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18 décembre 2018

Les 20 meilleurs albums de l’année 2018 selon Tsugi

par Clémence Meunier

La fin de l’année arrive, et avec elle la traditionnelle heure du bilan. On l’a fait, calmement, pour sortir du lot les albums qui auront marqué l’année de la rédaction, entre tauliers du magazine, pigistes, padawans web et résidents Tsugi Radio. Et à l’image de l’éclectisme revendiqué chez Tsugi, cette sélection des 20 meilleurs albums de 2018 fait parfois le grand écart entre chanson française, hip-hop américain, rap bien de chez nous, techno, expérimentations électroniques, pop qui fait rêver et rock qui tâche. Seulement quand la musique est bonne, bien sûr.

>> Retrouvez notre playlist ultime de 2018 en bas de page

Chaton – Possible [Arista]

Cet album est certainement celui qui a le plus tourné dans mes oreilles en 2018. Tombé sous le charme de ce drôle de chanteur aux vies multiples qui a trente cinq ans, s’épanouit enfin dans un mix autobiographique autotuné entre électro-hip hop-dub-et chanson. On attend la suite l’année prochaine. Hâte. (Patrice Bardot)

Mais aussi : 
Deena Abdelwahed – Khonnar [InFiné] Lomepal – Jeannine [Grand Management]

Die Wilde Jagd – Uhrwald Orange [Bureau B]

Je crois que si je ne devais en retenir qu’un cette année, ce serait Uhrwald Orange par Die Wilde Jagd sorti sur Bureau B. C’est à peu près un condensé de tout ce que j’aime dans la musique électronique : lent, suave, entêtant, joué, osé… On se sent porté dés les premières secondes de ce disque qui se laisse écouter à n’importe quel moment de la journée et dans n’importe quel contexte. (Samuel Berdah – Days Of Being Wild)

Mais aussi :
Penelope Trappes – Penelope Two [Houndstooth] Tom Hodge & Franz Kirmann – The Man Behind The Microphone [1631 Recordings]

Pusha T – Daytona [GOOD Music]

Le meilleur album rap US de cette année ne dure que vingt-et-une minutes : la durée parfaite pour l’uppercut qu’aura été Daytona du vétéran Pusha T cette année. Entièrement produit par Kanye West, le dernier solo de l’ex-Clipse aura permis de rappeler une réalité simple, celle que le rap américain reste un ring de boxe sans pitié. Clash avec Drake, pochette montrant la salle de bain dévastée de Whitney Houston peu avant sa mort, Daytona est dans son propos aussi noir qu’il reste pur dans sa production musicale, tant les samples de Kanye se répondent magistralement entre eux pour mieux accompagner les phrases lugubres de son interprète. Un album court et intense, plein de noirceur et de technique, qui aura permis à Pusha T de souligner son credo : on ne fait jamais mumuse avec la rue. (Brice Bossavie)

Mais aussi : 
Kali Uchis – Isolation [Virgin Records] Grems – Sans titre #7 [Gremsindustry]

Daniel Avery – Song For Alpha [Phantasy Sound]

Cinq années après le déjà excellent Drone Logic Daniel Avery nous livre un petit chef d’oeuvre. S’éloignant de l’électro à velléité pop de son mentor Erol Alkan il embrasse ici la techno dans ce qu’elle a de plus fascinant. N’hésitant plus à frayer du côté de l’IDM et de l’ambient. Nappes insondables, rythmiques délicates, synthés qui vous caressent le cortex dans une production parfaite et intemporelle. En boucle, tout comme le BBC Essential Mix qui en a accompagné la sortie. (Nicolas Bresson)

Mais aussi :
DJ Koze – Knock Knock [Pampa Records] Imarhan – Temet [City Slang]

Tracey Thorn – Record [Merge Records]

Entre dancefloor et mélancolie, l’ex-chanteuse d’Everything But The Girl réussit un troisième album solo parfait, aidée par la production magnifique d’Ewan Pearson. Soyons honnêtes, elle chanterait le bottin en turkmène à l’envers que je resterais fan. (Benoît Carretier)

Mais aussi : 
Surgeon – Luminosity Device [Dynamic Tension] Ramones – Road To Ruin (40th Anniversary Edition) [Rhino/Warner]

Clara Luciani – Sainte-Victoire [Initial]

