La chanteuse de Lulu Van Trapp termine son concert seins nus pour protester contre son agression

par | 30 07 2025 | news, Vidéos

Rebecca Baby, chanteuse du groupe de rock Lulu Van Trapp, a pris la parole sur Instagram lundi 28 juillet pour dénoncer l’agression sexuelle dont elle a été victime lors d’un concert au festival Le Cri de la Goutte, dans l’Ain. L’artiste a achevé sa prestation seins nus, en signe de révolte. 

La chanteuse du quatuor rock Lulu Van Trapp a été victime d’une agression sexuelle lors d’un concert du groupe samedi 26 juillet dans l’Ain. Dans un post Instagram publié deux jours après les faits (et supprimé depuis par la plateforme), Rebecca Baby explique que lorsqu’elle descendait dans la fosse comme à son habitude, un homme du public l’a immobilisée et lui a attrapé le bras tandis qu’un autre lui agrippait la poitrine. « Depuis plus de dix ans que je suis sur scène, c’est la première fois que ça m’arrive », écrit-elle. 

« Je resterai seins nus jusqu’à ce que ce soit normal »

En état de choc, la chanteuse remonte alors sur scène en sommant son agresseur de se « casser du show ». « Soit j’arrête le concert et tout le monde a perdu (…) soit je transforme mon agression en sa honte, en notre force. » Guidée par son « instinct » et ses convictions féministes, Rebecca Baby fait le choix de continuer son concert seins nus, en signe de révolte : « Je resterai seins nus jusqu’à ce que ce soit normal, jusqu’à ce que vos cerveaux se soient habitués à ce ça ne soit pas sexuel »

Après sa prestation, elle raconte avoir été informée que trois femmes se sont également mises seins nus au premier rang en signe de soutien. L’une d’entre elle aurait été interpellée par un agent de sécurité lui disant qu’elle allait se faire agresser si elle restait ainsi. Un geste condamné par l’artiste : « C’est pas ok en 2025 de culpabiliser encore les femmes pour la bestialité des hommes »

Former les équipes de sécurité des festivals

Rebecca Baby insiste sur la nécessité de former les équipes de sécurité des festivals à « accueillir les plaintes et protéger, mais aussi à mettre la honte du côté où elle se trouve ». Une revendication qui rappelle celle du dispositif Safer, porté par l’association Orane, qui indiquait en marge de sa dernière étude d’impact réalisée par le cabinet GECE vouloir imposer à terme que les festivals incluent directement les dispositifs de lutte contre les VSS dans leur budget et leur protocole de sécurité. « Quand on demande au public quels sont les moyens pour eux de signaler des agressions, ils nous disent qu’ils vont en priorité vers des agents de sécurité. Ça nous semble donc important de veiller à ce qu’ils soient formés pour accueillir cette parole », nous expliquait ainsi Justine Noël, responsable du projet Safer

Le festival Le Cri de la Goutte a annoncé apporter tout son soutien à Rebecca Baby et condamner fermement l’agression dont elle a été victime. « Ce comportement est en totale contradiction avec les valeurs du Cri de la Goutte (…). Nous rappelons que notre festival se veut un espace sûr, un lieu de partage et de liberté, où chacun.e doit pouvoir s’exprimer, créer, vibrer et vivre sans peur. »

Les violences sexistes et sexuelles déjà pointées du doigt dans le milieu festif

Dans un sondage réalisé en 2018 par Consentis, association de prévention et de lutte contre les VSS en milieu festif, 60% des femmes interrogées (artistes, DJ, personnel ou public) déclaraient avoir été victime de harcèlement et d’agression sexuelle dans un lieu festif. L’étude exploratoire « Briser le cercle », menée conjointement par les collectifs Au-delà du Club et Réinventer la nuit entre 2023 et 2025 pour visibiliser les violences sexistes, sexuelles et discriminatoires subies par les artistes et professionnel.les du monde de la nuit mettait également en avant les impacts psychologiques et concrets des violences comme celles subies par la chanteuse de Lulu Van Trapp sur les vies et carrières des artistes. 

Si Rebecca Baby s’est dite « choquée » par son agression, elle désire néanmoins en faire un symbole de lutte féministe : « L’instinct de ne pas laisser faire et de mettre sous les spotlights cet acte est plus fort que tout. ». Elle a également remercié son public : « on était des sœurs, il n’y avait plus aucune barrière artiste / public » et salué les hommes qui ont, pour une fois, « pris le fardeau de se demander s’ils avaient le droit d’être là »