Mallrat, fée snobée de la pop alternative australienne

par | 12 08 2025 | en écoute, news

Elle ne dispose d’aucune page Wikipédia en français, aucun média hexagonal ne semble s’être intéressé à elle, et son unique concert en France s’est tenu à La Boule Noire. Pourtant, à l’international, Mallrat, chanteuse australienne prometteuse, cumule plus de 500 millions d’écoutes sur l’ensemble de sa discographie. On vous la présente. 

On connaissait SOPHIE, Oklou, Charli XCX… mais Mallrat? C’est en explorant les meilleures playlists hyperpop des plateformes de streaming que Tsugi a mis la main sur cette figure montante de la scène pop alternative australienne, encore largement méconnue en France. 

De la chambre à la scène

Si elle partage aujourd’hui la scène avec Post Malone, Maggie Rogers ou encore King Princess, c’est dans sa chambre que Mallrat a bidouillé ses premiers rythmes sur son ordinateur. En parallèle du lycée, elle sort quelques singles et son premier EP auto-produit, Uninvited, en 2016. Quelques années plus tard, elle assure les premières parties australiennes et américaines du rappeur australien Allday. Ironie de l’histoire : c’est après avoir assisté à l’un de ses concerts qu’elle aurait soudainement décidé de faire de la musique.

Mais l’histoire va plus loin. En réalité, ce sont ses grands-parents irlandais et écossais, fans de la comédie musicale Riverdance de 1995, qui l’ont initiée à la musique. Pas de musiciens dans la famille, mais des parents écrivains, mélomanes avertis, et une sœur poétesse avec qui elle partage un amour sans limites pour Léonard Cohen… et les chevaux. 

Une pop qui rêve grand

Après trois EP, Mallrat sort son premier album, Butterfly Blue. Il rencontre un certain succès dans son pays d’origine, notamment grâce à son intro d’une minute, « Wish on an eyelash », devenue virale et remixée et prolongée, aussi étonnant que cela puisse paraitre, par le duo de DJ américains The Chainsmoskers

Mais c’est en février 2025 que Mallrat atteint un sommet artistique avec The Light Hit My Face Like A Straight Right, produit entre autres par Casey MQ (derrière le dernier album d’Oklou) et Styalz Fuego (collaborateur régulier de Troye Sivan). Elle a également travaillé avec Buddy Ross, connu pour ses collaborations avec Franck Ocean, sur le titre « Pavement ». Particulièrement éclectique, l’album est riche en samples et mêle hyperpop, dream pop et textures électroniques. 

Fidèle à ses origines celtiques, Mallrat nourrir une fascination étrange pour les chœurs gaéliques, qui vont jusqu’à infuser dans sa musique. Le morceau « Ray of Light » semble avoir été enregistré dans une église, mais avec des synthés, une boite à rythme et un orgue électronique. « Virtue », quant à lui, repose sur un sample du groupe vocal finlandais Rajaton, dont les harmonies lui évoquent les mélodies irlandaises de son enfance. « Quand j’écoute cette chanson, j’imagine des dizaines de petites fées possédant quelqu’un, sans savoir si elles sont bonnes ou mauvaises », confiait-elle à PAPER Magazine

Sortie d’album marquée par la perte de sa sœur

Mallrat est de ces artistes capables de trouver de la magie dans tout ce qui l’entoure. Elle le confie au Guardian, ses textes « n’ont pas toujours de signification tangible », mais « elles prennent parfois tout leur sens » quelques mois ou années plus tard. 

Son dernier album, terminé un mois avant le décès de sa sœur Liv, n’a pas pu bénéficier de la couverture médiatique qu’il méritait. Toujours au Guardian, la chanteuse a confié se sentir « vide » et incapable d’assurer sa promotion.

Pourtant, sans l’avoir écrit dans ce contexte, The Light Hit My Face Like A Straight Right résonne étrangement avec le deuil. Dès l’ouverture, « My Darling, My Angel » semble être une ode à sa sœur disparue. Mais c’est « Horses », morceau inspiré de leur vie quotidienne à Brisbane, qui a marqué ses auditeurs. Elle y fait le récit d’un trajet en train pour rentrer chez elle, qu’elle avait l’habitude de faire avec sa sœur. Mais dans la chanson, la place à côté d’elle est vide. 

En France, Mallrat reste un secret bien gardé. Mais si vous avez manqué son concert à La Boule Noire en juin dernier, plongez-vous dans sa discographie en attendant sa prochaine excursion (vivement attendue) dans l’hexagone.