A l’heure du bilan, finalement le seul critère qui vaille c’est : quel disque ai-je le plus écouté cette année, en dehors de toute obligation journalistique ? Et la réponse s’est imposée comme une évidence tant la voix suave de Clara Luciani m’a touché. En pleine tourmente #metoo, ce disque qui s’ouvre par des mots forts « sous mon sein la grenade » questionne la condition féminine en 2018 avec finesse, un rien d’audace et beaucoup d’humilité. Musicalement, on se réjouit des arrangements qui empruntent autant au Velvet qu’à Metronomy (ah ! cette reprise de « The Bay » en français !) ou la grande chanson française des années 70. Et je fais le pari qu’avec le temps, ce disque fera date, comme en leur temps les albums de Véronique Sanson, Françoise Hardy ou Camille. (Antoine Dabrowski)

Mais aussi : 
Kittin – Cosmos [Nobody’s Bizzness/Dark Entries] Curses – Romantic Fiction (Dischi Autunno)

Leon Vynehall – Nothing Is Still [Ninja Tune]

C’est le retour du jazz et de l’ambient, et cette année, personne n’a mieux synthétisé tout ça (et tenté d’aller au-delà) que Leon Vynehall, qui a profité de son passage au format album pour montrer qu’en plus d’être un talentueux producteur de house, il excellait dans la conception de musique planante et nocturne. (Gérome Darmendrail)

Mais aussi :
Tirzah – Devotion [Domino] Hieroglyphic Being – The Red Notes [Soul Jazz]

Jorja Smith – Lost & Found [Because Music]

Ce que la soul mondiale fait de mieux en 2018. Des instru hip-hop langoureuses, une voix chaude, massive et sans chichi : la protégée de Drake et Kendrick délivre douze titres au charme indolent. Torrent d’émotions, et Jorja on our minds.. (Corentin Fraisse)

Mais aussi : 
Flavien Berger – Contre-temps [Pan European] Odezenne – Au Baccara [Universeul]

Kids See Ghosts – Kids See Ghosts [GOOD Music]

L’oeuvre de Yeezus et son premier disciple. Après des années de collaboration, Kid Cudi et Kanye West ont allié leurs forces pour un album entier. Concis et efficace, Kids See Ghosts offre sept morceaux limpides, entre « old Kanye », rock et hip-hop. Sans tabous, le disque traite d’addictions, de santé mentale et de reconstruction de soi avec une rare honnêteté. Puissant. (Victor Goury-Laffont)

Mais aussi : 
DJ Richard – Dies Iræ Xerox [Dial Records] Martyn – Voids [Ostgut Ton]

Deena Abdelwahed – Khonar [InFiné]

Habité, joueur, sincère, puissant, envoûtant, surprenant, élégiaque, weird. (La Fraicheur)

Mais aussi : 
Debit – Animus [NAAFI] Curses – Romantic Fiction [Dischi Autunno]

Odezenne – Au Baccara [Universeul]

Grosse claque, grosse prod, textes percutants. Un album classe. (Arnaud Le Vot)

Mais aussi : 
DJ Koze – Knock Knock [Pampa Records] Barbara Carlotti – Magnétique [Elektra]

Idles – Joy As An Act Of Resistance [Partisan Records]

Au milieu du second album d’Idles, le chanteur trentenaire de ce groupe punk de Bristol hurle : « I fuckin’ love you ! Cause you’re so loveable ! ». Le morceau s’appelle « Love Song » et tout le monde a cru une parodie. Sauf que non. Parfois, même si c’est con, on a besoin de crier que l’amour, c’est juste bien. Et qu’un émigrant, c’est un homme comme les autres. Ou que malgré les différences, l’unité vaincra. Toutes ces opinions un peu bateau, Idles les chante avec fougue, attitude et passion. Et s’est ainsi mué en vrai porte-parole moderne du bon sens. (Kerill Mc Closkey)

Mais aussi :
Mitski – Be The Cowboy [Dead Oceans] Pusha T – Daytona [GOOD Music]

Simian Mobile Disco – Murmurations [Wichita/[PIAS]]

En dix ans de carrière, le duo Simian Mobile Disco a évidemment eu un peu de temps pour se pencher sur LA grande question : comment faire évoluer la musique électronique, genre jeune, sensé être novateur… Et pourtant tout à fait capable de tourner en rond ? Avec Murmurations, la réponse se trouvera loin des machines, mais dans le plus vieil instrument de l’humanité : les voix. Simian a en effet fait appel à une chorale féminine et féministe anglaise, la Deep Throat Choir, que l’on entend au premier plan tout au long de cet album aux couleurs tribales. Idéal un samedi soir en club, pour chanter sous la douche en rentrant, se réveiller avec le sourire le dimanche matin ou pour joliment habiller l’ambiance sonore d’un apéro à la maison – mes quatre activités favorites. (Clémence Meunier)

