La dernière des Casual Gabberz : bastos démoniaque au Trabendo
La fin d’une ère forte et influente dans le milieu de la scène techno hardcore a sonné au Trabendo ce samedi 21 septembre. Casual Gabberz, le collectif le plus déglingos de France, tire le rideau après onze ans de teuf maboule à souhait. Impossible de rater ça, on est allé y faire un tour.
Quelques semaines plus tôt, on vous annonçait cette soirée à rater sans aucun prétexte. Si vous aimez la techno hardcore qui sature les basses, fait cracher les subs et les samples de rap bien sûr. En arrivant au Trabendo vers minuit quinze, on s’attarde un peu dans la foule pour prendre la température chez les aficionados du collectif et de leurs sonorités magiques vénères. Une file d’attente longue comme le monde où l’on a croisé une horde de tee-shirts et de sweats Casual Gabberz ainsi que d’autres pépites du merch’ (notamment un maillot de foot revisité avec leurs blazes, classe).
Au vu du nombre incalculable de personnes venues saigner fort leurs godasses sur le dancefloor, ça s’impatiente avec une grande bouffée d’excitation. “Eh mais, ça gruge là, faite la queue comme tout le monde”, s’écrie une nana aux cheveux rose bonbon. “Détends-toi meuf, on va tous rentrer et vivre la meilleure soirée de l’année”, lui répond un homme avec écrit dans son dos “police du hardcore”. En effet, tout le monde est rentré, collé-serré.
Tout au long de la soirée, les (nombreux) compères qui, depuis 2013, font vibrer l’identité de Casual Gabberz, se sont partagé les platines avec des modulations propres à chacun. À peine le pas engagé dans le club, on écoute un remix de ‘On a Mountain – av version’ du duo envoûtant ascendant vierge (avec qui on a passé un chouette moment récemment). Un peu de mélodies pour commencer, ce n’est pas pour nous déplaire. Les kicks se rapprochent et s’intensifient : bagarre BPM en panique démarrée (les décibels en sueur).
Entre deux, trois classiques comme ‘F le 17’ ou encore ‘Jean-Luc Mélenchon’ de Fadoo remixé par Von Bikräv, on sort prendre un peu l’air (il faisait chaud là-dedans) sur les hurlements de la foule déclamant les paroles “Nous on n’aime pas la police […] On veut gouverner le monde comme Jean-Luc Mélenchon”. Juste devant un chamboule tout à l’effigie des membres du collectif, on a aperçu Mathilde d’ascendant vierge, tout sourire et prête à en découdre avec cette lourde nuit de bastos hardcore.
Retour dans l’antre de Satan, où Von Bikräv aux commandes clôture son passage avec ‘Bientôt’ un track qu’il a produit en collab’ avec Sidisid, Butter Bullets apparaissant sur la compil’ MEILLEURS VŒUX (FOREVER) (2023). Le son se coupe sur cette dernière phrase “On quitte le bateau, on tire le rideau”. Pincement au cœur palpable. Mais la soirée ne s’arrête pas là (fort heureusement). Paul Seul (l’autre moitié d’ascendant vierge) prend la main et nous sort du William Sheller et son titre iconique ‘Un homme heureux’ qu’il remodule à sa guise à coup de rythmiques bien diaboliques.
Partagé entre émotion et frénésie, on se met à danser comme les autres, d’une manière douteuse. Quand on se déhanche par ici, tout est question de jeu de jambes assez rapides et de technicité au niveau des tibias. Sans oublier les poings fermement serrés qui battent le vide en suivant la cadence. D’un côté, un jeune homme au mulet frisé blond peroxydé prend nos épaules pour un accoudoir afin de s’étirer un peu (eh oui, c’est sportif un set des Casual Gabberz). De l’autre, une femme enceinte complètement déchaînée s’est mise à sauter dans tous les sens, faisant vivre sa première déglingue à son futur nouveau-né.
Entre les odeurs d’alcool, de transpiration et l’intensité des nappes qui nous ont fait vriller du côté obscur (et miné les tympans), on s’est pris une claque par cette soirée d’adieu, que l’on n’oubliera pas de si tôt. Six heures du mat’, rangez, c’est plié. Longuement acclamés par les fans et leurs petites larmes aux coins des yeux, les membres du collectif ont dit au revoir à la scène ensemble, partant vers des contrées respectives différentes. Alors merci Casual Gabberz pour cette dernière nuit d’anthologie, ces longues années d’éclates magistrales et les coups de boost définitivement libérateurs.
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