Chez Tsugi, plutôt que de sombrer dans la déprime hivernale, on prend une tasse de thé, et on écoute des albums. Et cette semaine, on est servis par les sorties. Au menu : le deuxième EP intime d’Andéol, la bedroom pop d’Hannah Jadagu, le rock électronique de Rallye, le shatta de Maureen, les confessions de Lily Allen, la techno brute de la VA du label Mutual Rytm, le breakcore hystérique de Machine Girl, et la pop-alternative post-R&B de Ouri.
Maureen – Queen
Il a fallu du temps pour que la reine du shatta sorte son premier album. Depuis, ses premiers succès et son EP Bad Queen en 2023, Maureen a changé d’entourage professionnel, a accouché d’un bébé et a traversé une dépression post-partum. De cette période est née Queen : un album où la Martiniquaise se livre davantage, tout en affirmant avec fierté son identité antillaise en mélangeant créole et français.
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On y découvre des titres sensibles comme la ballade “Thing for Yuh” produite par Marroon Riddimz ou la tendre déclaration d’amour “Ensemble”. Rassurons ceux qui seraient venus pour les morceaux festifs, ils auront de quoi nourrir leur playlist avec le tonitruant “Cochoni” ou encore l’addictif “Malalade”, en featuring avec DJ Glad.
Côté collaborations, l’album s’entoure de pointures. Naza, Jungeli, Konshens ou encore Walshy Fire viennent compléter un projet solide, une première carte de visite pour la chanteuse.
Par Cecilia Cavassoni
Rallye – La vérité sur Rallye
Quoi de mieux pour réchauffer un hiver gris que le troisième EP de Rallye ? Fraîchement signé chez Because Music, le quintette du 92 poursuit son art du décloisonnement des genres et dévoile La vérité sur Rallye, un disque pop-rock électronique survitaminé.
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Le groupe y cultive une énergie dans la lignée du style hybride d’ELOI — dont l’un des membres de Rallye est d’ailleurs le batteur. Coup de cœur pour « Rockrider » et la collab’ avec Yelle – dont la bande fait la première partie – « Peur du vide » qui risquent de tourner en boucle dans nos oreilles jusqu’à Noël et sans doute bien après.
Par Gil Martel
Lily Allen – West End Girl
Nous n’avons même pas le temps d’entrer dans cette maison du West End de New York, où Lily Allen emménage avec son mari David Harbour et ses enfants, que le conte de fées s’arrête déjà. West End Girl est un album écrit en dix jours, peu après leur divorce survenu à la suite de tromperies de l’acteur de Stranger Things.
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Rien n’échappe à la plume aiguisée de l’anglaise, ni le prêt engagé pour payer une maison hors de prix, ni le dojo transformé en “Pussy Palace”, ni les SMS envoyés à une certaine Madeline – sa « Jolene » à elle. Mais ce n’est pas pour ces détails, qui à force alourdissent un album un peu trop long, que l’on écoute West End Girl.
C’est plus pour la petite joie que l’on ressent à renouer avec une artiste aussi vulnérable que drôle, aussi fragile que irrévérencieuse, capable de dépoussiérer sa musique en empruntant au 2-step, à l’hyperpop ou encore au dancehall. Pas une révolution donc, mais un véritable plaisir (sauf pour David Harbour qui doit être en train d’appeler ses avocats).
Par Cecilia Cavassoni
Hannah Jadagu – Describe
Après un premier EP enregistré à l’iPhone en 2021 et un premier album, Aperture, sorti en 2023, Hannah Jadagu poursuit ses explorations sonores avec Describe, qui confirme tout le potentiel entrevu dans ses précédents projets.
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L’album s’ouvre sur son morceau éponyme, un titre éthéré aux textures électroniques qui donne le ton pour la suite. Au fil des douze titres, la chanteuse use de synthés et de boîtes à rythmes en expérimentant, sans jamais perdre ce qui fait son identité. On y croise une pop électronique — qui rappelle parfois celle de l’Australienne Mallrat —, un peu de shoegaze sur « D.I.I.A », ou encore des incursions vers le R&B sur « Tell Me That !!!! », pour notre plus grand plaisir.
Par Gil Martel
Machine Girl – PsychoWarrior (MG UltraX)
Pour son septième album, Machine Girl délivre un condensé de punk électronique sale et déglingué sous la forme de quinze titres plus abrasifs les uns que les autres. Le groupe continue de brouiller les genres — c’est presque le thème de la semaine —, mêlant breakcore hystérique, hardcore, rythmiques drum and bass sur « Dread Architect » ainsi que guitares distordues et percussions puissantes sur « Psychowar ».
Avec PsychoWarrior, Machine Girl opère un virage accentuant ses influences punk et metal déjà présentes en filigrane dans ses précédents projets. Le tout, toujours accompagné de paroles sombres, critiquant le monde capitaliste dans lequel on vit. En tout cas, pas de doute, ça réveille.
Par Gil Martel
Ouri – Daisy Cutter
Daisy Cutter est le nom d’une bombe utilisée pendant la guerre du Vietnam et d’Afghanistan. C’est aussi une manière de couper les fleurs. Un titre ambigü qui correspond bien au deuxième album d’Ouri, projet à la fois cryptique et protecteur.
Les textures organiques de l’harpe, du violoncelle et du piano sont cachées sous des nappes de synthétiseurs et de traitements numériques. Comme si l’artiste recouvrait, par pudeur, la sincérité de ses gestes. De cette tension naît une atmosphère planante, délicate lorgnant entre ambient, bass music, dream pop mais aussi R&B.
Entourée d’habitués – Oli XL, Charlotte Day Wilson, mobilegirl ou encore Bamao Yendé – Ouri signe un album très réussi, même si parfois un peu distant : le voile qui recouvre sa musique ne se laisse pas tout le temps percer.
Par Cecilia Cavassoni
Various Artists – Federation of Rytm IV
Le label stuttgartien Mutual Rytm, curaté par le DJ SHDW, lâche sa nouvelle compilation Federation of Rytm IV. 30 morceaux mêlant techno hardgroove, tribal ou encore dub, faisant référence à la fois au passé comme au futur de la techno.
Pour cette compilation, de beaux noms sont réunis comme Yanamaste, Temudo, Ignez, DJ Plant Texture, Mathys Lenne, Nørbak, Sciahri ou encore Kameliia. On retient particulièrement l’hypnotique « Buck Rogers » de Dj Dextro ou encore le mental « From O » de Backbone. Parfait pour taper du pied ce week-end.
Par Cecilia Cavassoni
Andéol – Caillou
Si vous êtes sensible à cette nouvelle vague de pop façonnée par des productions électroniques subtiles, le deuxième EP d’Andéol devrait vous toucher. Après Bisou sur la bouche, où il racontait sa vie amoureuse entre réalité et autofiction, le chanteur poursuit son introspection. Il livre ici ses secrets en sept titres concis — aucun, ou presque, ne dépasse les trois minutes.
Plus intime que dans son projet précédent, Andéol conserve malgré tout sa moue et le ton faussement détaché qui le caractérise. Bref, c’est doux, c’est entêtant et on ne s’en lasse pas.
Par Gil Martel