Mais aussi : 
Jon Hopkins – Singularity [Domino] Giorgia Angiuli – In A Pink Bubble [Stil Vor Talent]

Djrum – Portrait With Firewood [R&S Records]

Cinq ans après son premier album et après une flopée d’excellents EPs, Djrum s’est à nouveau lancé dans l’élaboration d’un format long qui lui permet de développer les morceaux en plusieurs parties et la UK bass aux confins du dubstep intelligent et de l’ambient qu’il affectionne tant (et moi aussi). Je suis fan. (Estelle Morfin)

Mais aussi : 
Skee mask – Compro [Ilian Tape] Domenique Dumont ‎- Miniatures De Auto Rhythm [Antinote]

MGMT – Little Dark Age [Columbia]

Avec Little Dark Age, MGMT s’autorise de nouvelles incursions en territoire pop. Le disque n’est pas un catalogue de hits électro-rocks – « One Thing Left To Try » faisant figure d’exception – mais un hommage à la synthpop des années 80. « She Works Out Too Much » et ses accords japonisants rappelle « Ongaku » de YMO, « Me And Michael » ressemble au « Souvenir » de OMD, et « Little Dark Age » est un pur concentré de cold wave. Reste quelques titres psyché comme « Hand It Over » où le groupe sourit à des Beach Boys déguisés en Kevin Parker. Les compositions sont mélodieuses, les paroles cyniques, la production soignée. MGMT ou l’art de faire de la pop intelligente. (Axel Pares)

Mais aussi : 
Unknown Mortal Orchestra – Sex & Food [Jagjaguwar] Moodoid – Cité Champagne [Because Music]

Kadhja Bonet – Childqueen [Fat Possum]

Chez la Californienne Kadhja Bonet, la sérénité semble avoir précédé le nombre des années. Ce second disque confirme les promesses harmonieuses d’une voix solaire mûrie en solitaire. A l’écoute – compulsive – je pense à Minnie Riperton, ou à Terry Callier. L’évidence de sa soul de cordes et de velours ainsi que sa puissance toute en retenue m’illuminent jusqu’aux larmes. (Olivier Pellerin)

Mais aussi : 
Eric Chenaux – Slowly Paradise [Constellation] Oneohtrix Point Never – Age Of [Warp]

Recondite – Daemmerlicht [Plangent]

Breakbeat obscur. J’ai kiffé. (Xavier Pouleau)

Mais aussi : 
Djedjotronic – R.U.R. [Boysnoize Records] Various Artists – 15 Years Of The Bunker [The Bunker New York]

Dax J – Offending Public Morality [Monnom Black]

Un an pile après le scandale tunisien, Dax J sort de son silence avec Offending Public Morality. Il répond à la critique avec 14 titres aux noms moralisateurs (pour mon plus grand bonheur). En passant de la techno indus – comme il sait si bien faire – à la drum’n’bass, l’acid, l’IDM ou même encore à la jungle, le producteur nous montre qu’il est toujours là et qu’il est plus fort que jamais. Clairement un des « must-listen » de l’année 2018 ! (Christelle Semiglia)

Mais aussi : 
Kanye West – Ye [GOOD Music/Def Jam] Shlømo – Mercurial Skin [Taapion]

Cat Power – Wanderer [Domino]

Chan reste au dessus de la mêlée en ce qui concerne les folkeuses et les chanteuses, tout court. Avec ce disque à la fragilité mélancolique, elle revient aussi au côté « écorchée vive » de ses tout débuts. L’album à offrir à tous les êtres chers pour survivre aux réunions de fêtes et au surplus de sucre. (Violaine Schutz)

Mais aussi : 
Blood Orange – Negro Swan [Domino] Rosalia – El Mal Querer [Sony]

Lojii – Lofeye [Youngbloods]

Un an après l’élégant et jazzy Due Rent produit par Swarvy, le rappeur de Philadelphie Lojii change de registre et livre un concept album qu’il explique avoir confectionné avec très peu de moyens mais beaucoup de producteurs (Sadhu Gold, Marc Rebillet, Repeated Measures, HeapRize, Thook…). Passant du boom bap à la grime, de la trap à l’electronica les instrus assez ténébreux mais très aériens conviennent parfaitement à l’esthétique de Lojii et à sa voix magnétique. (Uncle O)

Mais aussi : 
Ras G & The Afrikan Space Program – Stargate Music [Leaving] N8NOFACE – True Story [Hit & Run]

>> Playlist : 20 morceaux extraits de ces 20 albums favoris de la rédaction, en commençant par la soul envoûtante de Jorja Smith pour finir avec la rage bonne esprit de Idles – et entre les deux, des passages hip-hop, pop et techno.

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