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Crédit : Loll Willems
6 juin 2017

Arcade Fire : le feu à Fourvière

par Patrice BARDOT

Avec le Théâtre de la Mer à Sète qui se jette littéralement dans la Méditerranée, le Théâtre Antique de Fourvière trônant au sommet de la colline du même nom, qui offre une vue spectaculaire sur Lyon, peut se targuer de faire partie des deux plus belles salles à ciel ouvert de France. C’est dans ce cadre majestueux, celui des Nuits de Fourvière, qu’ils avaient déjà visité il y a pile dix ans, que les Américano-Canadiens d’Arcade Fire faisaient étape après leur triomphe du week-end dernier à Primavera, Barcelone. Avec dans leurs bagages l’annonce récente d’un nouvel album (sortie le 28 juillet) et la parution d’un premier et convaincant single « Everything Now » (coproduit par Thomas Bangalter quand même), la bande à Win Butler et Régine Chassagne débarquait au meilleur moment entre Rhône et Saône. La rumeur annonçait même une tracklist comportant sept ou huit inédits. Euh pas vraiment comme on va le constater.

À 22H17, une fois la nuit tombée sur quatre mille spectateurs aussi excités que les dragons de Daenerys Targaryen, Arcade Fire pouvait prendre d’assaut les lieux au son d’un « Wake Up » de circonstance, extrait de leur premier Funeral qui donne le ton à une sélection à l’allure de best-of quasi idéal (on aurait aimé entendre « Joan Of Arc », mais bon…). À notre époque où les concerts sont surtout synonymes de surenchère pyrotechnique, histoire de faire oublier la faiblesse des prestations musicales, il est rafraîchissant de constater que les Canadiens n’ont besoin d’aucun cache-misère, aussi éblouissant soit-il, pour doper leur performance. Quelques écrans en fond de scène, des tubes de néons multicolores sur le devant et basta. Les huit musiciens occupent suffisamment l’espace dans une espèce de grand tintamarre rock jouissif, à l’apparence bordélique, mais au final très contrôlé où la communication est limitée à quelques mercis. Pas question de se disperser.

La réaction quasi hystérique du public sur « Everything Now », vieux de même pas une semaine, invite à mettre quelques billes sur sa possible élévation en tube pop de l’été. « Creature Comfort », le seul autre inédit placé en fin de set, donne envie de découvrir l’ensemble de ce cinquième album dont on sait qu’il comportera treize titres. La relative surprise du concert est de voir que ce sont les anciens Funeral et The Suburbs qui se taillent la part du lion. Mais leur gravité sombre et rageuse colle mieux à nos temps troublés que l’effervescence tourbillonnante de Reflektor, même si le titre homonyme fera se lever les gradins dans une poussée discoïsante. Pas la peine de se rasseoir. On est resté debout pour profiter du final monstrueux tout en puissance avec « Neighborhood #3 (Power Out) » enchaîné à « Rebellion (Lies) ». L’unique rappel au bout d’une heure cinquante de concert est offert à Regine Chassagne, magnifique sur le mélancolique « In the Backseat », parfait pour faire retomber la tension d’une prestation fulgurante et énergisante, à l’allure de check-up de la fusée Arcade Fire en attendant le décollage imminent vers un futur radieux. Mise à feu lors de leur prochain concert dans notre pays aux Eurockéennes de Belfort ? Possible.

Meilleur moment : l’alliance du lieu magique avec un groupe charismatique. Et mention pour l’organisation impeccable.

Pire moment : un son qui a mis longtemps à se régler.

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