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Amine K - Joy Orbison © Juliette Miglierina
10 septembre 2024

Oasis Fest 2024: Dernière danse épique à Marrakech|LIVE REPORT

par Juliette Miglierina

On a posé nos valises entre les 6 et 8 septembre à La Source, un complexe hôtelier branché musique à Marrakech, où se sont déroulées les trois premières éditions de l’Oasis Festival. Niveau line-up, on a été plus que gâtés.

Après avoir électrisé les studios de l’Atlas à Ouarzazate et retourné tous les grains de sable du désert de Dakhla, l’Oasis Festival revient sur ses premiers pas à La Source : soit l’un des plus beaux jardins de Marrakech. Là où l’aventure a démarré en 2015, sous l’impulsion de sa fondatrice Marjana Jaidi.

Voulant réunir les mordus de techno et de house sur une terre brute et authentique, elle gagne son pari en sept éditions. Mais voilà, cette année marque le dernier volet de l’Oasis sur trois jours complets, dans un format festival. Sur un doux canapé crème, Marjana nous explique s’être lassée de cette formule, qu’elle a imaginée sous toutes les coutures au fil des années.

 

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À peine montés dans la navette qui assure le trajet entre notre hôtel et le festival, on entend parler toutes les langues, surtout anglais. ‘What’s up guys, are you ready to fun ?!’ hurle un festivalier bien attifé : lunettes sur le nez, paillettes sur les joues et chemise fleurie ouverte, torse découvert. Premiers cris dans la foule, premiers acouphènes. Le ton est donné, la fête peut commencer.

 

Kermesse vitamine house

Passée juste après Ania, DJ marocaine pas avare en lourdes nappes d’acid, Nooriyah, aussi radieuse que le zénith, fusionne des gros titres comme Sean Paul ou encore Beyoncé, avec du raï et des sonorités classiques de musique orientale. C’est sa marque de fabrique. On a même eu droit à un remix des sonnerie d’Iphone avec ‘The Impossible Arab Kurd’ de Rizan Saïd. Maboule.

Vient le moment où ‘Warni Warni’ d’Omar Souleyman fait tanguer le dancefloor de la scène Oasis (oui, car sous le plancher que l’on a saigné se cachait une grande piscine). La foule chante le refrain à l’unisson, nous, on suit. Le très attendu Amine K doit continuer dans la même veine, et puis non, il a majoritairement joué house, délaissant ses sonorités orientales locales le temps d’un set.

 

Oasis

Nooriyah © Juliette Miglierina

 

Même si on se déhanche pas mal sur le remix de ‘Ain’t Nobody’ par David Morales et Romina Johnson (irrésistible, ce track), on est quelque peu déçu par la performance que l’on avait pourtant hâte de découvrir. Idem pour les prestations de Salute et Interplanetary Criminal plus que timides sur leurs identités UK garage, misant tout sur une house fédératrice.

Après être allé chercher un cookie revisité façon corne de gazelle au stand Kookizti, on se rue devant le DJ set de Hot Chip. Oui, oui, en dehors de leur synthpop légendaire, Joe Goddard et Alexis Taylor manient parfois les platines ensemble. En balançant leur morceau ‘Spell (Extra Credit Remix)’, les deux compères nous jette un sort avec des nappes disco hypnotiques.

 

Oasis

© Juliette Miglierina

Sur les conseils d’un jeune homme aux lunettes à carreaux jaunes, nous allons écouter Sound Sisters, seul et unique collectif de DJ féminins sur le territoire marocain. En bref, quatre nanas badass à l’énergie débordante s’amusant à dégainer des nappes house, deep-house, voire eurodance. Sourire aux lèvres et poings serrés battant les kicks, on sue très fort sur ‘What’s A Girl To Do’ de Luvstruck. Une formation à suivre de près.

 

Bastos d’anthologie

Malgré trois sets en simultané, on prend le temps de s’émerveiller devant la grandeur des palmiers, cactus et autres plantes exotiques du jardin de La Source. On se love également sur des gros poufs posés sur des tapis orientaux pendant le set de Joy Orbison. Instant magique lorsque ‘Innsbruck’ de Facta retentit sous des lanternes aux vitraux multicolores (dépaysement maximal, le graal).

Direction la scène Arena, dont le line-up du dimanche soir est ficelé avec soin par Jyoty. La DJ originaire d’Amsterdam, dont la voix grave et sulfureuse résonne sur Rinse FM, présente un set teinté breakbeat en faisant des détours hip-hop, raï et dancehall. Dans la foule, ça se déhanche sur ‘Ya Tabtab (HABIBEATS Remix) [Mixed]’ de Nancy Ajram. Trop forte, Jyoty. Et que dire de ses consœurs… Si ce n’est que l’on s’est fait retourner le crâne par le délire acid-house de TSHA et twerké (on a encore essayé) sur la vague afrobeat de la Bruxelloise Blck Mamba. À quand un festival made in Jyoty ?

