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On ne l’avait pas vu venir. L’annonce d’un nouvel album de Gesaffelstein nous avait laissés de marbre, son précédent disque ayant été loin de nous bouleverser. Et c’est un euphémisme. Alors que sa personnalité unique lui avait permis de figurer plusieurs fois sur notre couverture ou dans nos pages, notamment pour une rencontre exceptionnelle avec son héros le peintre Pierre Soulages, avec Hyperion (2019), Mike Lévy semblait juste suivre laborieusement les traces de Daft Punk, featuring avec The Weeknd compris. Un changement de cap, surprenante tentative R&B plus ou moins futuriste pour conquérir les masses, américaines de préférence.
Très loin de l’audace sombre et de la puissance de l’électro-techno d’Aleph (2011). Depuis ce deuxième album, le jeune quadra avait disparu de nos radars. C’est donc sans conviction que l’on s’est envoyé dans les oreilles sa nouvelle oeuvre. Eh bien, force est de reconnaître que nous avons eu tort de faire la moue. Le grand copain de The Hacker et Brodinski réussit avec brio un second changement de cap. Mais cette fois-ci en conservant la noirceur redoutable et la mélancolie poisseuse qui nous avait tant séduits dans ses premières productions. Surprise.
Là où hier ces climats étaient uniquement associés à une électro-techno ravageuse, ils s’épanouissent aujourd’hui majoritairement dans un registre rock-cold wave, vocalisés de main de maître par Yan Wagner. On ne sait pas si Gesaffelstein retournera le public américain avec cet album, mais une chose est certaine, il a réussi à nous passionner de nouveau pour ses compositions. C’est bien l’essentiel.
Par Patrice Bardot

Tsugi 169 © DR
- P4 Warm-up
- P6 Il y a dix ans dans Tsugi
- P8 Before
- P9 Tsugi Radio
- P14 Machines
- P16 Hi-tech
- P18 Tsugi vous recommande
- P20 Déjà demain
- P22 Les inspirations de Canblaster
- P24 DJ : la drogue au bout des platines ?
- P30 Fabiana Palladino
- P32 Mount Kimbie
- P36 Lynks
- P40 La nouvelle scène trap en France
- P46 TTC : 20 ans de Bâtards sensibles
- P54 Bonnie Banane
- P60 AnNie .Adaa
- P62 À quoi sert le drumless ?
- P66 Les artistes et la pression des réseaux sociaux
- P71 Disque du mois : Gesaffelstein
- P72 Les chroniques
- P78 : Le débat : Magenta Club
- P79 Album oublié : Botany 5
- P80 Pochettes : Bancs publics
- P82 Une nuit avec PPJ
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