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6 juin 2018

Melody’s Echo Chamber en couv’ de Tsugi 113, en kiosque le samedi 9 juin !

par Patrice BARDOT

On nous pose souvent la question : “Comment est-ce que vous choisissez vos couvertures ?” Et bien sûr, on imagine les réponses à notre place. Certaines sont proches de la réalité. Oui ça existe les séances de brainstorming où la rédaction s’écharpe (gentiment) autour de plusieurs options. Puis il y a celle, plus vicieuse : le carnet de chèques de la maison de disques ferait tout. Ce fut hélas parfois le cas à l’époque glorieuse du CD tout puissant, où certains rédacteurs en chef préféraient ramasser la monnaie, quitte à s’asseoir sur la déontologie et à prendre les lecteurs pour des cons. Une pratique fatale à nombre de titres spécialisés. La crise étant passée par là, l’atmosphère s’est assainie. Tant mieux. “L’argent pourrit les gens, j’en ai le sentiment”, comme disait NTM. Alors finalement, on peut répondre très simplement à cette interrogation récurrente : nous mettons à la une de Tsugi des artistes que l’on aime. On a même parfois un coup de coeur immédiat pour leur album. Tel ce mois-ci avec l’aventureux et féerique Bon Voyage de Melody’s Echo Chamber, au cheminement sinueux depuis la sortie de son premier disque homonyme en 2012. La faute à des accidents de parcours, et à une personnalité à part, pour qui la musique est certes essentielle, mais pas au point de prendre le pas sur la vie intime. D’ailleurs, on le comprendra à la lecture de cette passionnante et rare interview, Melody’s Echo Chamber pourrait bien totalement s’effacer dans les prochains mois derrière Melody Prochet (son nom civil). Raison de plus pour profiter de cette couverture vraiment unique.

Vous retrouverez également dans ce numéro un CD mixé par Ark, Madben qui évoque sa passion pour la pêche (oui oui), des rencontres avec Leon Vynehall, Wooden Shjips, Âme, Oneohtrix Point Never ou Perturbator, une histoire visuelle du festival Sonar ou Pablo Padovani de Moodoïd jouant au blindtest. Et bien sûr de nombreuses chroniques, interviews, reportages, bons plans et portraits… En kiosque (ou sur notre boutique en ligne) ce samedi 9 juin ! En attendant, vu qu’on est sympa, voilà le début de l’interview de Melody’s Echo Chamber par Alexis Bernier : 

Espoir 2012, Melody’s Echo Chamber revient avec un disque fou alors qu’on ne l’attendait plus. Une renaissance qui n’en est peut-être pas tout à fait une. Alors qu’elle s’apprête à débuter une nouvelle vie, la Provençale Melody Prochet raconte la difficile gestation d’un très grand album, Bon Voyage.

Ce n’est pas que Melody Prochet, alias Melody’s Echo Chamber, n’avait pas envie de nous parler, mais, comme elle le dit elle-même : “L’idée même de l’interview ne me met pas du tout à l’aise.” D’autant que quelques jours avant le nôtre, un entretien avec un site américain qui a pourtant bonne réputation, mais dont les questions ont été “très lourdes”, a été vécu comme une épreuve par cette artiste paradoxale. Depuis ses débuts en 2010, avec un album de folk encore un peu trop sage sous le nom de My Bee’s Garden, jusqu’à ce deuxième album foisonnant signé Melody’s Echo Chamber, pour lequel Tsugi a un très gros coup de coeur, cette jeune fille de Provence s’est montrée à la fois vulnérable et forte, comme on le ressent tout au long de cet entretien réalisé par téléphone. Après avoir disparu six ans, connu une difficile séparation, traversé une lourde crise existentielle et une longue hospitalisation pour finir, Melody revient avec un Bon Voyage d’une force exceptionnelle, où toutes les bonnes dispositions de ses premiers disques sont poussées à l’extrême. Un disque, aussi étrangement fou que simple et beau, un disque qui devrait être celui d’un nouveau départ, mais qui sera peut-être, paradoxe encore, celui d’une page qui se tourne : “J’essaie de me détacher de cette carrière musicale qui s’éloigne de moi”, finit par avouer Melody. De notre côté, on a du mal à accepter qu’un tel album puisse être un testament.

D’où parles-tu ?

D’un petit village isolé dans les collines du Haut-Var. Je vis ici depuis presque un an. Il y a une boulangerie, un PMU, une église et rien d’autre. Je n’ai même pas de studio ici. Je rêve d’avoir une cabane en bois au fond du jardin, où je pourrais enfin réunir mon matériel dispersé à travers le monde, mais ce n’est pas encore possible.

C’est fini Paris ?

J’ai besoin de marcher à nouveau pieds nus dans la terre. Cela m’a fait du bien de quitter le béton. Mes racines sont en Provence et je les ai retrouvées.

Tsugi avait beaucoup aimé ton premier album en 2012 et parié que tu ferais partie des artistes qui allaient compter. Et puis tu as disparu. Que s’est-il passé ?

Un album abandonné sur le bord de la route a ouvert une période difficile de ma vie. J’ai travaillé durant un an et demi sur un deuxième album de Melody’s Echo Chamber avec mon ancien partenaire (Kevin Parker de Tame Impala, ndlr). J’étais très excitée par les chansons que nous avions écrites. Nous avions tenté des choses nouvelles dont j’étais fière. Et puis nous nous sommes séparés. Et j’ai tenté de finir ce disque seule durant deux années qui ont été un gouffre émotionnel et financier. Une expérience traumatisante que je ne regrette finalement pas : c’est le temps qu’il m’a fallu pour comprendre qu’il fallait lâcher prise, que je devais faire une croix sur ce disque. En plus, j’aurais été incapable de partir en tournée avec ces chansons. Quand j’en ai été moins malade, j’ai pu en mettre quelques démos en ligne, mais il m’a fallu beaucoup de temps pour prendre un peu de distance. Maintenant je me rends compte que c’est ridicule d’avoir autant souffert. J’ai traversé cette période comme une fleur fanée qui n’arrivait plus à s’enraciner. Je respirais mal, je dormais mal, je vivais entre Paris et Aix-en-Provence en passant le plus clair de mon temps dans ma chambre en attendant que ça passe.

… La suite le 9 juin ! 

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