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© Jaan Van Damme
3 avril 2024

Listen Festival, embraser la nuit bruxelloise | LIVE REPORT

par Tsugi

Depuis 2016, le Listen investit Bruxelles et permet de rencontrer les acteurs locaux de la nuit, tout en voyant s’y épanouir des artistes majeurs de la scène internationale électro. Six jours de fête qui nous auront fait comprendre une chose : à quel point la Belgique est parfois en avance sur la France.

Par Bérénice Hourçourigaray

 

Listen

© Simon Leloup

Noctambules français, imaginez-vous. Alors que la plupart de nos festivals de grande ampleur sont basés dans des infrastructures créées spécialement pour, souvent délocalisées des villes pour éviter la nuisance sonore… Le Listen, qui avait lieu du 26 au 31 mars, embrasse la capitale belge, ses lieux bouillonnants et les acteurs de la nuit les plus audacieux qui la composent. Tout ça en plein centre de BX.

Le festival s’établit dans des clubs, mais aussi des musées (Bozar), et même dans l’église de Laeken pour accueillir 27 évènements qui mettent en avant l’ensemble de la culture électronique, belge et étrangère. Français, Flamands et surtout pouvoirs publics marchent main dans la main pour révéler la richesse de la vie nocturne (Rachida si tu nous regardes…).

Portée par une équipe réunit autour de belles valeurs artistiques, Serge Vanderheyden -déjà organisateur de gros événements dans la ville- nous interroge : quelle est la spécificité géographique de Bruxelles ? Sa petite ceinture ! Pour la deuxième année, Listen a fait le pari fou d’investir des tunnels de la Place Louise, pour une rave de 24h. « Listen presents The Tunnels » a réuni VTSS, Hector Oaks, Teki Latex, Paul Seul, Burenhinder, Crystalmess, Emily Jeanne

Que faisiez-vous de votre samedi soir ? Nous, rien d’autre que de danser sous les panneaux d’affichage de la gare de Bruxelles-Central en se disant qu’on irait prendre un train dans cette même gare, deux jours plus tard. Ce lieu plutôt unique a servi de dancefloor pour une soirée avec Young Marco en tête d’affiche. Vous l’aurez compris, le plus compliqué dans ce festival restait de faire des choix parmi ces évènements…

 

Une affiche sur-mesure, faite sur le terrain

Le line-up du festival a été construit en collaboration avec toute une série de curateurs, collectifs et labels pour brasser un maximum de genres musicaux différents, proposer de gros noms comme des locaux. Rien de mieux pour se mettre en jambe qu’un début de soirée au Continental, proposant tous les jours des DJ-sets gratuits dès 19h. Critical mass, collectif de balade manifestive pour le vélo débarque sur la place, apparemment aussi prêt que nous à commencer le week-end. Gros caissons posés à même le sol, un bon ‘Désenchantée’ de Mimi fait bondir les touristes. La Darude es-tu là ? Arrivée en fanfare donc, qui donnera le ton du reste du festival.

Listen

© Maryan Sayd

On va ensuite jeter un coup d’œil au UMI, nouveau club situé en lieu et place de l’ex-Zodiak dans le centre, porté par Daria de Troostembergh, (la seule femme à la tête d’un club à Bruxelles !). Artistes émergents à la carte, Soja chauffe la salle avec son set de minimale, mais on est surtout impressionné par le soundsystem sur-mesure et artisanal construit spécialement pour UMI. La soirée est chapeautée par Sono Ventura, une boutique ultra pointue de vinyles dont le créateur, Renaud, nous offrira sa sélection de disques vitaminée dès l’ouverture de la deuxième salle.

Une virée au Congrès, une station de gare habilitée en club s’impose pour voir le duo Baraka (littéralement ‘bonne étoile’) invité par le collectif Not your techno qui -spoiler alert- porte bien son nom. Lunettes orangées visées sur le nez, le duo formé par Hawa Sarita et Cristofeu, chacun DJ de leur côté, a concocté un set de fast techno qui réjouit la foule.

