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© Thomas Jumin / André Chémétoff
26 avril 2024

Justice : ‘Hyperdrama’, le nouvel album, est enfin là †

par Tsugi

Après plusieurs semaines de teasing intensif en parsemant quatre singles, le grand jour est enfin arrivé : Justice dévoile son nouvel album, Hyperdrama. Un retour teinté d’influences coldwave, gabber (faisons leur confiance) et disco-funk sur les bords, mais surtout imprégné du ‘son Justice’. Comme quoi, dix-sept ans après , Gaspard et Xavier font toujours du Gaspard et Xavier.

Par Olivia Beaussier et Léa Crétal

Justice

© Jérémie Beylard et Vincent Luc

Les premières notes résonnent, une néo-French Touch filtrée accompagne la voix saturée de Tame Impala, qui s’élève doucement. Rapidement, l’intro se colore d’un mariage entre disco et synthpop. « Neverender » sonne comme une promesse, devenue certitude : celle que le duo n’est jamais vraiment parti. Hyperdrama ne fait que commencer, mais il a déjà une saveur d’intemporel.

Huit ans après le dernier album Woman, Justice est décidé à nous (re)plonger dans leur univers. « On a toujours voulu créer nos propres morceaux à sampler, quelque chose qui se rapproche de l’idée de la boucle magique et du disco filtré, mais en ayant le contrôle sur chacun des éléments qui constituent cette boucle », explique le duo. Ils jouent avec une très longue liste de samples (certains par-delà les frontières de la geekerie musicale), convoquent par exemple l’univers orchestral d’Idris MuhammadIncognito») et font même un clin d’œil à Alan Braxe. C’est très clair : ils ont laissé dans Hyperdrama une partie d’eux, pour un résultat avant tout hyper-personnel. 

 

Également sur tsugi.fr : Justice : voilà ‘Incognito’, 3ème extrait du nouvel album

 

Que celui ou celle qui prétend saisir -trop tôt- le motif musical d’un titre ne se méprenne pas : Justice vient toujours chasser nos certitudes en jouant avec des variations saisissantes et bien souvent maîtrisées. Ponts et interversions intra-morceaux, au bout de quelques tracks, on retient la leçon : le duo nous tiendra en haleine jusqu’à la fin du disque, entre genres et ambiances.

En témoigne « Generator » et son atmosphère de marche guerrière aux touches gabber, entrecoupée d’une transition épique chargée de strings et d’un épisode funk qui vient ralentir la cadence, avant un retour à l’intensité. Comme une parenthèse de calme au milieu de la tempête, avant que celle-ci ne reprenne avec force. Comme dit Gaspard : « C’est comme si on avait un petit bouton sur notre console pour passer d’un univers sonore à l’autre. Mais cela reste la même musique éclairée différemment. »


À partir du huitième track, « Moonlight Rendez-Vous », Justice prend ses distances avec la disco-pop. Interlude jazz, où le saxophone insuffle une ambiance de gentleman noctambule, le duo entame une deuxième partie d’album, délestée des ornements disco. On enchaîne avec l’épique « Explorer », où la voix grave de Connan Mockasin s’étend façon « Thriller » de Mickael Jackson. Mais la pause symphonique ne sera que de courte durée, avant que « Muscle Memory » ne reprenne sur une cold wave bien grasse.


Hyperdrama est une épopée riche en surprises et en rebondissements, à travers laquelle le duo s’adonne à un jeu entre puissance des rythmes lancinants, symphonie de synthétiseurs distordus, sonorités hardcore et groove du disco-funk. Tout se répond, s’enroule sur soi-même. Vocalises tordues de Rimon, voix sèche RnB de Miguel, génie anglais des jumeaux The Flints, pas de limites de genres ou de sonorités. Encore une prouesse signée Justice, qui marque résolument le retour en puissance des deux prêtres de la French Touch. Certains diront que la musique du duo n’a que peu évolué. D’autres se réjouiront de retrouver les élucubrations d’adolescents surdoués, musique élégante et soigneusement torturée.

Après 49 minutes dans ce harpy dream, l’album se clôture sur le magistral « The End » ; concentré de l’opéra électronique du duo d’Ed Banger, où la production aux profondeurs abyssales rencontre la voix éthérée de Thundercat. Le souffle court et le cœur qui bat la chamade… Quoi ? C’est déjà fini ? Ça part en réécoute. 

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