 

Oasis

Jyoty © Juliette Miglierina

 

Petit tour du côté de la Pool Stage, où l’on a pu se baigner en découvrant les artistes de la scène locale. Dont Retro Casseta, DJ qui ne mixe qu’avec des cassettes audio, bluffant de technique. ‘Dis-toi que ce gars passe des tracks que tu ne pourras jamais retrouver. Même pas avec Shazam !’ nous a glissé fortement dans l’oreille une jeune femme qui sentait le Chanel Coco à plein nez.

Quand les premières notes du ‘Abdel Kader’ de Rachid Taha, Khaled & Faudel résonnent dans ce coin intimiste, c’est la folie générale. On essaie de faire de la danse du ventre… sans succès. Kosh nous perd dans le cosmos avec une techno organique et planante à souhait, faisant monter un méchant drop en closing pendant cinq longues minutes. ‘Ne me dis pas qu’il a fini, là ? Il ne peut pas faire ça…’ crie une petite blonde à son amie. Eh bien si, ça se fait. Liberté artistique !

 

Oasis

Retro Casseta © Juliette Miglierina

On chope quelques falafels et on file devant Interstellar Funk. Sur deux heures de set, on planne sur une floppée de sonorités différentes, propices à l’état de transe. Sans parler de la profondeur des drops, poussant à l’introspection en mode tech-deep-house comme sur ‘Lighthouse’ de Théo Kottis.

Dans le genre bagarre, on s’en mange deux particulièrement musclées. HAAi arrive en trombe avec une techno brutale perçant à jour notre part la plus sombre. Les basses sont tellement violentes qu’elles remplacent nos battements de cœur, comme lors du set de Sama’ Abdulhadi : car la DJ-musicienne-productrice palestinienne ne fait décidément pas dans la dentelle.

 

Oasis

Sama’ Abdulhadi © Juliette Miglierina

Incisive dès le premier track, elle enchaine en faisant cracher les subs, notamment avec son titre ‘Well Free’ en collab avec Walaa Sbait. Fou rire quand à côté de nous, un groupe de trois Français dansant comme des australopithèques ont tenté de chanter les paroles. « On dirait que ça dit : ‘il y avait une tortue’ !’. D’acc.

Histoire de finir en beauté, place à Laurent Garnier en fermeture de cette dernière édition. Celui qui, en ce moment, fait beaucoup parler de lui grâce à son émission sur FIP Radio, et que beaucoup attendaient à la cloture des Jeux de Paris au Stade de France… nous attrape le cœur le temps d’une nuit (on attend toujours qu’il nous le rende d’ailleurs). Une construction de set des plus fines, méticuleuses et fort intelligentes que l’on ait pu voir sur tout le festival.

Oasis

Laurent Garnier © Juliette Miglierina

En clair, aucune limite avec le Maître, y compris les airs de samba sur lesquels il a (plus ou moins) terminé. On a abîmé nos cordes vocales sur ‘I Say a Little Prayer’ d’Aretha Franklin qu’il a joué sur un beat techno tropical et cassé nos bassins sur ‘Dreamer’ de Jules Wells. On est resté jusqu’à la fin, pour ne pas louper une miette du set de papa Laurent, qui nous a dorlotés pendant près de quatre heures (avec du rab à gogo).

 

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Et la suite pour l’Oasis Festival ? En 2026, l’Oasis a pour optique de devenir un lieu artistique de façon permanente. Les musiques électroniques occuperont toujours leur place fétiche, mais elles partageront cette fois-ci l’affiche avec différents styles musicaux (comme le hip-hop et le R’n’B). La fondatrice souhaite programmer des groupes de musique live et instaurer des semaines musicales à thèmes. ‘Le but, c’est de passer à autre chose en démarrant un nouveau chapitre, déclare la fondatrice Marjana Jaidi. Pour s’implanter davantage en tant qu’acteur culturel dans le pays’

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Meilleur moment : Les sets de Laurent Garnier, Sama’ Abdulhadi et Nooriyah. Mention spéciale pour la vague d’amour diffusée sur toute la durée du festival entre le staff, la presse, les locaux et les festivaliers venus du monde entier.

 Pire moment : La tempête de sable qui a (un peu) fait paniquer tout le monde lors des premiers lives du samedi.

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