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1 juin 2021

🔊 The Hacker, Gesaffelstein, DJ Hell : Zone sort une monstrueuse compile de 16 bombes electro

par Nicolas Bresson

Alors que sort aujourd’hui Interzone, la toute première compilation de l’histoire du label Zone, on s’est longuement entretenus avec son cofondateur Michel Amato, mieux connu sous son alias The Hacker.

Avoir en interview un artiste aussi passionnant et passionné – plus de 25 années de carrière dans la musique électronique – c’est forcément sortir du cadre strict de la promo et digresser vers une conversation entre amoureux de musique. Si la sortie d’Interzone est au cœur de son actu immédiate, The Hacker revient aussi sur son vécu d’une crise sanitaire toujours en cours, ses rapports avec Gesaffelstein et DJ Hell ou encore sur sa vision de l’avenir immédiat de l’EBM. En prime, il nous livre une exclu : le retour très attendu de son projet avec Kittin !

Interzone n’est ni une compilation anniversaire – les 10 ans du label sont déjà passés – ni une rétrospective/best-of. Pourquoi la sortir maintenant sous la forme d’un recueil d’inédits ?

Ça faisait un petit moment que j’avais en tête l’idée de sortir un multi-artistes sur Zone avec tous les gens qui font plus ou moins partie de la « famille ». Ça s’est monté très rapidement, en quelques mois. L’un des rares côtés positifs de cette période de confinements c’est que les artistes ont eu le temps de faire de la musique. Enfin surtout ceux qui savent. Là, on a pu voir ceux qui produisaient eux-mêmes et ceux qui la faisaient faire par d’autres. Pas mal de compilations sont déjà sorties pendant cette crise et parfois on retrouvait 35/40 artistes. Je trouve que c’est trop. Au bout de 10 ou 15 morceaux tu perds le fil. C’est pour ça qu’on s’est limité à 16, on a dû faire des choix c’est sûr, certains proches ne sont pas présents cette fois-ci mais je n’exclus pas une suite.

Il n’y a quasiment que des hommes au tracklisting, l’electro-techno serait-il un genre d’essence masculine ?

The Hacker

©Zone

Il y a bien Caroline – Kittin, ndr – mais c’est la seule. On a demandé à d’autres filles qu’on avait invitées à jouer dans des soirées par le passé mais elles ont refusé poliment ou dit qu’elles n’avaient pas le temps. Le fait que la sélection soit essentiellement masculine est plus subi que choisi en réalité. J’aurais aimé que cela en soit autrement. Donc je préfère couper court aux polémiques et qu’on ne vienne pas m’emmerder avec ça.

Y aura-t-il une tournée de prévue autour de cette sortie ?

Quand tu vois le tracklisting de la compile ça ferait un joli plateau. Déjà avec la moitié des artistes présents ça serait énorme. Une soirée avec Kittin, DJ Hell, Kris Baha, Jensen Interceptor ça aurait de la gueule. On va voir comment la situation sanitaire évolue mais on aimerait faire au moins une date à Paris, une à Lyon et une à Grenoble.

« Un an et demi après les vacances, ça commence à faire long. On ne voit pas la lumière au bout du tunnel. »

Justement comment as-tu vécu cette période de confinements et d’interdiction de faire la « bamboche » ?

Très honnêtement, le premier confinement je ne l’ai pas trop mal vécu. J’avais fait une grosse année 2019 avec beaucoup de dates, de voyages, de musique donc j’étais crevé physiquement. J’ai pris cela comme une opportunité pour me reposer, pour prendre du recul. Des vacances quoi. Mais un an et demi après les vacances, ça commence à faire long. On ne voit pas la lumière au bout du tunnel. J’en ai discuté avec d’autres artistes et on a tous cette impression d’avoir perdu la notion du temps, de ne plus savoir quel jour on est. Il y a cette année où il ne s’est rien passé pour nous, mais c’est une année qui a quand même eu lieu et qui ne reviendra jamais. Aujourd’hui avec le retour des terrasses, il y a un peu d’espoir qui flotte dans l’air. Je commence à avoir de nouveaux des demandes pour des sets, notamment en Angleterre qui va rouvrir ses clubs.

Et au niveau de l’inspiration ?

Au début je l’avais perdue, je ne faisais quasiment pas de musique. Cela commençait même à m’inquiéter. Et puis l’hiver dernier c’est revenu. Globalement ma musique n’a pas trop changé, je ne me suis pas mis à l’ambient (rires). Mais j’ai réécouté pas mal de trucs de Detroit que j’avais mis de côté pendant pas mal d’années. J’ai réutilisé des nappes, des accords dont je me servais plus. J’ai épuré un peu mon son. Je suis peut-être revenu à une forme de classicisme électronique en essayant de me rapprocher de mes modèles absolus que sont Dopplereffekt et Kraftwerk.

Ces nouveaux morceaux vont sortir bientĂ´t ?

Oui. Tu as déjà un avant-goût avec « Nano Technology » qui est présent sur Interzone. Les autres vont sortir à la rentrée sous forme de mini-LP sur Pinkman, un label hollandais où j’ai déjà publié un maxi sous mon alias Amato.

