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8 juin 2015

On y était… Weather Festival 2015

par rédaction Tsugi

La techno n’est plus un phénomène anecdotique en France. Clubs et évènements pullulent sous la demande croissante d’auditeurs de plus en plus pointus et cette année, la mairie de Paris donnait son accord à la tenue du Weather Festival dans le Bois de Vincennes. Evidemment, un rassemblement de musique techno de cette ampleur -qui fait figure d’inédit à Paris- était du pain bénit pour les plus hargneux, les plus réfractaires aux basses ou tout simplement pour les adeptes de la grogne franchouillarde. Aucun problème, puisque « sans liberté de blâmer, il n’est pas d’éloges flatteurs ».

Pendant quelques jours, la capitale a donc vibré au rythme du festival, à commencer par le OFF, qui se déroulait la dernière semaine de mai. Au programme, et pour débuter de la meilleure des façons, une soirée dans le très bel Institut du Monde Arabe (qui avait déjà accueilli le festival l’année dernière), avec la projection de « Man From Tomorrow« , film-concept de Jacqueline Caux avec Jeff Mills. Après un débat un peu longuet, rendez-vous sur la terrasse du haut de l’immeuble pour un concert de Sergie Rezza et de la légende Pepe Bradock, qu’on a été fort heureux de voir jouer, tellement ses apparitions sont rares. Le lendemain, rendez-vous à la Gaîté Lyrique pour une master class MAO avec Ben Vedren et un live exceptionnel de Voices From The Lake. Les deux Italiens, qui ont fait entrer le public en transe, ont réussi à pousser le vice à 150 BPM et se sont même permis un petit rappel devant une salle conquise. En fin de semaine, il y avait encore de quoi faire avec les soirées dans les clubs de la ville mis à contribution et sur la barge de la Concrete pour la Mini Weather. Mais ce n’est que le début, les choses sérieuses commencent !

Jeudi 4 juin, on s’enfonce dans le Bois de Vincennes pour le concert d’ouverture du festival. On entend déjà quelques échos du Dorian Concept Trio au loin, alors qu’on voit se détacher les grandes tentes violettes qui contrastent avec l’herbe environnante. Le vaste site est encore inondé par le soleil et la plupart des spectateurs sont allongés dans l’herbe, bullant tranquillement. Si Omar Souleyman nous déçoit quelque peu avec une performance redondante et sans surprises, digne tout au plus d’un concert de mariage, on est ravis par l’arrivée de Derrick May & Dzijan Emin, qui s’associent ici avec Francesco Tristano et l’Orchestre Lamoureux. Violons, marimbas, on est même surpris par la pêche de cet ensemble assez improbable.

On rempile le lendemain dès l’ouverture du site, sous une chaleur franchement écrasante et une petite frayeur météorologique qui a bien failli nous fermer les portes du festival. Alors que La Mamie’s ambiance le dancefloor de la scène été depuis l’ouverture, on échoue au coin décoré par l’OFNI, véritable monde parallèle régi par des joyeux drilles costumés, et où l’on doit enlever ses chaussures pour se vautrer dans des tentes remplies de coussins. On en sortira pour se ruer vers le live d’Herbert. Grande émotion quand la chanteuse entame les premières notes « Suddently« . Difficile de se démultiplier mais on arrive à voir la fin du live de Seven Davis Jr avant de passer un peu de temps entre les potards de MCDE et Marcellus Pittman sur une scène qu’on aurait aimée un peu plus grande. Il est minuit lorsqu’il se passe quelque chose d’incroyable sur la scène hiver : Vatican Shadow, Ron Morelli et Low Jack, au cours d’une folle messe noire noisy. Vatican Shadow, surexcité, gesticule et chante comme un possédé, et les trois compères maintiendront tout le monde en haleine pendant une heure qui passera en quelques secondes. On aperçoit la belle Xosar qui termine un set un peu mou et laisse la place à la superstar Ben Klock alors que joue en même temps sur la scène quasi adjacente Len Faki : violence extrême durant trois heures de ce côté du site. On tente de reposer nos tympans en compagnie de Four Tet et Floating Points qui oscillent entre reggae, house et toute une flopée de disques colorés, avant de camper un moment sur la scène Ambient. Là, on y découvre une Cio d’Or concentrée, frange courte et droite, sûre de ses gestes et qui nous embarque dans son conte lyrique et aquatique. On commence à regretter d’avoir eu l’inconscience de venir en débardeur, alors même qu’on a perdu bien dix degrés depuis la tombée de la nuit. On finira par trouver une couverture de survie au Camion Bazar (merci !) où toute la team, Romain Play, les collectifs RER et D.KO ne cesseront de mettre le feu jusqu’au lendemain. Du baume au cœur, on rejoint la scène où Mr G, bob vissé sur le crâne, a l’air de franchement s’éclater. Mais c’est bientôt l’heure de Jeff Mills, qui balance des rythmiques à nous couper le souffle, avant de se faire couper lui-même le sifflet par l’organisation…

