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14 janvier 2014

DJ Pone : « cet EP, c’est pas de la musique shiny »

par rédaction Tsugi

Cela nous a davantage enthousiasmés que surpris : DJ Pone, membre de Birdy Nam Nam au passif impressionnant (dans le hip-hop comme ailleurs) se la tente en solo chez Ed Banger. L’occasion parfaite pour faire le point sur une liste de projets longue comme le bras et sur son rapport au décodeur de Canal +.

Ton maxi Erratic Impulses sort aujourd’hui. Tu ressentais de l’anxiété en comptant les jours ces derniers temps ?

De l’anxiété, je ne dirais pas ça, en même temps, grâce aux haters, t’as tellement pris l’habitude de te faire traiter de tous les noms pour un oui ou pour un nom que tu deviens un peu imperméable aux critiques… Et puis cet EP, c’est un quatre-titres qui sort de manière tranquille, sans gros sabots. L’important pour moi, c’est que j’ai eu des super retours des gens qui comptent pour moi, j’ai reçu des textos très cools… J’avais tenu à le garder secret le plus tard possible, et puis ça ne me disait rien d’envoyer des mp3 à mes proches un mois avant, c’est plus sympa de montrer quelque chose de fini.  Et aujourd’hui, je regarde le classement iTunes, c’est rigolo de voir le truc bouger et tout !

Comment places-tu ce disque dans le reste de ta discographie, de ta carrière ? Une incartade, une facette que tu comptes développer, le début de quelque chose ?

Déjà, j’imagine déjà en refaire un autre. Après, c’était important pour moi de sortir un truc tout seul. Non pas que j’ai eu besoin de prendre mes distances avec Birdy, c’est pas du tout ça, juste de sortir un truc à moi, avec mes prods, mes petites idées. Mon envie, d’ailleurs, c’était davantage de faire une mixtape qui combine un paquets de trucs que j’ai fait, qui navigue entre hip-hop et électro… Et c’est seulement ensuite que ça a muté vers quelque chose de plus concis, sur les conseils de Pedro.

Revenons au début. On imagine que cet EP est né lors d’une discussion informelle entre Pedro Winter et toi quelque part dans un club ou un festival ?

Pedro, c’est un gars que je connais depuis trèèès longtemps. On s’est rencontrés au Palais de Tokyo, je faisais un DJ-set avec Ariel Wizman, j’ai du jouer un morceau de Daft Punk dans le set, bref, et vu qu’il était aussi branché skate et qu’il connaissait un peu les gars des Svinkels, la connexion s’est faite super naturellement. Un jour, il y a deux ou trois ans de ça, il m’a dit : « Toto, si jamais un de ces quatre tu veux sortir un truc, tu viens voir bibi en premier hein ? » (rires). À ce moment là j’étais dans plein d’autres choses, et j’avais une confiance encore assez limitée dans mes prods. Depuis un an et demi, j’ai vraiment passé beaucoup de temps à « m’entraîner ». Et avant d’envoyer quoi que ce soit à Pedro, j’ai pris soin de tester mes premières ébauches auprès de Gaspard et Xavier (les deux Justice, ndlr), qui ont trouvé ça cool, c’est là que Gaspard a décidé de me filer un coup de main. C’était important pour moi de leur faire écouter, parce qu’ils sont mes amis et que leur opinion compte beaucoup, et que justement, leur avis est toujours très tranché, ils ne sont pas du genre à faire dans le « ouais, j’aime bien mais… », si ils n’aiment pas, ils vont te le dire tout de suite. C’est un peu flippant mais c’est vraiment une bonne chose.

Gaspard a joué quel rôle, finalement ?

On peut le décrire comme « additionnal keyboard » ! Il a posé les claviers sur le titre « MFE », on reconnaît sa patte direct je pense. Il a fait ça en MIDI, on a refait ça  avec leurs vrais synthés, j’ai pas de synthé moi. Quand on a trouvé l’idée, on tapotait comme ça sur le clavier chez lui, ça s’est fait le plus naturellement du monde ! J’ai toujours adoré son style. Pour la petite histoire, dans « Train Train », le morceau avec Greg Frite, c’est lui qui pose la mélodie.

Ce qui marque à la première écoute, c’est le côté un peu aride, à la limite du disco et du krautrock… Un truc dans lequel peu de gens t’imaginaient !

Le côté davantage électro des deux derniers morceaux, c’est vrai qu’on a pas mal expérimenté ça avec Birdy Nam Nam. Après, les deux premiers, je les trouve quand même sacrément hip-hop. « MFE », avant les synthés de Gaspard, c’est un truc sur lequel Greg Frite voulait poser ! Le morceau d’ouverture, ça tape à 92 BPM, très hip-hop de mon époque… Après, je suis de 78, donc c’est évident que l’esthétique d’un film comme War Games, ou alors les Carpenter, ça m’a énormément touché… On partage ça à mort avec Kavinsky d’ailleurs. Je me vois pas faire de morceau dancefloor, un truc à 125 BPM qui va faire s’éclater les gens, ce n’est pas que ça ne me plaît pas, c’est juste que ça ne sort pas de moi. Ce qui me botte, en effet, c’est les trucs plus hybrides, un peu sombres parfois, mais jamais rapides…

En fait, ça m’a fait penser, de loin, à certains trucs de Zombie Zombie ou de Bot’Ox, dans le traitement des ambiances…

En fait, le vrai projet Erratic Impulses pour moi, c’est le mix de 21 minutes que tu as avec la version iTunes. Tu y trouves 2 « snippets » qui ne sont pas transformés en vrais morceaux, et il y a une continuité dans les ambiances en effet. Je suis un banlieusard, je passe beaucoup de temps dans le train pour aller voir ma mère, je suis naturellement attaché à cette ambiance de contemplation, les tunnels, les rails, le béton… C’est davantage dans ce délire-là, tu prends ton train, et tu te mets la gueule là-dedans. C’est pas de la musique shiny.