« L’hiver prochain on retournera dans les sous-sols écouter Nitzer Ebb et Front 242.« 

Zone a bien profitĂ© du retour en grâce des sons electro/EBM qu’on observait ces dernières annĂ©es. Ne penses-tu pas qu’au sortir de la crise le public va ĂŞtre plus en attente de sons joyeux, insouciants ? La Covid n’a-t-elle pas mis un coup d’arrĂŞt – provisoire – Ă  la techno « sombre » ?

C’est ce que je pense aussi. Mais j’essaie de voir le bon côté des choses. Si ce n’est plus à la mode, il restera toujours les vrais passionnés. J’imagine que cet été il y aura beaucoup de house, de disco, mais aussi d’italo-disco, donc je pourrai me rattraper de ce côté-là. Et puis l’hiver prochain on retournera dans les sous-sols écouter Nitzer Ebb et Front 242. Il y avait ces dernières années toute une tendance néo-EBM hyper rapide à 145 BPM que j’appelle « techno-goth », qui se rapprochait presque de la psytrance et que je n’aimais pas du tout. Si elle disparaît, je ne m’en porterais pas plus mal.

Peux-tu nous rappeler dans quelles circonstances s’est créé le label Zone en 2009 ?

Ă€ l’époque avec mon associĂ© Alexandre Reynaud, on avait arrĂŞtĂ© Goodlife, un prĂ©cĂ©dent label qu’on avait montĂ© avec Oxia. MĂŞme si on est toujours proches aujourd’hui, on avait de plus en plus de divergences musicales, ça devenait compliquĂ© de s’entendre sur ce point. Donc avec Alex on avait dĂ©jĂ  l’idĂ©e de remonter une autre structure et entre temps on a rencontrĂ© Mike – Gesaffelstein – qui Ă©tait Ă  ses tout dĂ©buts ainsi que son meilleur pote David. On a lancĂ© Zone Ă  quatre, les deux jeunes et les deux vieux (rires). Un label qui tournerait autour de l’electro au vrai sens du terme, avec Dopplereffekt comme influence majeure, mais aussi l’EBM old-school comme DAF, Front 242, Liaisons Dangereuses. Et l’italo-disco, un peu.

Pourquoi ce nom « Zone » d’ailleurs ?

Gesaffelstein au Social Club en 2013 ©Zone

C’est venu naturellement. C’est un mot qu’on employait souvent « c’est la zone ». On était aussi tous fascinés par le cinéma français de la fin des années 70, « Buffet Froid » de Bertrand Blier ou « Série Noire » avec Patrick Dewaere. Des films très « zone ».

« DJ Hell m’avait dit : « Michel, c’est très bien tes trucs, mais Jeff Mills existe déjà. » »

Au début, le label était d’ailleurs étrangement associé à la French Touch 2.0 ?

Oui, alors qu’on était complètement à contre-courant de la turbine avec notre son electro-tech. C’est le fait d’avoir une résidence au Social Club qui nous a un peu mis là-dedans, même si musicalement on n’avait rien à voir. Je crois aussi que les kids accrochaient bien à l’énergie dégagée par la musique de Gesaffelstein, même s’ils n’en captaient pas toutes les références.

Gesaffelstein qui a depuis pris un virage plus pop avec son album Hyperion et collaboré avec The Weeknd ou Pharell Williams. Il est toutefois présent sur Interzone. Quels sont ses rapports avec le label aujourd’hui ?

Il reste en contact, c’est avant tout un ami. Il mène sa barque de son côté mais s’intéresse toujours à ce qu’on sort. Quand on lui a parlé de la compile, il a tout de suite proposé un morceau. Il est présent en mode « low profile ». On ne veut pas le mettre plus en avant que les autres artistes. Il est avec nous, avec les autres et c’est très bien.

Un autre personnage présent sur la compilation est DJ Hell. Quelqu’un de très important pour ta carrière ?

Oui. Au début j’essayais un peu de copier Jeff Mills musicalement. Et DJ Hell m’avait dit : « Michel, c’est très bien tes trucs, mais Jeff Mills existe déjà. Par contre, tes morceaux un peu hybrides entre new-wave, techno et italo-disco, personne ne le fait vraiment et c’est super bien. Tu devrais aller plus dans cette direction ». Ses propos ont été déterminants pour la suite.

Ta complice de toujours Caroline alias Kittin est aussi présente au tracklisting. La question que tout le monde se pose : à quand le retour de votre projet commun ?

Je peux vous annoncer qu’on a retravaillé ensemble et qu’on a même produit un nouvel album. Il est terminé et j’en suis très satisfait. Sa sortie est un peu conditionnée par la situation sanitaire car on aimerait vraiment le défendre sur scène. Donc on l’espère pour cet hiver. Un premier single sortira à la rentrée. Ça s’appellera Kittin/Hacker car Caro s’est débarrassé de son « Miss », donc ça fait plus équilibré.

Tu nous tiendras au courant ?

Evidemment !

 

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