© Yanis Hamnane - Les Fistons

Après un réveil difficile, nous sommes heureux de constater que la motivation est toujours présente en ce samedi radieux. Les pelouses du château de Vincennes sont bondées, on imagine que le festival le sera tout autant. C’est effectivement le cas, la fréquentation semble avoir doublée, mais les festivaliers véhiculent une énergie toujours très positive. A l’intérieur, entre Pit Spector, Kosme et bientôt Perbec (Mark Broom et Baby Ford), personne ne se sait où donner de la tête. On finit par camper sur la scène automne où un Ben Vedren survolté nous sort pour l’occasion une performance rallongée d’une bonne demi-heure. Une question est alors sur toutes les lèvres : Ricardo Villalobos, expert en annulation de dernière minute, va-t-il arriver à ramper jusqu’à la scène ? Miracle, premier son très micro house, notre Ricardo –un peu chancelant- est bien là ! On se demandera quelques minutes plus tard s’il n’a pas lui-même provoqué la petite coupure de courant sur la scène en débranchant une prise par mégarde. Bonne vibe un peu plus loin en compagnie de Robert Hood sur son projet Floorplan, qu’on aurait quand même peut-être voulu entendre sur une grande scène. On enchaîne dans la foulée avec Zip, désormais habitué du Weather, et Josh Wink qui nous a passé beaucoup de ses productions fétiches. On se réfugie au coin chill, où de grandes constructions nous accueillent à bois ouverts pour un moment de répit avant de foncer à nouveau dans la bataille : DVS1 & Rødhåd, le choc des titans. Mention spéciale également à la scène Modular d’où dépassent toutes sortes de valises, énormes modules et cables colorés et où on a pu admirer les lives d’In Aeternam Vale et Steevio & Suzybee. Les premiers rayons du soleil pointent devant la scène printemps envahie par RPR Soundsystem, alors que les festivaliers sont encore nombreux et en extase. Nina Kraviz achève ce Weather en beauté, avec en prime, semble-t-il, quelques inédits de son cru. Déjà fini… on espère que l’édition 2016 pourra encore se tenir dans ce lieu idéal qu’est le bois de Vincennes, avec un public et des artistes en aussi grande forme que cette année. Et surtout, un grand bravo à tous ceux qui ont travaillé dur à la réalisation de ce très beau festival.

Meilleurs moments : Le soleil du matin, derrière un set bien sombre de Nina Kraviz. Les danses folles de Vatican Shadow et Mr G. Et Jack Lang devant la scène hiver. 

Pires moments : Le niveau sonore parfois émoussé sur les scènes…quoique toujours trop fort pour des riverains excédés. Avec pour conséquence l’arrêt prématuré de la performance de Jeff Mills samedi matin.

© Yanis Hamnane – Les Fistons

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