On imagine que tu as une filmothèque qui t’as ancré là-dedans ?

Bon, j’ai plein de références du style « Dents de la Mer » dans lequel la musique est hyper importante, ce genre de chose, mais le film choc pour moi, ça a été New York 1997. C’est le premier film que j’ai vu sur Canal +, y’avait un pote qui avait ça chez lui. Je devais avoir huit ans… L’impact du film, de la zik, ça a été un coup de poing dans la gueule. T’avais toute cette histoire un peu sur-réelle de décodeur, ce truc qui te permet de regarder des films pendant l’aprem, alors que normalement c’est le soir, pour le gosse que j’étais ça rajoutait encore quelque chose ! Je fais de la musique imagée, j’ai toujours kiffé ça. Et vu que je ne suis pas un zicos aguerri, je suis plutôt dans les grosses nappes percutantes (rires).

Ta collab’ avec Didai est assez étonnante également, car il sort pas mal de ses habitudes sonores également.

En même temps, il sait tout faire, ce gars ! On s’est rencontré par l’intermédiaire de Greg Frite il y a un an, c’est un super producteur, il va sortir un truc qui s’appelle Insane Romance, c’est une tuerie, je pèse mes mots. J’avais envie de le faire participer sur l’EP, et j’avais ce morceau que j’avais fait en 2009 sans jamais trouver le truc pour le finir. Je lui ai fait écouter, il a trouvé ça cool, du coup on s’est mis à deux pour le boucler en partant de ce que j’avais fait, puis en retirant certains trucs, en rajoutant d’autres sons…

L’expertise analogique d’Arnaud Rebotini a-t-elle joué dans la production ?

Les gens ne s’imaginent pas trop ça, mais Arnaud et moi, on se connaît très bien, on avait même entamé un projet commun qui est un peu tombé à l’eau faute de temps. J’avais ce morceau un peu techno qui partait en couille à la fin. On s’est recroisés dernièrement, je lui ai parlé de ça et on s’y est mis. En deux aprems, c’était bouclé ! Sur ma maquette, à la fin de ce morceau, j’avais un arpège qui montait, pour que ça finisse par bombarder, mais forcément, ce genre de passage sonne mieux avec un clavier d’Arnaud qu’avec un plug-in (rires). On a utilisé une SP-1200 pour faire le beat, grosse référence hip-hop pour moi, ça m’a bien fait plaisir, il a sorti son vocoder aussi… Quand tu collabores avec ce gars, il faut savoir profiter de sa « bibliothèque » (rires). On a eu envie de retenter un live tous les deux du coup, un truc un peu impro, mais qu’on montrerait à titre exceptionnel.

Tu te verrais tenter un truc plus long dans cette direction musicale ?

Comme je t’ai dit, j’imagine une suite, après avoir laissé cet EP-là vivre sa vie. Il y a un cinquième track que je comptais mettre dessus mais que j’ai préféré garder pour le finir plus tard, et puis j’ai pas mal d’ébauches qui me plaisent bien. J’aimerais bien amener le truc à une étape supérieure, faire d’autres collaborations, mettre des voix par exemple.

Tu comptes défendre l’EP d’une manière particulière sur scène ?

Quand tu sors un truc sous l’étiquette Ed Banger, les propositions de dates arrivent assez vite après (rires). Je vais donc faire une poignée de dates en DJ-set, ouais.

Tu as pas mal d’autres projets sur le feu, non ?

Y’a le projet SARH avec José Reis Fontao, qui devrait sortir en avril, avec un maxi/clip dans 10 jours. Et sinon, avec Greg Frite, on a quasiment fini l’album, il nous reste deux morceaux à boucler. Et je vais faire le DJ pour Casseurs Flowters sur leur tournée d’été aussi. Je vais être pas mal occupé en 2014 a priori.

Autre actu, qui arrive bientôt : le Defiant Order Remixes Project. Parmi tes choix de tracklist, on remarque la présence d’entités super diverses, qui vont de la pop (La femme), à la bass music (Bambounou)… Quel a été ta « grille de sélection » ?

Bambounou, j’adore ce mec, c’est une crème et sa musique me parle bien. Breakbot, c’est pareil, c’est de l’humain, j’ai joué avec lui plusieurs fois, ses potes sont cool… La Femme, on les a rencontrés parce qu’ils enregistraient dans le studio à côté du nôtre dans le XIème arrondissement, et je les ai trouvé tellement cool, tellement mignons ! On s’est vus plein de fois, j’ai passé des soirées avec eux… On leur a naturellement proposé de faire un remix pour ce projet, et je trouve personnellement que c’est le meilleur de tous. Y’a un truc à la Gainsbourg qui tue vraiment. Après, dans ma carrière, j’ai rencontré plein de gens qui m’ont apporté beaucoup de choses, je suis pote avec les Brigada Flores Magon (éminent groupe punk français, ndlr) sans que ça ne m’empêche de connaître Izia… Les gens ne se rendent pas compte, mais je suis loin du type purement hip-hop qu’on imagine… je kiffe Étienne Daho, quoi !

Erratic Impulses EP (Ed Banger)

soundcloud.com/djpone?

 

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