les Fils De Jah
Ramadanman — Revenue
Roza Terenzi — Yo-Yo
Dyno — Foresta
EQP — Orion Shine (prod. DJ Yung Vamp)

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