Profitant du pont du 11 novembre, les amoureux de house old-school se sont retrouvés dimanche soir au Rex Club pour la soirée « 30 Years of Legends » qui n’a jamais aussi bien porté son nom. Au programme, le très rare St Germain et le mystérieux Moodymann, accompagnés par l’excellent Alex From Tokyo et par DJ Deep, l’hôte de cette nuit exceptionnelle. On y était.
Par Nicolas Bresson
Le rendez-vous des légendes au Rex
Comme pour les éditions précédentes qui avaient accueilli Jeff Mills et Laurent Garnier en janvier, puis Lil’ Louis et Ron Trent en mai, cette nouvelle édition des soirées « 30 Years of Legends » affichait complet depuis des semaines. Normal. Avec un St Germain qui joue extrêmement rarement — sa dernière date à Paris remonte à 2018, déjà au Rex —, un Moodymann qui tourne, certes plus régulièrement, mais qu’on ne voit pas tous les jours chez nous et deux DJs français ultra-respectés que sont DJ Deep et Alex From Tokyo, le line-up avait de quoi faire saliver n’importe quel fan de house.
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« Ils auraient fait trois soirées en séparant les mêmes têtes d’affiche qu’ils auraient aussi rempli » estimait d’ailleurs, confiant, un amateur de groove croisé au bar. C’est donc Alex From Tokyo qui avait l’honneur d’ouvrir le bal dès 22 heures pour un set entre funk, disco et house durant lequel un public majoritairement composé de quadras et de quinquas esquissait ses premiers pas de danse. Mais, surprise, on retrouvait aussi quelques vingtenaires comme l’un qui expliquait à ses potes être venu spécialement pour St Germain, un artiste dont il est devenu fan très jeune grâce à ses parents. Plutôt pas mal comme transmission.

Un dancefloor en ébullition
Ludovic Navarre donc, prenait les platines à partir de minuit, devant un dancefloor de plus en plus en ébullition. On croisait plusieurs têtes connues, beaucoup de DJs house de la scène parisienne, des anciens de Tsugi désormais en retraite — « Love Vibration » Patrice — mais aussi cet anonyme qu’on n’a pas osé déranger, souvent aperçu au premier rang de concerts de jazz et exhibant, à chaque fois, les vinyles de l’artiste sur scène. Il avait cette fois-ci ramené sa collection de disques de St Germain. Note pour plus tard, ce mélomane jusqu’au-boutiste mériterait presque un portrait dans notre magazine.

Dans le booth, St Germain effectua une première partie de set plutôt afro-house dans l’esprit de son dernier album — qui date déjà d’il y a 10 ans — avant de déclencher l’hystérie et une nuée de smartphones lorsqu’il se décida à balancer son tube « Rose rouge ». Par la suite, il jouera également « So Flute » et « Alabama Blues » dans sa version remixée par Todd Edwards, certes sortie il y a trente ans, mais toujours aussi efficace.
De la house jusqu’au bout de la nuit
Puis, une voix singulière et familière résonna dans le club, celle de Moodymann, pour témoigner son amitié à St Germain « un artiste qu’il respecte et admire énormément ». La légende house et masquée de Detroit nous gratifiait ensuite d’un set entre house, soul et funk de haute intensité. Si quelques personnes quittèrent le club après St Germain, le dancefloor restait dense durant tout le set de l’Américain.
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Il faut dire qu’une ambiance particulière régnait au Rex, entre retrouvailles et rencontres fortuites entre amateurs éclairés de house, on a passé beaucoup de temps à discuter. On retrouvait un peu cet esprit « familial » typique des musiques électroniques des années 1990, quand la scène était plus restreinte, qu’on y retrouvait souvent les mêmes personnes et que de vraies et durables amitiés se nouaient au son d’une musique incomprise par le reste de la population. Merci à DJ Deep — on est parti juste avant son set qui, paraît-il, s’est poursuivi jusqu’à 7h30 — pour l’organisation de cet agréable voyage dans le temps. Vivement la prochaine !
Par Nicolas Bresson

