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© Andre Roseta
18 mars 2024

À Genève, le festival Antigel explore hors des cadres | LIVE REPORT

par Tsugi

Nouvel événement culturel majeur de l’hiver genevois, le festival Antigel a organisé 24 jours de festivités et 180 représentations au mois de février dernier. On y a fait un tour, et assisté -entres autres- aux concerts d’Air, CEL, Varnish La Piscine, José Gonzalez… Immersion au coeur de ce festival insolite. 

Par Michel Masserey

 

Malgré son maigre demi-million d’habitants, Genève – véritable canton-ville – jouit d’une vie culturelle sans doute plus riche que Bordeaux ou Lyon. Tout au long de l’année, les festivals s’y succèdent. C’est dans ce panorama chargé qu’Antigel s’est inscrit en 2011, avec pour ambition de proposer une double programmation tant musicale que consacrée aux arts vivants. Un créneau occupé déjà par un festival historique lancé en 1973 : La Bâtie.

Si ce dernier s’est développé principalement au cœur de Genève, Antigel occupe le plus souvent des lieux situés dans la périphérie de la ville, dans les nombreux villages et agglomérations qui l’entourent. Il bénéficie ainsi du soutien financier des communes environnantes et du canton (équivalent suisse du département) et dispose d’un budget global de quelques 2.7 millions d’euros. À la dissémination des spectacles dans tout le canton, s’ajoute la volonté d’occuper des espaces insolites, jusqu’alors rarement -voire jamais- investis par des acteurs culturels, que cela soit sous un pont, dans un tunnel d’autoroute, dans une piscine, ou dans un hangar d’aéroport.

antigel

© Andre Roseta

Cette année, le festival a proposé 180 représentations et concerts, du 1er au 24 février. Par ailleurs, une demi-douzaine d’événements épars sont encore programmés jusqu’à début juillet. Côté musique, Antigel joue traditionnellement sur un équilibre entre artistes confirmés et découvertes, entre créateurs internationaux et suisses. L’édition 2024 n’a pas échappé à la règle, avec en tête d’affiche Air dont les tickets se sont vendus en moins d’une heure.

 

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Le duo a revisité son album Moon Safari dans l’écrin baroque du Victoria Hall, temple de la musique classique à Genève. Les Versaillais y ont posé leur capsule en forme de parallélépipède d’écrans lumineux dans laquelle ils ont joué un set de deux heures d’une rare perfection, sur le plan tant visuel que sonore.

Quelques jours plus tôt, un autre maître de l’harmonie pop, le Suédois José Gonzalez, a lui aussi investi les ors du Victoria Hall. Lui aussi, dans une tendance qui s’impose durablement, a repris une œuvre majeure de son répertoire, l’album Veneer boosté par le tube ‘Heartbeats‘. Seul à la guitare sur une scène nue, José Gonzalez a délivré un récital qui peut se lire comme un envers du déluge visuel et sonore d’Air. Minimal et hanté, son concert a célébré l’intime et le fragile.

© Mélanie Groley

Si l’on oubliera vite le concert d’ouverture d’Antigel, présenté par le duo Kruder & Dorfmeister en pilotage automatique, le festival a proposé des moments rares comme le show du lunaire Varnish la Piscine dans un spectacle mêlant concert, DJ set, projections et cabinet de curiosité.

 

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Autre concert lumineux, celui de Lucas Santtana : le chanteur et musicien brésilien compte parmi les rénovateurs de la bossa nova, avec Rodrigo Amarante. Véritable couturier sonore, il tisse des mélodies subtiles mêlant textures et couleurs, électronique et organique. Établi dans le Sud de la France depuis plusieurs années, il compose des morceaux doux amers, habités par la douceur de vivre et la mélancolie d’un exil choisi. Lucas Santtana s’est produit devant une foule particulièrement enthousiaste, composée par de nombreux expatriés brésiliens, séduite par la virtuosité mais aussi le goût du partage de l’artiste.

Dans un registre plus électronique, le duo germano-polonais CEL a insufflé ses rythmes lancinants et motorik à la Cave 12, antre des musiques expérimentales à Genève. Vêtus de noir et de rouge, à l’instar de Kraftwerk période Die Mensch Maschine, d’humour, leur performance avait quelque chose d’ubuesque et de dadaïste. À l’heure du bilan, Antigel s’est réjoui de l’affluence à ses spectacles. 46’000 personnes ont assisté aux différentes représentations. Dans les semaines à venir, les concerts de Lala &Ce, Boubacar Traoré et Nils Frahm clôtureront cette 14ème édition qui a multiplié les concerts à guichets fermés. Un signe de bon augure pour un festival qui s’est imposé comme l’événement culturel majeur de l’hiver genevois.

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© Sebastien Moritz

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