En Serbie à Novi Sad, l’EXIT Festival lance la campagne « Save EXIT Freedom ». Le but : sauver l’un des derniers grands festivals indépendants d’Europe.
Il y a 25 ans, une poignée d’étudiants militants serbes, opposés au régime autoritaire de Slobodan Milošević, décidaient de fonder un festival. En deux décennies, le dénommé EXIT Festival s’est imposé comme l’un des plus grands rendez-vous festifs d’Europe. On a pu y goûter récemment, en allant vérifier ça sur place.
Bien plus qu’un simple festival, EXIT a longtemps été un symbole de reconstruction démocratique, ainsi qu’une plateforme d’expression libre au cœur des Balkans. Cette liberté est aujourd’hui menacée.
En 2024, le toit de la gare de la ville de Novi Sad s’effondre. Bilan : quinze morts et deux blessés graves. Très vite, l’enquête pointe une corruption généralisée dans l’attribution des marchés publics.
Des milliers d’étudiants descendent alors dans les rues serbes, accusant le gouvernement de négligence criminelle et réclamant la démission du président Aleksandar Vučić. L’EXIT, fidèle à ses racines, se joint au mouvement publiquement et sans équivoque.
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Mais ce soutien au mouvement n’est pas sans conséquence. Il entraîne le retrait de plus de 1,5 million d’euros de financements publics destinés à l’Exit, et de parrainages contrôlés par l’État – sans compter les pressions indirectes et l’ostracisme croissant. Le festival ne peut plus fonctionner durablement.
Une campagne de financement pour sauver EXIT
Pour préserver l’indépendance de l’EXIT, de ses équipes et des valeurs qu’elles défendent avec ferveur, le festival a donc lancé une campagne de financement participatif à l’échelle mondiale. L’objectif : assurer la stabilité de l’organisation du festival et protéger plus de 100 emplois permanents.
Sur le site Save.Exitfest.Org, chacun peut soit faire un don directement à l’organisation, soit acheter des billets pour de futures éditions et des actifs numériques, afin de contribuer à sécuriser l’avenir d’EXIT.
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Si EXIT prend fin, c’est toute une génération qui perd un espace de respiration, de contestation, de création. Une situation qui sonne comme un avertissement : le pouvoir instrumentalise les financements publics. Mais c’est aussi paradoxalement, un moment de vérité : celui où la musique réaffirme son rôle de contre-pouvoir, de témoin, de passeur.
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Comme le résume Dušan Kovačević, l’un des fondateurs de EXIT : « Nous défendons la liberté des artistes et des professionnels de la musique qui pourraient eux aussi subir de telles pressions. Parce que le combat pour la liberté d’un seul est le combat pour la liberté de tous.«