En écoute : Douglas McCarthy en 5 tracks

par | 17 06 2025 | news

Douglas McCarthy en live pour un concert de Nitzer Ebb au Kulturbolaget à Malmö en Suède, le 28 avril 2011 – ©Petter Duvander | photo prise de depuis de compte de Petter Duvander sur Flickr

Douglas McCarthy, corps et hurlements de l’EBM, s’est éteint ce jeudi 12 juin. Il avait 58 ans. Alors que les hommages pleuvent pour célébrer ce pionnier du genre, Tsugi propose de monter le volume pour honorer le chanteur de Nitzer Ebb.

Douglas McCarthy est né en 1966, quelque part entre Barking, Canvey Island et Chelmsford. Dans l’Angleterre grise et industrielle des années Thatcher. Fils d’un ouvrier métallurgiste, syndicaliste, lecteur vorace autant que militant du désarmement nucléaire, Douglas grandit dans une atmosphère où la politique, la musique et la rage cohabitent à la table du dimanche.

À 16 ans, McCarthy forme le groupe Nitzer Ebb avec Bon Harris et David Gooday. Ensemble, ils inventent une version brutale et tendue de l’électronique industrielle : l’EBM, pour Electronic Body Music. Un genre hybride entre punk, disco muté et synthèse analogique, né dans les marges de l’Angleterre ouvrière, loin des guitares du pub rock.

L’EBM, né dans les interstices de la new wave, de l’indus et de la techno, c’est une musique qui cherche à forcer le mouvement. Martiale et répétitive, elle parle au corps bien plus qu’à l’intellect. Et McCarthy, en tant que chanteur de Nitzer Ebb, en devient l’une des figures les plus radicales. Inspiré par DAF (Deutsch-Amerikanische Freundschaft), Fad Gadget ou encore les pulsations de Kraftwerk passées au filtre industriel, McCarthy devient rapidement l’une des figures du genre.

Avec « Join in the Chant », « Control I’m Here » ou « Let Your Body Learn« , Nitzer Ebb impose une esthétique sonore et physique : les coups secs des boîtes à rythmes avec, par-dessus, une voix qui scande plus qu’elle ne chante. “We play for power” hurlait McCarthy sur scène à 17 ans, alors qu’il prenait soin de déclarer haut et fort que “personne de sain d’esprit ne peut être fasciste”.

Au fil des années 1990, McCarthy s’éloigne de la scène. Crises personnelles, exil américain, divorce, silence. Dans les années 2000, il revient via le projet Fixmer/McCarthy, fruit de sa rencontre avec le producteur techno français Terrence Fixmer. Ensemble, ils ré-injectent l’EBM dans les circuits contemporains, entre clubs et grands festivals.

McCarthy incarne une forme de radicalité : voix nue, corps tendu. S’il a refusé d’ouvrir pour David Bowie à la fin des années 1980, ce n’était pas par arrogance, mais par fidélité à une certaine idée de l’intégrité artistique. Aujourd’hui encore sa silhouette hurlante résonne dans les caves et les raves, comme une mémoire vivante d’un genre qui n’a jamais cédé.

Quel autre hommage lui faire, que de vous présenter cinq des tracks incontournables, de cette voix et ce corps de l’EBM ?

Nitzer Ebb – « Murderous » (That Total Age) -1987

Nitzer Ebb – « Violent Playground » (That Total Age) – 1987

Nitzer Ebb – « Blood Money » (Belief) – 1989

Fixmer/McCarthy – « You want it » (Between The Devil) – 2004

ADULT. – « We Are a Mirror » (feat. Douglas Mc Carthy) (Detroit House Guests) – 2014