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27 mars 2017

Mais que se passe t-il dans la tête de Tristesse Contemporaine ?

par Mathilde LESAINT

Paris est une ville de rencontres et de mélange culturel, un melting pot pouvant aboutir à de très jolies choses. La preuve avec la Japonaise Narumi, le Suédois Léo et l’Anglais d’origine jamaicaine Maik. Voisins dans la ville lumière, le trio s’est alors découvert une passion commune qui a fait naître deux albums emprunts de rock, de cold-wave et de new-wave tous aussi délectables. Il y a quelques mois, les trois joyeux lurons ont offert leur troisième album Stop And Start. Un long-format pour lequel le groupe a pris beaucoup plus le temps. Contrairement aux deux premiers albums très intuitifs, ils ont cette fois-ci pris le temps d’enlever et de rajouter des détails et enfin trouver le son Tristesse Contemporaine dans sa version la plus pure. Album de la maturité ? La formule est cliché mais c’est clairement ce qu’ils nous ont fait comprendre lors d’un agréable entretien avec ses trois musiciens.

Tsugi : Vous décrivez cet album comme un acte III, peut-on voir ces trois actes comme un seul et même album ?

Narumi : Oui c’est une véritable trilogie.

Les deux premiers albums ont été une sorte de rodage pour vous ?

Maik : Le premier album était très spontané, dans le bon sens du terme. On a produit la musique à laquelle on a rêvé pendant longtemps. Les idées nous venaient très vite. À l’inverse, le deuxième Stay Golden était plutôt un album de recherche. On parle assez négativement de ce long-format, pourtant je n’ai jamais rencontré personne qui ne l’aime pas.

N : Moi je l’aime bien, mais d’une façon différente.

L : Stay Golden est plus propre et plus calme. On joue très peu de ses morceaux en live parce qu’il a des structures un peu bizarre. Le premier album, on ne savait pas ce que l’on voulait et pourtant le résultat est convainquant. Ici, on savait où on allait, on a fait plus attention, on a réfléchi les morceaux plus longtemps.

N : Exactement. Stop And Start par contre c’est vraiment un album parfait pour le live.

Sur ce nouvel album, vous avez choisi de rajouter un batteur, comment l’avez vous choisi ?

M : C’est un vieil ami en fait. On l’a plus choisi pour son amitié que pour sa technique (rires)

Sur la pochette de votre dernier album, il y a une femme nue de dos, ça signifie quelque chose ?

N : On voulait être sur le disque, mais on a laissé carte blanche à la direction artistique pour le reste. Laurent Fétis, le DA de notre projet, s’est inspiré du Déjeuner sur l’herbe de Manet. Une oeuvre où la femme est nue et les autres restent habillés. Même si la femme est nue, c’est complètement asexué, c’est juste pour la beauté du corps de la femme. Le cliché est vraiment superbe, c’est comme un album photo, une invitation à découvrir le reste.

Vous serez au Badaboum le 6 avril. Comment fonctionnez vous pendant vos lives, vous repensez les morceaux, vous les rendez plus longs, plus club ?

L : Plus longs ou plus courts cela dépend. Il y a des morceaux qui marchent vraiment très bien en live. Un titre comme « Ceremony » par exemple, il prend une toute autre dimension.

N : En tout cas pour ce qui est du live, on a énormément évolué par rapport à nos débuts. Quand on y repense on se dit « olala c’était horrible ». Pourtant on était toujours content de nous, tellement que l’on s’était dit que c’était super important de filmer !

L : Je sais qu’il existe une vidéo d’un de nos premiers concerts au Pop in, une toute petite salle parisienne, je ne l’ai jamais vu mais je sais qu’elle existe (rires)

Mathématiques Modernes, Syndicat Electronique, Poème Electronique, ces noms de groupes cold-wave sont dans le même esprit que votre nom. Ils vous ont inspiré ?

N : Bizarrement, je n’y avais jamais pensé ! Mathématiques Modernes et tous ces groupes font partie de nos influences mais je n’ai jamais fait le lien.

L : Peut être aussi qu’au moment de choisir notre nom on ne savait pas encore que l’on faisait de la cold-wave. Sur le troisième album c’est enfin plus clair, plus identifiable comme tel. Au final, au début on ne savait pas vraiment ce qu’on faisait (rires)

Vous avez fait remixer « Fire » et « I Do What I Want » ? Vous comptez le faire à nouveau ?

