Cassius, Agoria, Claude, Nehza… Les projets de la semaine !
Cette semaine, on a de belles sorties côté musique électronique et pop, avec Agoria, Cassius, Nehza Records, Jorja Smith et Claude, de quoi aborder sereinement la suite du mois d’octobre.
Agoria – Unshadow
Qui peut s’enorgueillir d’un CV aussi garni que celui d’Agoria ? Une place de choix à la cérémonie de clôture des Paralympiques avec son morceau « Scala« , 6 LP au cours de sa carrière bien remplie depuis 25 ans… Agoria revient en force avec un album composite, où les morceaux sont des images mouvantes s’invitant les unes dans les autres. Lui qui a fait des études de cinéma, on ressent bien dans Unshadow cet apport où chaque titre est un tournant, une scène pop, house, disco… avec comme toile de fond ce BPM ralenti, guilleret et plus détendu. En résulte dix tracks qui sont à la fois très différents mais qui s’emboîtent à merveille les uns dans les autres.
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Claude – In Extremis
Claude fait partie de ces artistes d’une nouvelle génération qui ont su faire fructifier l’isolement imposé du confinement, afin de partager leur façon de construire un morceau, piste par piste, instrument par instrument. Claude débarque donner un coup de pied dans la fourmilière de la morosité bien rangée avec son premier album In Extremis.
Le premier track annonce le ton de panique avec des synthés métalliques et une première impression très techno qui annonce la couleur de l’album : dissonant, dans le bon sens du terme. « Tout s’additionne, tout ça dissone » dira justement le déjà entêtant et si juste ‘Addition’, connu depuis des mois. Tension permanente, équilibre fragile de son protagoniste… Les lyrics et les instrus qui prennent souvent des virages drastiques forment un tout cohésif admirable. Le jeune artiste validé par Eddy de Pretto fait une entrée tonitruante dans la sphère musicale, et dans nos coeurs.
Nehza Records – Transaere
Nehza Records sort une compil collaborative avec 12 noms et une ligne éditoriale unifiée. C’est une tâche herculéenne de retranscrire un thème au travers de la musique électronique sans s’y perdre, d’autant plus quand le thème en question touche à la nature et à l’environnement, aux antipodes d’une musique jugée plus « artificielle ». Certains l’ont fait avec brio (on pense au dernier Boards Of Canada ou au son ambient de l’album Pop), et Transaere vient cette semaine apporter sa pierre à l’édifice. Le label invite à une expérience synesthésique pour discerner avec des touches Dub et Jungle énervées l’air à la façon d’un animal aux sens décuplés.
Le côté viscéral de l’album nous plonge dans cette dimension aérienne dans laquelle on discerne ce qui coule normalement de source. Roni, la fondatrice du label, déclare par exemple mettre un point d’honneur sur les particules de micro-plastiques que l’on ingère par inadvertance. Le pari est original, mais agréable aux oreilles, on valide.
Cassius – Best Of 1996-2019
« Cassius s’est mis à me manquer, je me suis dit que je devrais enfiler mon ancien costume, juste pour voir. Parmi nos projets jamais aboutis, l’idée d’un Best Of ou d’une compilation de nos « meilleures chansons » figure sur la liste » déclare la moitié du duo Hubert Blanc-Francard, BoomBass à propos de cette galette augmentée. C’est désormais chose faite avec la parution de ce Best Of, qui répertorie les meilleurs hits avec en bonus, une pépite jamais parue auparavant intitulée « Dinapoly ».
L’album confirme l’héritage du duo, qui est et restera à jamais l’une des figures emblématiques de la French Touch. Malgré le décès tragique de Zdar en 2019, BoomBass a su faire renaître Cassius de ses cendres avec une performance XXL en clôture des jeux de Paris 2024. Et bientôt sur les routes des salles et festivals en 2025.
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Jorja Smith – Falling or Flying (Deluxe)
5 ans après un premier album acclamé par la critique Lost & Found, Jorja Smith avait marqué son grand retour avec des percussions toujours très jazzy et futuristiques dans Falling or Flying l’année dernière. Le LP sort en réédition augmentée cette semaine avec des remixes de choix, 8 en plus, pour être exact. Au fil des mois, on a déjà été hypé par le remix de Nia Archives et le mashup avec « Gipsy Woman » de « Little Things ». Ce même titre est dans l’édition deluxe revisité par l’excellent Floating Points. En prime, on retrouvera un titre avec Craig David, pour satisfaire les nostalgiques de R&B sucré Y2K.
Rinôçérôse – Psychôanalysis
L’attente en valait la peine, 8 ans après son dernier album, Rinôçérôse revient avec toujours un son marqué French Touch, rock, voire touche de jazz-fusion. Ce joyeux mélange donne un album explosif et bien rythmé.
Le duo Patou Carrié/Jean-Philippe Freu s’associe à Vincent Leibovitz pour signer son septième album intitulé Psychôanalysis. Un retour aux sources selon le groupe : « On a gardé notre signature : les guitares et la basse un peu dub auxquelles on mix nos influences rock, funk, électro…« . Notamment par rapport aux deux albums précédents, plus dansants, moins agressifs. Psychôanalysis, en référence à la profession d’origine des deux membres fondateurs du groupe, peut se voir comme un apport bénéfique à leur discographie, comme un pas vers ce son qui faisait leur particularité des débuts.
Cherise – Butter
Cherise c’est l’un des grands espoirs britanniques, mêlant dans ses compositions le rnb, la soul vintage et des élucubrations qui empruntent au jazz. Une artiste indé aussi à l’aise pour chauffer à blanc une petite salle, que devant un Royal Albert Hall complet pour une reprise de Sarah Vaughan sur la BBC.
Voici l’EP Butter, pour huit titres (+ des interludes mignons) portés par un duo basse-batterie gavé de groove qui nous fait casser la nuque, des cuivres élégants et une voix de miel digne des plus grandes soulwomen. Des titres tendres, des tracks quasi-club (‘Chase’) et pas mal d’humour doublé d’une assurance certaine (‘Butter’)… Tout cela est définitivement élégant.
Corentin Fraisse