On sort s’en griller une et on papote avec un agent de sécurité. On lui fait part de notre surprise quant à la qualité de l’encadrement de l’event. Il nous apprend que : « contrairement à la France, une formation de 3 mois de sensibilisation aux problématiques du monde de la nuit (substances illicites, VSS…) est nécessaire avant de pouvoir exercer. » Avant de renchérir : « je ne suis pas une armoire à glace qui fait juste le garde, j’aime vraiment mon métier. » On vous met au défi de trouver un tel discours à Paris. 

Même si les jambes commencent à être lourdes, le b2b AliA/Le Motel, deux références de BX nous fait sauter dans un taxi pour rejoindre le mythique C12. Sans regret, le MC survolté et la maîtrise du live nous réveillent. On aurait aimé être original, mais notre soirée club préférée reste celle du Fuse. Blawan sert une techno bien dark, percutante et sans répit. Le Britannique a visiblement choisi de lâcher les chevaux, la salle lui plait, la sono est impeccable.

 

Également sur tsugi.fr : DJ Pierre, le son du Fuse

 

Listen

© Jaan Van Damme

 

Buda XL et la Gay Haze, notre Lucky Star

Notre Listen s’est achevé par l’iconique soirée de la Gay Haze, à Buda XL, seul hangar excentré de la ville. Un format étiré du samedi soir au lundi matin (jour férié !), pour un total de 31 heures de fête ininterrompue. Une idée diabolique qui a bien évidemment séduit, l’event affichait sold out. Tout est prévu pour les férus du dancefloor qui s’établissent là pour le week-end : food truck, chill room, casiers à dispo réservable en 3 clics par téléphone (à 5 euros certes, mais qui évite les queues interminables).

Depuis leur lancement en 2017, les soirées Gay Haze sont connues pour leurs ambiances déjantées. De la programmation musicale au public en passant par la scénographie, elles se démarquent également par leur bienveillance, devenues incontournables pour la communauté LGBT+ locale. On touche là à une force du Listen : sa care team. Les petits anges de l’équipe de Brussels by night, reconnaissables par leur chasuble bleue œuvraient, sourires aux lèvres, pour le bien-être des festivaliers. Devant l’entrée de chaque évènement, ils rappelaient les règles de base à la prévention des VSS. Nécessaire. Et beaucoup trop rare en France ?

On pensait s’établir sur la scène 1, où une ambiance rave à paillettes régnait : un jeu de lumière rose se reflétait sur des bannières argentées qui voletaient au plafond de toute la salle. Même si des artistes comme Partok, Bashkka ou Ogazon offraient une sélection de hard-groove et musiques électroniques extrêmes- plutôt notre tasse de thé- on s’est fait hameçonner, voire même happer par la deuxième salle.

Listen

© Bérénice Hourçourrigaray

 

Le Listen y a tenu sa promesse : ne pas cantonner les artistes bruxellois aux heures ingrates. À l’heure où il est impossible de ne pas constater une baisse significative -vous avez dit drastique? – des propositions house à Paris, le set de Zouzibabe nous a rappelé à quel point ce style avait toute sa place dans notre paysage festif et ce, même en peak time !

Son énergie solaire a ressuscité DISCO BLU, Superfunk, tout en intégrant à son set des influences RnB avec des morceaux aussi kitchs que délectables par Ciara ou Missy Elliott. Tant de musiques qui amènent à une gestuelle différente, plus groovy, sensuelle, que la DJ résume à merveille dans un entretien avec le festival «  la foule danse non pas tournée vers le DJ, mais vers l’autre. » Bref, Zouzibabe, ça sera toi notre ‘Lucky Star‘ de l’édition 2024.

Alors maintenant, pouvoirs publics français, associations, teufeurs-teufeuses, il ne nous reste plus qu’une chose à faire : Listen !

 

Meilleur moment : Quand un agent de sécurité est allé derrière les platines pour se déhancher avec Zouzibabe
Pire moment : Arrivée trempée au C12 à cause du crachin bruxellois

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