Le label Air Texture édite la collection « Place : ». Une véritable cartographie des scènes électroniques mondiales, avec un accent mis sur la découverte et l’underground.
« Promouvons la musique électronique comme un art militant, fait par et pour le peuple. » Le site du label Air Texture donne le ton du projet : s’engager pour mettre en lumière les artistes internationaux hors des circuits mainstream.
Le concept de la série « Place » est simple : désigner une ville/un pays, donner carte blanche à un ou une musicienne locale, pour qu’il-elle fasse découvrir la communauté artistique de son pays ou de sa ville. Et puisque le label se positionne clairement dans une optique engagée, l’argent généré est reversé à une cause sociale importante pour la communauté locale.
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Lancé en 2011, le label Air Texture est initialement spécialisé dans l’ambient. Ce n’est que lorsque son fondateur, James Healy, se rend en Géorgie, que germe l’idée du format « Place ». Là-bas, Healy se rend compte de la bouillonnante scène club inconnue du grand public, et de ses affrontements avec les pouvoirs locaux. C’est donc ce pays qui inaugure la série de compilations, en 2019.
Pour le moment, la série « Place » couvre trois continents : l’Amérique, l’Europe et l’Afrique/ On vous à fait une petite sélection.
Place : Georgia
En mai 2018, la police géorgienne a mené des descentes dans plusieurs clubs populaires de Tbilissi, employant un usage démesuré de la force contre les employés et les clients. La raison officielle de ces interventions ? De récents décès liés à la drogue et à des accusations de trafic.
En réponse à cela, les amateurs de musique électronique se sont rassemblés durant deux jours devant le Parlement géorgien, sous les slogans « We dance together, we fight together « . Une immense fête techno, protestant contre les atteintes à la liberté subis notamment par la jeunesse géorgienne.
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Place : Georgia, première compilation de la série, est née de ce climat politique, mais aussi d’une volonté : montrer toute la richesse d’une scène électronique solidaire et unie pour les changements sociaux.
Place : Morocco
« Cette sélection est volontairement éclectique, mettant en lumière certains des musiciens les plus sous-estimés du Maroc, qui redéfinissent, selon moi, les frontières de la musique électronique ». C’est la musicienne Bergsonist qui a été chargée de réaliser cette compilation. Marocaine d’origine mais résidant à New York depuis quinze ans, connue pour l’éclectisme et la spontanéité de ses mixes, elle a ici cherché à éviter les scènes rap, pop ou ‘DJ commercial’.
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Son but : offrir une sélection diversifiée et tournée vers l’avenir de la scène électronique marocaine. Et c’est réussi : les mélodies marocaines se mélangent à la musique électronique, là où les rythmes du chaâbi ou encore gnawa prennent une dimension futuriste.
Place : Ecuador
L’Équateur est un des plus petits pays d’Amérique latine. Pourtant, son identité est diverse. Le pays est partagé entre sa région côtière pacifique, les régions montagneuses des Andes et la forêt d’Amazonie, à l’Est. La compilation Place : Ecuador, concoctée par le producteur Quixosis, reflète cette multiplicité. On navigue entre techno, reggaeton, jungle ou encore dubstep, avec l’apparition fréquente du rondador, cette flûte de pan considérée comme l’instrument national équatorien.
Un accent est aussi mis sur le rêve et la sortie du réel. Comme le résume Quixosis : « Nous créons des sons psychoactifs, depuis un pays couvert de plantes psychédéliques, et d’horizons qui stimulent l’imagination ».
Place : Toronto
C’est l’Amérique du Nord que l’on explore avec cette compilation, et plus précisément Toronto. Une ville particulièrement multiculturelle, dont on retrouve la diversité avec cette sélection de titres. Neoperreo, house, broken beat, techno, breaks, footwork, jungle — Place : Toronto présente peu de grands noms qui ont émergé de cette scène, mais au contraire des artistes connus à Toronto… Et encore inconnus du très grand public.
Place : Nairobi
KMRU, figure importante de la scène électronique expérimentale et curateur de cette compilation, l’annonce tout de suite : la scène musicale de Nairobi est riche et variée en styles. Alors Place : Nairobi ne fait qu’effleurer ce qui s’y passe réellement. On peut néanmoins y entendre des synthétiseurs jazz, ou encore du changanya — une forme de musique folklorique modernisée, fondée sur l’esthétique des traditions locales du Kenya. Une compilation qui fait office d’instantané d’une scène musicale en pleine ébullition, donnant envie d’en découvrir encore plus.
Même s’il y a déjà beaucoup à entendre, nul doute que les absents Asie et Océanie vont prochainement venir grossir les rangs du label. Si vous voulez en écouter plus et voir tous les pays couverts par les compilations, le label propose une carte interactive !