L : On a fait un remix avec Pilooski, mais cette fois-ci on a choisi de ne pas demander trop de remixes. C’est peut-être un peu prétentieux, mais on a eu la sensation qu’il n’y avait rien à changer.

N : Il y a quand même une personne avec laquelle on aimerait beaucoup travailler : The Black Madonna. J’adore ce qu’elle fait et je me demande vraiment comment elle repenserait nos morceaux.

Vous êtes des adeptes du « less is more », c’est une manière de faire vivre chacun des arrangements ?

M : On ne pense pas vraiment comme ça, mais en général je n’aime pas trop les musiques où il y a trop de détails.

N : C’est la tendance d’ajouter plein d’éléments, mais je pense qu’il faut savoir faire des sacrifices dans les morceaux et avoir la discipline d’enlever des choses.

Vous avez utilisé quoi comme instruments pour cet album ?

L : Il y a la batterie bien sûr, mais aussi un synthétiseur Roland SH que l’on a synchronisé avec une boîte à rythmes TR 808. Il y a beaucoup de titres créés avec cette base, « Ceremony » par exemple.

N : « Get what » aussi ?

M : On l’avait mis mais on l’a enlevé ! (rires)

L : De toute façon on l’a mis sur tous les titres et puis après on l’a retiré… Peut-être sur tous les morceaux !

L : Sinon, on a utilisé deux synthés, un kick et un snare, tout le reste passe par des effets analogiques. Cela donne une certaine cohérence dans l’album. Si on avait cherché différents snare sur chaque morceau l’album aurait été bien trop éclectique et un peu brouillon.

Vous parlez beaucoup de « Ceremony »…

N : Oui parce que il est très représentatif de l’album. Sa création a beaucoup influencé le reste des titres.

À vous entendre échanger, vous semblez être un groupe en parfaite osmose..

N : On a un moto qui disait « back seat driver » ce qui signifie « tous chauffeurs ».

L :  On est tout les trois derrière en train d’expliquer comment conduire. La communication est quelque chose de très important pour nous. On ne veut pas de leader ou de tête pensante. Auparavant, je travaillais en studio de production et j’ai eu quelques mauvaises expériences avec des gens difficiles. Notre manière de travailler c’est : on a une idée, on la teste tout de suite et on en discute.

N : Je me rappelle d’une session ou je travaillais par terre. On avait quelques micros et quelques bières, c’était parfait. Bières que l’on a utilisé pour le morceau « I Didn’t Know », il y a un sample de l’un de nous qui tape dessus avec un stylo. Ce track, Karl Lagerfeld l’a utilisé pour un défilé Chanel. En regardant le spectacle , on pensait à comment on l’avait produit, ça nous a bien fait rire, le contraste était assez marrant ! Aujourd’hui, c’est peut être un peu moins spontané, mais au moins maintenant on a plus de technique !

Pilooski a produit votre album, quelle importance a t-il eu dans la préparation de l’album ?

N : Au début, on lui avait juste demandé de mixer l’album. Au final, il nous a beaucoup aidé pour la production. Il a rajouté des éléments, des breaks surtout, un peu trop d’ailleurs. On a bataillé avec lui pour se mettre d’accord, mais maintenant on est très satisfait du résultat.

L : La production a été un moment long et douloureux, on a dû vraiment faire des compromis, discuter avec Pilooski pour savoir ce qu’il fallait enlever ou rajouter. Même si ça nous a rendus dingues c’était nécessaire !

M : Tu te rappelles du sample qu’il a oublié ?

J : Ah oui le « WooooWOoooWooo »

N : Oui ! On s’en est rendus compte trop tard et pourtant on adorait ce sample d’imitation de chien de Maik !

J : Heureusement, on peut l’entendre sur l’EP !

Maintenant que la boucle est bouclée c’est quoi la suite ? Une nouvelle trilogie ? 

L : On en a déjà un peu parlé.  Ces trois albums vont ensemble, maintenant, il nous faut une nouvelle idée fédératrice. Nous n’avons pas envie de refaire la même chose. De toute façon tu ne peux jamais récréer des instants de vie. Ces moments nous ont beaucoup inspiré pour la création des trois albums. Peut-être qu’il faut changer le snare maintenant !

Tristesse Contemporaine sera en concert au Badaboum le 6 avril.

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